Secrétaire national du PCF, il sera en 2022 le premier candidat communiste présent à une élection présidentielle depuis 15 ans.
En vacances à Olmeto, le député du Nord veut donner du sens à sa candidature, au sein d’une gauche qui en comptera d’autres
Vous êtes le premier candidat communiste à la présidentielle depuis 2007. Quelle est la place du parti communiste en France en 2021 ?
Au regard de ses élus et de ses militants implantés de partout dans les villages ainsi que dans les grandes villes, le parti communiste français fait partie des forces politiques parmi les plus importantes de notre pays.
Cette implantation locale nous permet de mesurer les difficultés de vie de nos concitoyens. C’est pour cela que nous sommes très soucieux de la situation du monde du travail, des salariés, du pouvoir d’achat, de la jeunesse et de son éducation.
C’est pourquoi j’ai mis ces préoccupations au cœur de ma campagne. La place du parti est liée à cette implantation dans le pays.
Comment avez-vous pu mettre en place ce retour sur « le devant » de la scène politique ?
Cette pandémie qui nous frappe depuis plus d’un an révèle les problèmes de notre pays. Notamment, le manque de soutien à nos services publics, comme les hôpitaux, ou encore notre manque de souveraineté économique dans un certain nombre de domaines, comme le médicament.
Elle a révélé que ce système économique - entièrement dédié à la rentabilité et à la course au profit - a affaibli notre pays. C’est ce qui a poussé à la nécessité de présenter une candidature aux élections présidentielles.
Pour dire qu’il faut changer de système économique et arrêter de mettre la course au profit au cœur de tous les choix. Au contraire, il faut mettre les besoins de l’être humain, et celui du sauvetage de la planète, au cœur de tous nos choix.
Les différentes listes nationalistes ont capté près de 68 % des votes aux dernières élections territoriales en Corse. En quoi est-ce que cela vous interpelle ?
Cela m’interpelle parce que nous avions présenté une liste avec Michel Stefani (secrétaire du PCF en Corse, ndlr) qui n’a pas obtenu les suffrages que nous attendions.
Mais ce que je voudrais dire c’est qu’en Corse, comme dans les autres régions françaises, le premier vote, c’est l’abstention. Il faut donc se demander pourquoi les gens ne vont plus voter.
Ensuite, pour ceux qui sont allés voter en Corse, ils ont majoritairement donné du poids aux listes nationalistes. Il faut l’entendre. Mais il faut aussi comprendre pourquoi les gens font ce choix-là...
Dans le cadre de ma campagne présidentielle, je souhaite m’adresser aux gens qui veulent retrouver l’espoir d’une vie meilleure. Je m’adresse à ceux qui sont en colère de voir les salaires stagner alors que les factures augmentent, et ce, alors qu’il y a tant de richesses dans le pays.
Et je pense que chez les abstentionnistes, il y en a beaucoup qui sont en colère contre ce système. Je voudrais pouvoir leur dire que je suis quelqu’un de relativement neuf dans le paysage politique. Je veux leur apporter ce nouvel espoir.
« Redonner du pouvoir aux Français » |
Plus tôt dans la semaine, vous annonciez sur Europe 1 vouloir « reprendre le pouvoir sur l’argent grâce à un pacte avec les Français ». De quel pacte parlez-vous exactement ?
Mon souhait est de redonner du pouvoir aux Français dans les choix économiques de notre pays. Les richesses que nous créons dans les entreprises ne peuvent pas seulement être attribuées aux dirigeants. Elles sont créées par chaque travailleur et travailleuse.
Pourquoi n’ont-ils aucun mot à dire sur la manière de produire ces richesses ? Passer un pacte avec les Français revient à cela.
C’est dire, si je suis élu président de la République, je vais redonner du pouvoir aux salariés, pour qu’ils puissent décider, eux aussi, de la manière dont on produit les richesses et comment celles-ci sont réparties.
Est-ce que ce pacte permettrait vraiment un retour aux jours heureux comme vous l’avez suggéré ?
Oui, parce que nous produisons énormément de richesses. Il y a près de 1 000 milliards d’euros de patrimoine dans les mains des 500 plus grandes familles françaises.
Comme si c’était elles-mêmes, toutes seules, qui avaient tout produit. Non. Ces richesses sont produites par les millions de travailleurs qui existent dans ce pays. Je souhaite que nous puissions les mettre au bénéfice de tous.
Pour moi, les jours heureux c’est partager ces richesses, les mettre au service de l’être humain et de la planète. C’est répondre à l’urgence sociale. C’est garantir l’éducation de nos enfants et l’accès aux soins.
Vous appelez les gens à la vaccination, mais vous êtes en désaccord avec la méthode du pass sanitaire. Quelle aurait été la solution qui aurait engendré plus de confiance envers la vaccination ?
Il faut respecter les gens. On ne peut pas les célébrer lors du premier confinement et un an après leur dire : « Si vous n’avez pas de pass, on vous licencie. »
S’il y avait plus de respect, plus de dialogue avec les organisations syndicales, cela créerait de la confiance. On aurait pu créer des conditions où l’on se rend vers les Français pour leur proposer la vaccination. Et ce, plutôt que leur dire de faire les démarches eux-mêmes.
Et puis, c’est important. Il nous faut aussi un vaccin public. C’est-à-dire qu’il faut lever les brevets pour pouvoir montrer comment les vaccins sont produits. Être transparent. Les Français ont besoin de confiance.
« Je ne vais pas enlever d’électeurs aux autres candidats » |
À l’heure ou la gauche rassemble de moins en moins de votes, votre candidature ne risque-t-elle pas de provoquer une division de plus au milieu des candidats de cette famille politique ?
Ma candidature est une candidature d’addition. Je souhaite aller chercher toutes celles et ceux qui sont déçus par les politiques de gauche qui ont pu être menées.
Déçus par ceux qui à droite ont fait tant de promesses et qui ne les ont pas mises en œuvre. Je souhaite reconquérir le cœur et la tête de ceux qui ne croient plus et leur offrir une perspective, un changement de société. De leur dire qu’ils seront respectés et que nous allons redresser le pays ensemble.
Et donc je ne vais pas enlever des électeurs aux autres candidats qu’il y aura à gauche. Je vais aller en convaincre des nouveaux. En faisant cela, je renforce la gauche.
Mais alors, comment comptez-vous faire face au duel annoncé Macron/Le Pen au 2e tour ?
Je ne crois pas à ce duel. Tous les pronostics de ces quarante dernières années ont été déjoués, parce que ce sont les Français qui décident, et pas les instituts de sondages, ni les journalistes, ni les émissions de télé.
Je fais confiance aux Français. Ils aiment avoir le choix entre différentes personnes et différents programmes. Ils vont regarder ce que cela va leur apporter.
Je ne crois pas à ce duel parce que les gens ne veulent plus de Macron et parce qu’ils ont bien vu que l’extrême droite n’apporte aucune réponse à leurs problèmes.
Que diriez-vous aux gens qui auraient aujourd’hui des préjugés sur l’appellation même « communiste » ? En quoi restez-vous un parti d’actualité ?
Parce que dans communisme il y a commun. Et nous n’avons jamais eu autant besoin de mettre en commun. L’idéal communiste est toujours d’actualité parce que c’est celui qui met en commun tous les moyens au service de l’être humain.
Humaniser nos hôpitaux. Humaniser nos Ehpad, l’enseignement scolaire, les transports, la société... Pour moi, cette crise montre que le communisme n’a jamais été autant d’actualité.
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