Selon le ministère des transports, les autoroutes s’apprêtent à augmenter leurs tarifs de plus de 2 % dès février 2022. Une hausse de prix qui relance le débat sur leur nationalisation.
Double peine pour les automobilistes. Après le prix du carburant à la pompe, c’est celui des péages qui pourraient délester le porte-monnaie des automobilistes. Selon le ministère des transports, les sociétés autoroutières s’apprêtent à augmenter leurs tarifs de 2 % en moyenne, à partir du mois de février. Cette hausse concerne notamment deux réseaux autoroutiers, à savoir le réseau APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône) et ASF (Autoroute du Sud de la France) avec respectivement 2,05 % et 2,19 % d’augmentation. Pas de quoi s’insurger, à entendre une « source proche des concessionnaires », citée par l’AFP, puisque « les tarifs de péage au 1er février 2022 n’augmenteront pas plus que l’inflation ».
La main molle du gouvernement
Le gouvernement a encore la main. Même si les contrats très stricts liant l’État aux sociétés d’autoroutes prévoient une augmentation automatique des tarifs des péages tous les ans au 1er février, en fonction notamment de l’inflation et des chantiers entrepris sur le réseau, l’exécutif doit encore donner son feu vert. Il n’est peu probable qu’il aille à l’encontre de la dermande. Déjà, en 2019, il n’avait pas choisi cette option. En plein cœur du mouvement des « gilets jaunes », il s’était contenté d’obtenir de la part des sociétés d’autoroutes une réduction de 30 % des tarifs pour les conducteurs réguliers. Auparavant, en 2015, Ségolène avait gelé les tarifs… sous conditions. Le gel devait s’accompagner d’une hausse de tarif entre 2019 et 2023, mais aussi d’un allongement de leurs concessions en échange des travaux à réaliser. D’après l’Autorité des transports, les conséquences de ce gel se sont chiffrées à 500 millions d’euros de péages supplémentaires pour les conducteurs, faisant suite à une hausse des prix de 0,44 % en 2021.
Distributions de dividendes
Cette fois, la pilule passe encore plus mal. D’autant qu’en 2020, malgré deux confinements et une circulation routière quasi à l’arrêt, les sociétés autoroutières ont distribué près de deux milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires. Pis, selon le rapport d’enquête sénatorial, publié en septembre 2020, les sociétés historiques ASF (Vinci), APRR (Eiffage) et SANEF aurait versé aux actionnaires plus de 24 milliards d’euros de dividendes depuis la privatisation. Des dividendes qui devraient exploser, entre 2022 et 2036, pour atteindre 40 milliards d’euros environ, dont 32 milliards rien que pour Vinci et Eiffage.
Mais ce rapport reste « au milieu du gué », avait estimé le sénateur communiste du Nord, Eric Bocquet. Car les rapporteurs avaient écarté un rachat anticipé des concessions, dont le coût avait été jugé « prohibitif » : entre 45 et 50 milliards d’euros. Ils avaient proposé à la place de revoir les règles des contrats. L’argument avait été jugé « farfelu » par Eric Bocquet, d’autant que le coût de la renationalisation n’aurait pas été « à la charge de l’État », mais « remboursée par les péages ».
En pleine période présidentielle, le débat sur la renationalisation des autoroutes refait surface. Après les communistes en 2019, les députés Insoumis ont déposé à leur tour, ce mardi, une proposition de loi visant à nationaliser les autoroutes.
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