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6 août 2021 5 06 /08 /août /2021 05:41

La Commission nationale consultative des droits de l’homme publie son 30e rapport sur la lutte contre le racisme. Un document qui révèle l’étendue des préjugés dans la société française.

Accès au logement et à l’emploi, préjugés dans les médias et l’éducation, évolutions générationnelles dans la conception des races… L’épais rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie vient d’être présenté au public, le 8 juillet. Une semaine plus tôt, il était remis, ainsi que 80 recommandations, au premier ministre Jean Castex. Parmi elles, augmenter les moyens de la recherche en sciences sociales sur ces questions, instaurer le récépissé lors des contrôles d’identité ou encore former les forces de police et de gendarmerie à recueillir les plaintes concernant les discriminations « pour que ces affaires soient mieux prises en compte et plus souvent condamnées », explique le président de la commission, l’avocat Jean-Marie Burguburu. Au fil de ses 400 pages, le dense volume propose une approche large des problématiques liées aux discriminations et relativise la baisse du racisme en France.

1. Une relative progression de la tolérance

66 sur 100. C’est l’indice de tolérance qu’attribuent aux Français les rédacteurs du 30e rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Un chiffre en constante progression depuis 2013 : il ne s’élevait alors qu’à 53 points. « Il y a un lent recul des préjugés, malgré le Covid et la montée des actes antimusulmans », commente la chercheuse Nonna Mayer. Derrière le chiffre global, se cachent des disparités sur la manière dont les citoyens conçoivent leur rapport aux différentes minorités. L’indice de tolérance ne s’établit qu’à 60 points concernant les musulmans et à 36 pour les Roms. 58 % des Français pensent d’ailleurs que les personnes issues de cette communauté « vivent essentiellement de vols et de trafics ». En parallèle, les faits antimusulmans comptabilisés par les renseignements ont progressé de 52 % entre 2019 et 2020. À en croire le rapport, le racisme a aussi évolué dans sa forme ces dernières années. S’il semble moins présent, c’est aussi qu’il a changé de visage. « Le racisme se modernise, observe Jean-Marie Burguburu. Avant, il pouvait consister à enfermer les juifs dans des ghettos, s’exprimer sur la couleur de peau des Noirs. Maintenant, les populations visées se sont mêlées au reste de la société et il a fallu trouver d’autres supports. On parle d’habitudes alimentaires ou vestimentaires différentes, d’accents… Est venu se greffer le sujet de la religion musulmane, devenue plus visible par le nombre de prati quants. »

2. Le Covid a fait réémerger le racisme antiasiatique

Si l’année 2020 et ses deux confinements ont globalement réduit le nombre d’actes racistes, ils ont aussi été le moment d’une recrudescence de la stigmatisation des personnes perçues comme d’origine asiatique. Des « soupçons de pratiques alimentaires insalubres » aux « clichés d’une communauté puissante et unie pour cacher des pratiques malhonnêtes », l’accumulation d’inconnues autour des origines du coronavirus, apparu en Chine, a renforcé les préjugés. « Un phénomène ancien qui a été exacerbé, décrit la sociologue Simeng Weng.  La crise sanitaire a joué le rôle de catalyseur dans sa prise de conscience. » Selon son enquête, 60 % des enquêtés affirment que ces comportements racistes ont augmenté depuis la pandémie. Jean-Marie Burguburu voit, lui, un lien entre la pandémie et la recrudescence des préjugés sur les Asiatiques. « Quand il y a une crise, on cherche un responsable, de préférence l’étranger, celui qui ne vous ressemble pas et n’a pas le même mode de vie que vous. »

3.  Des violences présentes au sein des institutions

Les discriminations fondées sur la race ne s’arrêtent pas aux comportements xénophobes d’une personne envers une autre, elles sont aussi présentes au sein des institutions, de manière inconsciente. Dans la culture par exemple : « Des situations de discrimination semblent persister malheureusement dans certains milieux culturels, qui reproduisent, consciemment ou non, un certain nombre de clichés et de stéréotypes », note le rapport. Le logement est aussi source de discriminations institutionnalisées. Comme le rappelait une rapporteuse spéciale de l’ONU en 2019, « les ressortissants français et ceux perçus comme “blancs” (ont) deux fois plus de chances que les personnes immigrées ou perçues comme “arabes” ou “noires” de trouver un logement dans l’année suivant le début de leur recherche ». Les sans-abri, les gens du voyage et les exilés comptent parmi les « groupes menacés de discrimination et d’exclusion sociale », affirme la même rapporteuse. L’action de la police, adepte de la pratique du contrôle d’identité « au faciès », est aussi un vecteur du racisme, dans une société où plus de la moitié des hommes perçus comme arabes ou noirs ont été contrôlés dans les cinq dernières années (contre 16 % dans la population). Les symptômes d’un « racisme systémique » ? Le président de la CNCDH conteste l’expression : « La France n’est pas raciste, mais il y a des racistes en France », affirme-t-il. La directrice de recherche Nonna Mayer tempère : « Il ne s’agit pas de dire que l’État est raciste mais il est vrai que certaines pratiques sont devenues tellement banales que l’on n’y fait même plus attention. En cela, elles font système. »

L’antisémitisme en réseaux

Une partie du rapport se penche sur « l’empreinte antisémite dans l’espace YouTube français ». Après avoir récolté près de 2 millions de commentaires sous les vidéos de 628 chaînes de la plateforme, les scientifiques du médialab de Sciences-Po ont établi que 0,4 à 0,6 % d’entre eux contenaient un fond antisémite. « Ils ne sont pas prévalents mais atteignent un niveau qui n’est pas négligeable », retient Benjamin Tainturier, l’un des auteurs de l’enquête. Si les chaînes d’extrême droite sont celles qui en comptent le plus, l’enquête révèle qu’ils sont en nombre sous les vidéos de médias généralistes, quel que soit le sujet abordé.

 

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