Après le socialiste Bernard Poignant, l’ancien élu communiste quimpérois Piero Rainero revient sur l’engagement historique, qu’il estime méconnu, des députés communistes bretons pour les langues régionales.
« Le texte de loi du député socialiste du Tarn Maurice Deixonne de 1951 a été précédé par la proposition déposée à l’Assemblée Nationale le 16 mai 1947 par les députés communistes bretons Pierre Hervé, Gabriel Paul, Alain Signor pour le Finistère, Hélène Le Jeune et Marcel Hamon pour les Côtes-du-Nord (NDLR : actuelles Côtes d’Armor) et Louis Guéguen pour le Morbihan. S’y était associé l’un des fondateurs historiques du Parti communiste, le breton Marcel Cachin, très attaché à la langue de sa Bretagne natale, qu’il appelait affectueusement ma petite patrie bretonne », rappelle le Quimpérois Piero Rainero.
« C’était en 1947, il y a plus de 70 ans ! »
Ce texte des parlementaires communistes de 1947 sur la langue bretonne, suivi en 1948 d’un autre concernant le catalan puis élargi aux différentes langues régionales, très en avance pour son époque, s’articulait sur un socle de propositions. Parmi celles-ci, rappelle Piero Rainero : « abroger l’interdiction du breton dans les écoles publiques ; favoriser l’emploi du breton en classe chaque fois que cela pouvait être profitable à l’enseignement ; mettre en place des cours de breton dans les écoles normales (Saint-Brieuc, Quimper, Brest et Vannes) dès la rentrée de 1947 pour former les enseignants ; assurer l’ouverture de cours facultatifs de breton dans les collèges et lycées ; accorder la possibilité de prendre le breton comme seconde langue, ou en épreuve facultative, au baccalauréat dans l’académie de Rennes ».
« C’était en 1947, il y a plus de 70 ans ! », insiste le communiste quimpérois.
« Espérons que la loi portée par Paul Molac connaîtra un meilleur sort »
« Quand il s’agit de désigner le rapporteur de ce projet de loi de 1947, la candidature du député communiste costarmoricain Marcel Hamon, qui commanda en 1944 les FTP des 14 départements de l’Ouest - c’est lui qui traduisit en 1936 l’Internationale en breton -, fut écartée au profit de celle du député socialiste Maurice Deixonne, la candidate MRP Marie-Madeleine Dienesch retirant opportunément la sienne », rapporte Piero Rainero.
« Après bien des manœuvres et des atermoiements, c’est finalement sous la signature de Maurice Deixonne que fut présentée, en 1951, la proposition de loi qui porte son nom. Le contenu de la loi Deixonne était très largement en retrait par rapport à l’ensemble des propositions communistes de 1947, ce qui provoqua alors des débats assez vifs entre communistes et socialistes… », poursuit-il.
La loi portée par Paul Molac s’inscrit dans une suite de propositions sur la langue bretonne et les langues régionales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Espérons qu’elle connaîtra un meilleur sort que celles qui l’ont précédée.
Car la vigilance s’impose, des ministres importants du gouvernement du président Macron ont exprimé clairement leur désaccord avec ce texte dont ils ne voulaient même pas qu’il soit débattu par les députés », conclut Piero Rainero.
(*) La loi Deixonne (1951) est la première loi française relative à « l’enseignement des langues et dialectes locaux ».
Après la publication dans vos colonnes de plusieurs articles concernant le vote à l’Assemblée Nationale de la nouvelle loi sur les langues régionales, je voudrais revenir sur un point d’histoire trop méconnu:
Le texte de loi du député socialiste du Tarn Maurice Deixonne de 1951 a été précédé par la proposition déposée à l’Assemblée Nationale le 16 mai 1947 par les députés communistes bretons Pierre Hervé, Gabriel Paul, Alain Signor, pour le Finistère, Hélène Le Jeune et Marcel Hamon pour les Côtes-du-Nord, et Louis Guéguen pour le Morbihan, auxquels s’était associé l’un des fondateurs historiques du Parti Communiste, le breton Marcel Cachin, très attaché à la langue de sa Bretagne natale, qu’il appelait affectueusement « ma petite patrie bretonne ». *
Les promoteurs de cette proposition de loi visant à organiser un enseignement de la langue bretonne et à « développer toutes nos richesses culturelles », se référaient aux valeurs de la Résistance, fortement enracinée dans la Bretagne bretonnante, et s’inscrivaient dans une démarche transpartisane.
