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4 octobre 2021 1 04 /10 /octobre /2021 09:13

 

 

Blocage des prix, baisse de la TVA, nationalisation… Face à l’envolée des prix du gaz de 12,6 % prévue ce vendredi, nombre de propositions se sont invitées dans le débat. Le premier ministre s’est contenté d’annoncer jeudi un « lissage » des tarifs sur les mois à venir.

C’est la goutte de trop. Une goutte qui ne pèse pas moins de 12,6 % sur les factures de gaz à partir de ce vendredi. Un nouveau record qui porte le total de la hausse des tarifs réglementés, depuis janvier, à 57 % ! Sans compter le prix de l’essence qui se rapproche des 2 euros le litre, et le coût des produits agricoles et alimentaires en augmentation de 8,2 % cet été. Mais ce n’est pas tout. La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a déclaré, avant l’intervention de Jean Castex ce jeudi, que la prochaine élévation des prix de l’électricité serait « aux alentours des 12 % ».

Face à cette situation intenable pour des millions de Français, le premier ministre a annoncé jeudi soir au journal télévisé de 20 heures que le gouvernement a décidé de « bloquer » les augmentations à venir… sauf celle prévue pour le gaz ce vendredi. L’explication est laborieuse : « Les experts prévoient à nouveau 30 % d’augmentation du prix » d’ici la fin de l’année, a commencé l’hôte de Matignon. Et de poursuivre : « Les mêmes experts expliquent que l’on va avoir à partir du printemps une forte baisse des prix du gaz. » Conclusion de l’exécutif : les Français paieront bien la facture mais étalée sur l’ensemble de l’année. « Nous répercuterons la hausse d’aujourd’hui sur une moindre baisse après », résume Jean Castex.

Début d’un casse-tête pour la Macronie

Une façon de donner le change, juste avant l’échéance, alors que la pression monte depuis des jours sur un exécutif hanté par le spectre des gilets jaunes et soucieux des élections à venir. « Je demande une chose au président de la République, il peut le mettre en œuvre tout de suite : bloquer les prix de l’électricité et du gaz », a lancé le candidat à la présidentielle Fabien Roussel, dès le 23 septembre. Mais le député du Nord a dénoncé une « charlatanerie » à propos de l’annonce du premier ministre. Les autres forces de gauche ne sont pas en reste. Mardi, à l’occasion des questions au gouvernement, les interpellations se sont multipliées. « Alors que 8 millions de Français font déjà la queue à l’aide alimentaire, combien d’autres devront arbitrer cet hiver entre le loyer, le chauffage, les repas afin de payer les factures ? » a interrogé le député FI Loïc Prud’homme. Seulement quelques minutes après la réponse de la ministre Emmanuelle Wargon, se réfugiant derrière « la crise mondiale », la socialiste Christine Pirès Beaune enchaîne : « La colère gronde, le feu couve et il est de votre responsabilité, Monsieur le premier ministre, de l’éteindre avant qu’il ne se propage. » Le lendemain, l’offensive ne se relâche pas au Sénat : « Consentez-vous à mettre à contribution, par exemple, Engie, qui annonce avoir engrangé un bénéfice de 2,3 milliards sur les six premiers mois de l’année et envisage d’accroître encore son résultat ? » lance la sénatrice communiste Céline Brulin. Une pression encore accrue par les associations de consommateurs et les syndicats. « Nous sommes vent debout contre ces augmentations, d’autant qu’elles étaient prévisibles », rappelle notamment Arnaud Faucon, de l’Indecosa-CGT.

De quoi, dès mardi, pousser le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, à assurer que l’exécutif, outre l’augmentation de 100 euros du chèque énergie, « réfléchit évidemment à d’autres mesures ». Le début du casse-tête pour une Macronie où chacun tente de pousser ses pions. L’hypothèse d’une baisse de taxe à peine évoquée…, « ce n’est pas la solution mise sur la table », réplique Bruno Le Maire. Et le ministre de l’Économie d’ajouter : « On n’a pas de marge de manœuvre. La seule, c’est le chèque énergie. » Une solution qui agrée au secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, plaidant pour « l’augmenter encore » et « l’élargir ». Mais qui est loin de faire l’unanimité. Le premier ministre a choisi le ni-ni : ni chèque énergie supplémentaire, ni baisse de la TVA pour le moment. « Si je ramène la TVA de 20  % à 5 %, cela permettra une hausse de 15 % au lieu de 30 » comme prévu, a-t-il justifié. Mais si le cours ne baissait pas en avril, alors il actionnerait cet « outil ». Concernant l’électricité, en revanche, l’objectif est bien de limiter « la hausse de l’électricité à 4 % » via une réduction du montant des taxes.

Les solutions ne manquent pas

Face à l’urgence, beaucoup défendent pourtant l’usage du levier fiscal dès aujourd’hui. « À très court terme, dans le projet de loi de finances 2022, le gouvernement peut reconnaître l’énergie comme un produit de première nécessité en lui appliquant un taux de TVA à 5,5 % », assure Fabrice Coudour, de la CGT mines-énergie. « Une TVA à 0 % pour les produits de première nécessité et une TVA plus forte pour les produits de grand luxe », avance même Adrien Quatennens (FI), tout en proposant une « loi d’urgence sociale » pour « le blocage des prix sur les produits de première nécessité ».

Surtout, pour en finir avec ces envolées dictées par la loi du marché, les solutions ne manquent pas. Alors que Bruno Le Maire promet de discuter, lors de la réunion des ministres européens des Finances, lundi prochain, des règles du marché unique de l’électricité, Fabien Roussel plaide pour une renationalisation d’EDF et Engie : « Si nous retrouvons la maîtrise de cette production, nous fixerons le tarif et nous refuserons d’aller nous mettre à table à Bruxelles avec ceux qui veulent à tout prix libéraliser notre électricité. » En attendant, les mesures avancées par Jean Castex jeudi soir pourraient ne pas suffire.

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