Il faut effectivement augmenter les salaires, mais comment s’y prendre ? On serait tenté de répondre à la question d’abord en affirmant qu’il n’y a qu’à réduire les profits du capital. Effectivement, il y a de quoi faire de ce côté-là. Entre 2009 et 2019, selon les données de l’Insee, la part des profits dans la valeur ajoutée produite en France est passée de 31,8 à 33,5 %, progressant ainsi de près de 2 points. Ce « bonus », le capital l’a obtenu grâce à un tassement de la part des salaires dans la valeur ajoutée, elle est passée de 57,9 à 57,6 %, et aussi, et surtout, en raison d’une baisse de la contribution patronale au financement de la protection sociale. Durant cette période, les cotisations à la charge des employeurs ont été diminuées par la droite de 15,2 à 14,5 % de la valeur ajoutée. Cela a permis de gonfler outrageusement les profits bruts qui sont ainsi passés de 556,5 à 722,6 milliards d’euros, progressant de 166 milliards et de près de 30 % ! Pour combler le « trou » dans les caisses de la Sécurité sociale, la CSG a été augmentée en 2018.
Mais, si l’on veut véritablement engager une nouvelle politique salariale favorable à tous les travailleurs - en n’oubliant pas notamment les fonctionnaires -, et également bénéfique à l’économie, cela ne fait pas le compte, il faut aller au-delà. Il faut se donner les moyens d’augmenter sensiblement la valeur ajoutée, créer beaucoup plus de richesses. Cela suppose d’enclencher un processus de transformation considérable. On peut augmenter la valeur ajoutée de plusieurs façons : d’abord en augmentant la productivité du travail grâce à des investissements destinés à changer la production de biens et de services. Cela suppose particulièrement de former les salariés concernés aux technologies nouvelles mises en œuvre. On peut aussi mettre plus de monde au travail, créer des emplois. Cela nécessite encore de former et aussi de trouver des débouchés, sachant que les nouveaux salariés embauchés et leurs familles en constituent un qui s’ajoutera à celui créé par l’augmentation de l’ensemble des salaires. Mais dans l’un comme dans l’autre cas, si l’on veut que les dépenses de formation engagées ne soient pas gâchées, il faut sécuriser l’emploi et les salariés. Pour y parvenir, il y a deux impératifs : mobiliser les financements bancaires qui le permettront, permettre aux salariés de peser sur les choix de gestion à effectuer en leur accordant des droits et pouvoirs d’intervention. Même à l’approche de Noël, le monde du travail ne trouvera pas cela spontanément dans ses chaussures : rien ne s’obtiendra sans luttes.
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