Ce texte des parlementaires communistes de 1947 sur la langue bretonne, suivi en 1948 d’un autre concernant le catalan puis élargi aux différentes langues régionales, très en avance pour son époque, s’articulait sur un socle de propositions telles que :
- Abroger l’interdiction du breton dans les écoles publiques.
- Favoriser l’emploi du breton en classe chaque fois que cela pouvait être profitable à l’enseignement.
- Initier à la culture, à la littérature, aux arts populaires bretons.**
- Prévoir la budgétisation d’achat d’ouvrages sur la richesse culturelle bretonne dans les établissements publics.
- Mettre en place des cours de breton dans les écoles normales (Saint-Brieuc, Quimper, Brest et Vannes) dès la rentrée de 1947 pour former les enseignants.
- Assurer l’ouverture de cours facultatifs de breton dans les collèges et lycées.
- Accorder la possibilité de prendre le breton comme seconde langue, ou en épreuve facultative, au baccalauréat dans l’académie de Rennes.
C’était en 1947 il y a plus de 70 ans !
Quand il s’agit de désigner le rapporteur de ce projet de loi de 1947, la candidature du député communiste costarmoricain Marcel Hamon, qui commanda en 1944 les FTP des 14 départements de l’Ouest (c’est lui qui traduisit en 1936 l’Internationale en breton), fut écartée au profit de celle du député socialiste Maurice Deixonne, la candidate MRP Marie-Madeleine Dienesch retirant opportunément la sienne.
Après bien des manœuvres et des atermoiements, c’est finalement sous la signature de Maurice Deixonne que fut présentée en 1951 la proposition de loi qui porte son nom.
Le contenu de la loi Deixonne était très largement en retrait par rapport à l’ensemble des propositions communistes de 1947, ce qui provoqua alors des débats assez vifs entre communistes et socialistes.
Les communistes prirent de nombreuses autres initiatives pour les langues et cultures régionales, comme la proposition de loi de Jacques Chambaz du 18 juin 1975 *** relative à la langue et à la culture bretonnes, ou celle présentée le 14 octobre 1988 par Guy Hermier sur les langues de France et les cultures régionales.
La loi portée par Paul Molac s’inscrit donc dans une suite de propositions sur la langue bretonne et les langues régionales depuis la fin de la 2ème guerre mondiale.
Espérons qu’elle connaîtra un meilleur sort que celles qui l’ont précédée.
Car la vigilance s’impose, des ministres importants du gouvernement du président Macron ont exprimé clairement leur désaccord avec ce texte dont ils ne voulaient même pas qu’il soit débattu par les député-e-s.
La diversité linguistique et culturelle de notre pays est une vraie richesse, sa préservation et son développement requièrent une ambition nationale.
Ce combat est loin d’être terminé.
Piero RAINERO.
* Ce projet de loi des députés communistes avait reçu le soutien du groupe des députés du RDA (Rassemblement Démocratique Africain) qui était apparenté au PCF et dont le Président était Félix Houphouët-Boigny qui allait devenir Président de la Côte – d’Ivoire.
**Après la guerre, un théâtre en breton itinérant a été développé par Pierre-Jakez Hélias et des instituteurs communistes bretonnants, comme Albert Trividic et Henri Donnard d’Audierne.
*** Cette proposition de loi fut préparer par un groupe de travail conduit par Louis le Roux (secrétaire régional du PCF) auquel participèrent notamment pour le Finistère les universitaires communistes brestois spécialistes de celtique Yves le Berre et Jean le Dû, Michel Mazéas maire de Douarnenez, Jean-Pierre Jeudy conseiller général du canton de Carhaix, Jean-Marie Plonéis docteur es-lettres spécialiste de la toponymie bretonne et élève du chanoine Falc’hun. Elle fut rendu publique lors de la venue à Quimper de Georges Marchais et Jacques Chambaz dans le cadre d’une rencontre avec les représentants du monde culturel breton.
Après la publication dans vos colonnes de plusieurs articles concernant le vote à l’Assemblée Nationale de la nouvelle loi sur les langues régionales, je voudrais revenir sur un point d’histoire trop méconnu.
