On a connu Arnaud Montebourg mieux inspiré. Mais il est vrai que depuis des années l'ambitieuse ancienne étoile montante du Parti socialiste, très critique au sortir de l'échec du 21 avril 2002 sur les causes internes de la défaite de Lionel Jospin, et à l'époque promoteur d'un renouveau éthique de la politique socialiste, cherche à construire la voie d'un nouveau populisme de centre-gauche basé sur le souverainisme cocardier, le patriotisme économique, sans remettre en cause les logiques de l'accumulation capitaliste, de la domination anti-démocratique et néo-coloniale portée par les grands groupes financiers, ni l'exploitation des travailleurs des travailleurs en général. Le protectionnisme a lieu sens n'a pas fait une politique de gauche, ni le "achetez français"...
L'homme avait déjà conseillé avec Benoît Hamon à François Hollande de prendre l'ultra-droitier Manuel Valls comme premier ministre, calcul d'apprenti sorcier qui a connu le succès que l'on sait.
Mais là, ce week-end, Arnaud Montebourg a été très loin dans la dérive idéologique, plus loin que jamais: marchant dans les pas des Le Pen et autres Zemmour, il a annoncé que, pour lui, il faudrait empêcher les immigrés de transférer leurs salaires vers leurs familles dans leurs pays d’origine si les gouvernements de ceux-ci refusent de donner les autorisations pour le rapatriement de leurs compatriotes illégaux en France.
Autrement dit, interdire au salarié d'origine étrangère qui gagne son salaire à la sueur de son front, qui paie sa quote-part de solidarité sociale avec ses cotisations, qui paie sa quote-part de solidarité nationale avec ses impôts et taxes, de faire profiter sa famille du fruit de son travail lorsqu'elle n'habite pas en France (souvent d'ailleurs contre son gré en raison de conditions de regroupement familial rendus toujours plus difficiles).
Outre que cette proposition est difficilement applicable, et plutôt grand-guignolesque, elle appelle finalement à l'expulsion manu militari de centaines de milliers d'immigrés, souvent en France depuis quelques années, voire entre 5 et 10 ans, qui sont toujours en situation irrégulière, en raison des restrictions à l'accueil et au droit d'asile, tout en travaillant bien souvent en France, en y ayant parfois des enfants scolarisés, etc.
Un beau programme de gauche, vraiment!
Comment aller dans le sens du vent, même quand il est mauvais, même quand il conduit vers les nuages bruns...
On aurait aimé l'entendre dénoncer plutôt les déstabilisations liées aux délocalisations créées par les mouvements de capital des fonds de pension étrangers dans les entreprises françaises ou l'exil fiscal des milliardaires français enrichis grâce à l'exploitation des travailleurs français aussi bien qu'étrangers.
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