Christophe Prudhomme est médecin au Samu 93. Il publie, chaque semaine, une chronique dans nos colonnes.
Une des nouvelles inventions du gouvernement est d’instaurer un forfait de passage aux urgences de 20 euros que devra régler immédiatement tout patient qui ne sera pas hospitalisé et qui ne bénéficiera que d’une consultation.
Ce nouveau dispositif est présenté comme une simplification d’une facturation il est vrai complexe, mais comme cela est le cas pour tous les soins avec la part Sécurité sociale et la part mutuelle, qui fait qu’il est très difficile de comprendre ce qui restera à la charge de l’assuré. Les principaux problèmes avec cette mesure sont d’une part sa date d’application, le 1 er janvier 2022, d’autre part le travail administratif supplémentaire que cela va nécessiter du fait de l’obligation de l’encaissement immédiat.
En pleine épidémie, avec une tension hospitalière qui devient intolérable pour les personnels, la priorité est-elle d’ajouter des tâches, qui plus est administratives, à du personnel déjà débordé ? Par ailleurs, cette « taxe » risque de provoquer des tensions avec un certain nombre de patients non informés qui considéreront qu’il s’agit d’une punition, alors que pour la très grande majorité d’entre eux, ils ne viennent pas par plaisir aux urgences mais bien parce qu’ils n’ont pas trouvé de solution en ville du fait de la baisse continue du nombre de médecins généralistes.
Il est clair que les personnels ont autre chose à faire que de recouvrer ce forfait. Alors, si la solution est de créer des postes administratifs pour encaisser cette taxe, où est l’intérêt ? En résumé, ce gouvernement reste dans une logique financière et administrative de gestion des hôpitaux à mille lieues des besoins réclamés avec force par tous les personnels mobilisés depuis 2019 autour de trois revendications : des postes, de meilleurs salaires et l’arrêt des fermetures de lits. Mais visiblement, il reste sourd à ces demandes, comme nous l’ont montré les dernières annonces du premier ministre, qui n’a cité aucune mesure concrète pour l’hôpital et qui est resté sur la ligne condescendante du remerciement aux soignants pour leur mobilisation. Nous en avons assez d’être ainsi méprisés et nous exigeons un vrai plan de remise à niveau de l’hôpital.
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