11 novembre 2021
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#COP26Glasgow : dernière chance pour le climat ?
Jusqu'au 12 novembre, se tient à Glasgow la COP 26, où chefs d’états et de gouvernements des 191 pays signataires de l’accord de Paris auront l’occasion d’afficher leurs nouvelles ambitions pour la planète.
Cette COP 26 s’est ouverte dans un contexte climatique alarmantet alors que l’Humanité n’a jamais été dans une situation aussi menaçante. Le rapport du GIEC d’août dernier prévoit une hausse des températures de 1,5 °C pour 2030, soit une décennie plus tôt que la précédente estimation publiée il y a 3 ans. D’autres scénarios présentés par le GIEC, beaucoup plus pessimistes, prévoient quant à eux un réchauffement compris entre 3,3 et 5,7 °C.
Ces modifications climatiques, sous-tendant des conséquences environnementales, peuvent avoir des impacts sur la sécurité nationale des Etats, en fragilisant leurs territoires, leurs populations ou leurs organisations. Elles peuvent également avoir des conséquences importantes sur la sécurité internationale. Certes, il est très rare qu’un problème environnemental soit directement lié à un conflit, mais il est clair qu’il contribue à l’instabilité de la zone.
Parmi un millier d’autres, prenons l’exemple du Lac Tchad. Soumis à une sécheresse importante, il laisse place aujourd’hui à des zones humides exploitées par l’agriculture. Les villages de pêcheurs nigérians se trouvant au bord du lac subissent de plein fouet la sécheresse, qui les conduit à se déplacer vers le Cameroun, où se développent des tensions avec les populations locales. Lorsque la faim, la soif et la recherche de moyens de subsistance frappent les être humains, il n’y a plus ni frontières ni raison qui tiennent, provoquant inéluctablement des problèmes géopolitiques.
Cette même étude du GIEC prévoit une élévation du niveau de la mer d’un mètre d’ici 2100, voire de 2 mètres dans les pires scénarios, en raison de l’incertitude liée aux calottes glaciaires. Cela suppose d’incessantes modifications et contestations territoriales. La montée des eaux pourrait ainsi, dans certains cas, mettre en péril la permanence d’un Etat en le privant, purement et simplement, de son territoire. Certains Etats du Pacifique achètent déjà d’autres territoires, à l’instar des Maldives.
La montée des eaux mènerait également à une modification importante du périmètre des Zones Economiques Exclusives. Par exemple dans la zone Arctique où, du fait de la fonte des glaces, s’ouvrent de nouvelles perspectives d’exploitation et d’extraction, avec les tensions et la concurrence que cela sous-tend.
Par conséquent, il est indispensable de prendre des mesures fortes et contraignantes contre le réchauffement climatique, afin de prévenir les conflits de demain.
Ce diagnostic sur le réchauffement climatique et la responsabilité de l’être humain dans ce dernier est aujourd’hui très largement partagé, au-delà des différences politiques. Pourtant, les solutions pour y répondre sont diverses et nous, communistes, pensons que certaines d’entre-elles, mises en avant par les libéraux, concourent même à l’aggravation du phénomène.
Ainsi, nous assistons à une nouvelle offensive du monde économique en matière de « greenwashing ». Nombre d’entreprises, en développant une rhétorique de la « décarbonisation » compatible avec leur modèle de croissance, évitent ainsi de parler de « défossilisation » comme le dénonce le chercheur et militant Maximes Combes dans son ouvrage « Sortons de l’âge des fossiles ».
Le meilleur exemple de cette supercherie reste le « marché du carbone ». L’impasse fondamentale du capitalisme se définit comme suit : à chaque problème, un prix. Les pays ayant de trop fortes émissions carboniques sont invités à « compenser » leur niveau de pollution en versant de généreuses contributions aux pays à faibles émission. Cet entêtement dans le modèle libéral, sans aucune remise en question de nos modes de productions, des impacts sociaux et écologiques, est irresponsable. Plutôt que de contourner l’enjeu climatique, nous serions mieux inspirés de réfléchir à des changements dans nos mobilités, nos modes de consommation, nos logements, nos systèmes de production, notre système alimentaire…
C’est bien l’aspect systémique de la question que je souhaite poser ici. Il est primordial de rester lucides sur les premiers responsables du réchauffement climatique. De la même manière que en 2008, où l’on a voulu faire porter la responsabilité de la crise sur le surendettement des travailleurs alors même que le coupable était le système spéculatif, les libéraux tentent de culpabiliser les modes de consommation des gens ordinaires, afin d’éluder une fois de plus la nécessité d’une bifurcation économique.
Pourtant, la Convention citoyenne pour le climat, constituée d’un panel citoyen représentatif de la population française, avait débouché sur des propositions de mesures contraignantes, à la fois pour l’Etat mais aussi pour les consommateurs. Voilà bien la preuve que les citoyens peuvent accepter de s’engager dans la construction d’une société durable, sociale et responsable, lorsque celle-ci est basée sur un processus véritablement démocratique, dans lequel les règles sont les mêmes pour tous.
C’est véritablement un des enjeux majeurs des prochaines années : la délibération collective, le dialogue sont indissociables du déploiement de solutions techniques pour faire face au changement climatique. Sans pression citoyenne et populaire, sans actes démocratiques forts dans chacun des Etats et au plan international, aucune COP, aussi ambitieuse soit-elle, ne pourra se mettre réellement au niveau du défi climatique. Et aucun peuple n’acceptera de s’engager dans des changements aussi profonds de son mode de vie.
Face au changement climatique, la démocratie reste notre meilleure arme.
Published by Section du Parti communiste du Pays de Morlaix
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