Le texte de loi du député socialiste du Tarn Maurice Deixonne de 1951 a été précédé par la proposition déposée à l’Assemblée Nationale le 16 mai 1947 par les députés communistes bretons Pierre Hervé, Gabriel Paul, Alain Signor, pour le Finistère, Hélène Le Jeune et Marcel Hamon pour les Côtes-du-Nord, et Louis Guéguen pour le Morbihan, auxquels s’était associé l’un des fondateurs historiques du Parti Communiste, le breton Marcel Cachin, très attaché à la langue de sa Bretagne natale, qu’il appelait affectueusement « ma petite patrie bretonne ». *
Les promoteurs de cette proposition de loi visant à organiser un enseignement de la langue bretonne et à « développer toutes nos richesses culturelles », se référaient aux valeurs de la Résistance, fortement enracinée dans la Bretagne bretonnante, et s’inscrivaient dans une démarche transpartisane.
Ce texte des parlementaires communistes de 1947 sur la langue bretonne, suivi en 1948 d’un autre concernant le catalan puis élargi aux différentes langues régionales, très en avance pour son époque, s’articulait sur un socle de propositions telles que :
- Abroger l’interdiction du breton dans les écoles publiques.
- Favoriser l’emploi du breton en classe chaque fois que cela pouvait être profitable à l’enseignement.
- Initier à la culture, à la littérature, aux arts populaires bretons.**
- Prévoir la budgétisation d’achat d’ouvrages sur la richesse culturelle bretonne dans les établissements publics.
- Mettre en place des cours de breton dans les écoles normales (Saint-Brieuc, Quimper, Brest et Vannes) dès la rentrée de 1947 pour former les enseignants.
- Assurer l’ouverture de cours facultatifs de breton dans les collèges et lycées.
- Accorder la possibilité de prendre le breton comme seconde langue, ou en épreuve facultative, au baccalauréat dans l’académie de Rennes.
C’était en 1947 il y a plus de 70 ans !
Quand il s’agit de désigner le rapporteur de ce projet de loi de 1947, la candidature du député communiste costarmoricain Marcel Hamon, qui commanda en 1944 les FTP des 14 départements de l’Ouest (c’est lui qui traduisit en 1936 l’Internationale en breton), fut écartée au profit de celle du député socialiste Maurice Deixonne, la candidate MRP Marie-Madeleine Dienesch retirant opportunément la sienne.
Après bien des manœuvres et des atermoiements, c’est finalement sous la signature de Maurice Deixonne que fut présentée en 1951 la proposition de loi qui porte son nom.
Le contenu de la loi Deixonne était très largement en retrait par rapport à l’ensemble des propositions communistes de 1947, ce qui provoqua alors des débats assez vifs entre communistes et socialistes.
Les communistes prirent de nombreuses autres initiatives pour les langues et cultures régionales, comme la proposition de loi de Jacques Chambaz du 18 juin 1975 *** relative à la langue et à la culture bretonnes, ou celle présentée le 14 octobre 1988 par Guy Hermier sur les langues de France et les cultures régionales.
La loi portée par Paul Molac s’inscrit donc dans une suite de propositions sur la langue bretonne et les langues régionales depuis la fin de la 2ème guerre mondiale.
Espérons qu’elle connaîtra un meilleur sort que celles qui l’ont précédée.
Car la vigilance s’impose, des ministres importants du gouvernement du président Macron ont exprimé clairement leur désaccord avec ce texte dont ils ne voulaient même pas qu’il soit débattu par les député-e-s.
La diversité linguistique et culturelle de notre pays est une vraie richesse, sa préservation et son développement requièrent une ambition nationale.
Ce combat est loin d’être terminé.
Piero RAINERO.
* Ce projet de loi des députés communistes avait reçu le soutien du groupe des députés du RDA (Rassemblement Démocratique Africain) qui était apparenté au PCF et dont le Président était Félix Houphouët-Boigny qui allait devenir Président de la Côte – d’Ivoire.
**Après la guerre, un théâtre en breton itinérant a été développé par Pierre-Jakez Hélias et des instituteurs communistes bretonnants, comme Albert Trividic et Henri Donnard d’Audierne.
*** Cette proposition de loi fut préparer par un groupe de travail conduit par Louis le Roux (secrétaire régional du PCF) auquel participèrent notamment pour le Finistère les universitaires communistes brestois spécialistes de celtique Yves le Berre et Jean le Dû, Michel Mazéas maire de Douarnenez, Jean-Pierre Jeudy conseiller général du canton de Carhaix, Jean-Marie Plonéis docteur es-lettres spécialiste de la toponymie bretonne et élève du chanoine Falc’hun. Elle fut rendu publique lors de la venue à Quimper de Georges Marchais et Jacques Chambaz dans le cadre d’une rencontre avec les représentants du monde culturel breton.
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