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1 septembre 2021 3 01 /09 /septembre /2021 05:33

 

Les études et témoignages s’accumulent pour dénoncer la nocivité de ces produits financiers étiquetés « climat » ou « responsables », qui vont pour plus de la moitié d’entre eux à l’encontre des accords de Paris à la COP21.

La finance verte n’est pas encore mûre pour exploser. Mais elle donne des signes de faiblesse qui commencent à inquiéter ses promoteurs. De plus en plus nombreux à miser sur son développement pour conserver leurs taux de profitabilité, les fonds et banques craignent les dommages sur cette finance dite durable. Or, les craquèlements qui se font jour font mauvais genre à deux mois de la tenue de la COP26 à Glasgow.

Dernière alarme en date, l’étude publiée par Influence Map en fin de semaine dernière chiffre le peu d’effets tangibles de cette branche de l’industrie financière que le minis­tère français de l’Économie prend lui-même avec des pincettes sur son site en la désignant comme « une notion qui définit les actions et opérations financières favorisant la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique ». L’ONG s’est attelée à étudier combien parmi les « equity funds » ESG, ou fonds de gestion d’actifs et de pension dont les produits respectent des critères écologiques, sociaux et de bonne gouvernance, sont en accord avec les préconisations édictées par la COP21 de 2015. Résultat : 71 % des 593 fonds ESG, brassant la bagatelle de 265 milliards de dollars d’actifs, sont en contradiction avec les accords de Paris. Quant aux 130 fonds dits climat et leurs 67 milliards de dollars d’actifs, 55 % agissent à l’encontre du scénario du degré et demi de réchauf­fement maximal fixé par la conférence des parties de l’ONU il y a six ans. Les noms de multinationales des énergies fossiles, comme Total, Chevron, ExxonMobil ou Halliburton, apparaissent même parmi les sociétés soutenues par ces fonds climat.

« On vend de la poudre de perlimpinpin »

Le think tank britannique n’appelle pour autant pas au démantèlement de ces produits financiers frelatés. Adossé à des organisations philanthropiques, il s’est donné pour tâche de rendre plus éthiques les marchés. D’autres commencent à s’en charger. Et pas des moindres, puisqu’il s’agit de promoteurs de la finance verte repentis. Tariq Fancy est le premier du genre. En mars dernier, l’ex-responsable de 2018 à 2019 des « fonds durables » gérés par BlackRock, premier gestionnaire financier au monde avec 7 000 milliards de dollars d’actifs, a confié son vague à l’âme dans son Journal secret d’un investisseur durable« Au début, explique celui qui a activement participé à la popularisation de ces produits étiquetés verts ou soutenables (1), je me suis dit que la finance durable consistait à vendre de la poudre de perlimpinpin à un cancéreux. Cela peut jouer le rôle d’un placebo susceptible d’améliorer un peu sa santé. Aujourd’hui, je pense que c’est bien pire que cela car non seulement on vend cette poudre de perlimpinpin aux marchés financiers comme un remède à leurs dérives, mais de plus son emballage marketing, noble et trompeur, empêche le patient de poursuivre sa thérapie et le cancer dont il souffre continue à faire ses ravages. »

Dernièrement, Desiree Fixler, responsable de septembre 2020 à début 2021 du développement durable de DWS, a accusé son ancien employeur d’avoir surestimé le poids de ses actifs estampillés ESG. Cette affaire de bidonnage, prise au sérieux par les gendarmes des Bourses de New York et Francfort, sème le trouble alors que DWS est le principal gestionnaire d’actifs « verts » en Allemagne, le deuxième en Europe derrière le français Amundi. Elle relance en tout cas les critiques sur le peu de fiabilité de ces produits financiers supposés plus vertueux que les classiques.

En compagnie d’Alain Grandjean, président de la Fondation Nicolas Hulot, Julien Lefournier avait déjà bien documenté les tares du système dans l’Illusion de la finance verte (l’Atelier), sorti en mai dernier. « C’est du marketing, une mise en scène des banques et fonds pour améliorer leur image après le krach de 2008 et dire “on fait quelque chose pour le climat”. La finance verte s’ajoute quelques critères sociaux ou écologiques à sa convenance pour se distinguer. Mais elle n’échappe pas à la responsabilité fiduciaire qui lui impose de faire fructifier l’argent que vous lui confiez, ni à la maximisa tion des rendements. » Pour cet ancien trader sur les marchés « classiques », ces produits pseudo-responsables « font croire que les marchés peuvent changer les choses. Mais le changement systémique ne viendra que de l’imposition par les États de règles et de normes que les industriels et financiers devront appliquer. Pour l’heure, c’est du greenwashing généralisé qui prolonge le statu quo sur le climat ».

(1) Traduction Novethic.

 

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