Christophe Prudhomme est médecin au Samu 93. Il publie, chaque semaine, une chronique dans nos colonnes.
La focalisation ces dernières semaines du débat autour des mesures concernant la vaccination obligatoire et le passe sanitaire permet au gouvernement d’avancer sur d’autres sujets, en passant sous la ligne d’horizon et en évitant ainsi d’éventuelles réactions. C’est ce qui est en train de se passer autour de projets de réforme, actuellement travaillés par le gouvernement, concernant les assurances maladie complémentaires, encore appelées à tort « mutuelles ». En effet, le constat partagé est que notre système à plusieurs étages – Sécurité sociale, complémentaire, surcomplémentaire – est devenu de plus en plus complexe et coûteux.
Ce dernier aspect a alerté la Cour des comptes qui pointe le fait que les coûts de gestion du système sont disproportionnés et qu’il faut le simplifier. Comme toujours, lorsque les fameux « sages » de cette institution font des préconisations, il faut être particulièrement attentif, car leur objectif unique et obsessionnel est de « faire des économies » et de « réduire les dépenses publiques ». Si nous pouvons adhérer au constat, les préconisations avancées par la Cour des comptes ne peuvent que nous inquiéter.
En effet, il est proposé de réduire la prise en charge par l’assurance-maladie à un socle, dit « panier de soins », minimal, c’est-à-dire en réalité à un filet de sécurité pour les plus pauvres, notamment pour les soins hospitaliers les plus coûteux. Pour le reste, il faudra faire appel à une assurance privée pour couvrir les autres dépenses. Pour aller vite, il s’agit de glisser rapidement vers un système à l’américaine, en ouvrant encore plus au marché le secteur de la santé, tant au niveau de l’assurance que de l’offre de soins.
Il est urgent que les citoyens s’intéressent à cette question pour bloquer cette évolution et réclamer une Sécurité sociale intégrale, prenant en charge l’ensemble des dépenses de santé, de la naissance à la mort. Un système avec un seul opérateur est performant et peu coûteux du fait de l’unicité du gestionnaire. À l’inverse, le système de marché est coûteux, car il multiplie les intervenants afin de multiplier les sources de profit.
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