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18 septembre 2021 6 18 /09 /septembre /2021 05:11
Enseignement supérieur: une rentrée pire que la précédente (Olivier Chartrain, L'Humanité, 16 septembre 2021)
Enseignement supérieur. À l’université, une rentrée pire que la précédente
Jeudi 16 Septembre 2021

Premier syndicat du supérieur, le Snesup-FSU dénonce les conditions de la rentrée et le sous-financement chronique.

 

La rentrée universitaire ? La même que l’an dernier, sauf que « c’est encore pire », répond Anne Roger, la secrétaire générale du ­Snesup-FSU, le premier syndicat de l’enseignement supérieur. Si, quand même, une différence : la reprise des cours en « 100 % présentiel », vantée par Frédérique Vidal, quand l’an dernier, à la même époque, les universités se retrouvaient à improviser un passage aux cours « hybrides » sans préparation et sans moyens.

Sauf qu’Anne Roger dénonce le processus « insidieux » mis en œuvre dans nombre d’établissements d’enseignement supérieur, qui précisent que l’accueil physique des étudiants se fera « à concurrence des capacités d’accueil globales » et que les équipes pédagogiques jouissent d’une « totale autonomie » pour organiser les enseignements. Or l’autonomie, à l’université, présente une indiscutable tendance à désigner un principe de fonctionnement rien moins que glorieux : celui du « débrouille-toi avec ce que je te donne ». Dans le contexte d’asphyxie financière qui est celui de l’enseignement supérieur, le distanciel – qui ne nécessite pas de salles de cours, qui est reproductible sans enseignant physique… – peut donc être vu, et promu, avant tout comme une source d’économies. Ce que confirme Philippe Aubry, secrétaire général adjoint du Snesup : « Des présidents d’université parlent d’utiliser l’outil numérique pour des raisons budgétaires ou par manque de locaux. »

Un demi-million d’étudiants supplémentaires depuis dix ans

Car le problème de fond, en cette rentrée, demeure le sous-financement chronique de l’université. Les chiffres sont éloquents : un demi-million d’étudiants supplémentaires ont été accueillis dans les universités françaises depuis dix ans, 34 000 de plus rien que cette année. Parallèlement, entre 2006 et 2019, le recrutement d’enseignants-chercheurs a diminué de moitié, passant de 2 670 en 2006 à 1 332 en 2019 – alors qu’en parallèle le volume d’heures supplémentaires atteint aujourd’hui 6 millions, soit l’équivalent de près de… 30 000 postes statutaires. Dans certaines universités, seulement la moitié des heures sont assurées par des titulaires, le reste par des personnels vacataires. En outre, contrairement à ce qui s’était passé lors du précédent bond démographique des années 1990, les constructions de locaux n’ont pas suivi. Selon le Snesup, pour parer à l’urgence actuelle, il faudrait 9 000 embauches d’enseignants-chercheurs titulaires – la loi de programmation de la recherche (LPR) en prévoit 700 cette année – et la construction de six nouvelles universités.

Résultat : l’université craque. Ainsi la rentrée annulée dans la filière Staps (la deuxième plus importante de France) à Rennes II n’est « pas anecdotique mais symbolique de ce qui se passe dans l’enseignement supérieur et la recherche », note Anne Roger. Avec un taux d’encadrement d’un enseignant pour 44 étudiants, contre 1 pour 35 en moyenne en Staps et 1 pour 20 dans les autres filières, « les collègues et les étudiants mobilisés disent : “Ce n’est plus possible !” Et c’est une nouveauté », reprend la syndicaliste, qui prévient : « Cela se passe en Staps, mais ça se passera dans les autres filières si rien ne change. »

Dans une forme d’euphémisation, les animateurs du Snesup avouent « ne pas savoir ce qui a été réellement créé ou non, ni où, ni par qui » parmi les 19 000 places supplémentaires annoncées par Frédérique Vidal cet été. Le syndicat déplore que les enjeux de l’enseignement supérieur et de la recherche soient « difficiles à rendre visibles dans le débat public », alors que l’élection présidentielle approche. Pierre-Emmanuel Berche, du bureau national du syndicat, rappelle que « la formation de la jeunesse est un investissement pour l’avenir et qu’un pays comme la France devrait être capable de répondre au souhait d’une partie croissante de sa jeunesse de faire des études supérieures » .

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