Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 décembre 2021 7 12 /12 /décembre /2021 06:46

 

Alors que le parti fut à la pointe des combats pour la paix et la justice sociale, sa direction accède au pouvoir en cultivant atlantisme et illusions d’une transition énergétique mercantile.

Sur le papier, les intentions écologiques affichées par l’Ampel Koalition, la coalition feux tricolores en référence aux couleurs des trois partis formant le gouvernement allemand, intronisée ce mercredi 8 décembre par le Bundestag, sont exemplaires. L’Allemagne, est-il inscrit dans le contrat de gouvernement, s’engage à respecter les accords de Paris de façon à limiter ses émissions de gaz à effet de serre (GES) pour ne pas accroître la température moyenne sur Terre de plus de 1,5 degré. Chaque nouvelle loi devra subir un « contrôle de vérification » de sa compatibilité avec les objectifs climatiques, avant son adoption par le Bundestag. Un super-ministère de l’Économie et de l’Écologie, attribué à l’actuel co­président des Grünen (les Verts), Robert Habeck, désigné vice-chancelier, est doté de pouvoirs importants.

À première vue, tous les clignotants seraient au vert du côté des engagements de Berlin pour préserver l’avenir de la planète. Voilà pourtant qui ne résiste guère à un examen plus approfondi. Et le problème est substantiel puisqu’il tient à la méthode : « Il nous faut passer à une économie écologique et sociale de marché », relève le texte adopté par les trois partis. L’Ampel Koalition fait du marché un instrument majeur de sa politique climatique.

 

Tête-à-queue géostratégique

Robert Habeck et Annalena Baerbock, ex-candidate des Verts à la chancellerie, propulsée, elle, ministre des Affaires étrangères, sont l’incarnation de l’achèvement d’une longue dérive droitière d’un parti dont ils ont pris les rênes ensemble en 2018. Après des années de bras de fer et d’intenses polémiques, leur triomphe en congrès signait une victoire complète de l’aile dite « realo » du parti aux dépens des militants qualifiés de « fundi », entendez fondamentalistes, par la presse dominante sous prétexte qu’ils sont restés fidèles à l’engagement social et au pacifisme radical des débuts du mouvement écologiste.

Comment rapprocher l’atlantisme assumé et les accents de guerre froide entonnés par la nouvelle cheffe de la diplomatie de ces militants des origines, participants de toutes les manifestations pacifistes géantes contre le déploiement des missiles états-uniens Pershing en Allemagne de l’Ouest au tournant des années 1970 et 1980 ?

Le contrat de gouvernement tripartite reconnaît le bien-fondé de la « participation nucléaire » de l’Allemagne au déploiement de force des États-Unis en assumant et le stockage de leurs bombes atomiques sur le sol allemand et leur potentiel transport par des avions de la Bundeswehr en direction d’une cible désignée en cas de crise. Le tête-à-queue géostratégique est redoutable. Seul gage contradictoire donné aux pacifistes, l’Allemagne devrait adhérer au traité Tian de l’ONU visant à interdire les armes nucléaires. Mais Paris et Washington, principaux alliés de Berlin, sont naturellement vent debout.

L’atome accepté sur le terrain militaire reste banni par les Verts et le nouveau gouvernement dans son usage civil. Les dernières centrales nucléaires devront fermer comme prévu à la fin de l’année prochaine.

Et pourtant, sur le front de la production électrique, l’Allemagne est très critiquée. Elle est en effet, derrière la Pologne, le plus gros pollueur d’Europe à cause de ses multiples centrales thermiques au charbon ou au lignite, tiré d’immenses mines à ciel ouvert et qui est de loin le combustible fossile le plus émetteur de CO2. Le contrat de gouvernement avance bien « une sortie du charbon pour 2030 ». Mais « idéalement », précise benoîtement le texte. Ce qui donne à l’engagement un contenu qui reste bien aléatoire.

 

L’électricité, un sujet explosif

Les six dernières centrales nucléaires, productrices d’électricité décarbonée, représentaient encore 12 % du courant produit en 2021. Et elles ne pourront être remplacées que très imparfaitement par des éoliennes et des équipements photovoltaïques forcément intermittents. Pour assurer un fonctionnement continu du réseau sans risquer de coupures intempestives, comme récemment en plein Berlin, il faudra mettre en service de nouvelles centrales thermiques « pilotables » au gaz ou au charbon. Sur un marché de l’électricité libéralisé, la contradiction pourrait prendre une dimension de plus en plus explosive, propulsant toujours plus haut le prix des combustibles fossiles et de l’électricité.

Il ne sera pas commode de s’extraire de ce dilemme. En particulier si la nouvelle diplomatie allemande y mêle ses accents de guerre froide et que Berlin renonce à la mise en service du gazoduc Nord Stream 2 qui relie l’Allemagne à la Russie. Ce qui promet d’aiguiser encore les contradictions susmentionnées. Le gaz naturel, s’il est un combustible fossile par excellence, émet en effet 40 % moins de CO2 que le lignite dans la production d’électricité.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011

Articles Récents