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12 avril 2021 1 12 /04 /avril /2021 06:17
Les communistes veulent bâtir les jours heureux du 21e siècle - Diego Chauvet et Julia Hamlaoui, L'Humanité, 12 avril
Les communistes veulent bâtir les « Jours heureux du XXIe siècle »
Lundi 12 Avril 2021 - L'Humanité

Au-delà de la question d’une candidature à la présidentielle, la conférence nationale du PCF s’est penchée sur le projet de la formation pour les échéances de 2022.

 

« Réunissons-nous, travaillons ensemble pour reprendre le pouvoir à la finance, pour reprendre la main sur nos choix économiques, pour redonner le pouvoir aux Français, au monde du travail, dans toutes les entreprises.» Comme l’a rappelé Fabien Roussel, en clôture des travaux, la conférence nationale du PCF, outre la question d’une candidature pour l’élection présidentielle, s’est aussi penchée, ce week-end, sur le programme à défendre en 2022 et les initiatives pour le faire connaître sans tarder. « Nous avons l’ambition de faire vivre ces idées, de les mettre en œuvre dans les départements, dans les régions », a insisté le secrétaire national du PCF. Les communistes veulent en effet proposer aux Français un « pacte », « d’écrire ensemble un contrat ». Un programme qui « permette enfin de sortir la santé des mains des logiques marchandes et des laboratoires pharmaceutiques », « qui nous libère du poids de la finance », et qui « ouvre enfin l’espoir pour chacun d’avoir un emploi stable, correctement rémunéré ». Au rang des priorités, le député du Nord a affirmé vouloir porter le Smic à 1 500 euros net dès 2022, accompagné d’une « hausse générale des salaires ». Lors d’un meeting numérique, dimanche, il a plaidé pour « un projet qui sorte notre pays du capitalisme, de l’exploitation des hommes, des femmes comme des ressources naturelles, qui bâtisse le programme des Jours heureux du XXIe  siècle ».

Soutenir la jeunesse

Durant cette conférence nationale, les communistes se sont particulièrement adressés à la jeunesse. Dès samedi, le secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes, Léon Deffontaines, a rappelé que «les jeunes sont les premières victimes de la crise actuelle ». « Un jeune sur 5 au chômage, 1,6 million de jeunes sans aucune solution et un retard scolaire qui s’accumule. La précarité est devenue notre quotidien, a-t-il insisté. L’abstention des jeunes n’est pas inéluctable, à condition de proposer un projet politique ambitieux et cohérent.»

Le lendemain, Fabien Roussel a pris le relais : « Quand je rencontre de jeunes travailleurs, ces ouvriers dans les usines, ces infirmières dans les hôpitaux, ces enseignants dans nos écoles, tout juste formés, entrant dans la vie active et souffrant déjà d’un manque de reconnaissance, de conditions de travail pénibles, je me dis que c’est avec eux que nous redresserons le pays, que nous construirons un modèle économique qui redonne du sens et d u contenu au travail, aux emplois et qui place le bonheur de chaque être humain, son émancipation, au cœur de tous ses choix. ».

Dix mesures majeures

Les communistes, dans le texte qu’ils ont adopté, veulent également « se donner les moyens de lutter efficacement et durablement contre le racisme et les discriminations, de construire l’égalité réelle, notamment l’égalité entre femmes et hommes ». Ils proposent au final «10 mesures majeures, pour redistribuer les richesses, donner des nouveaux droits aux salarié-e-s dans l’entreprise et sécuriser l’emploi, éliminer les violences sexistes et sexuelles, définanciariser l’économie, favoriser une autre orientation de la construction européenne, moderniser et développer les services publics, relancer notre industrie au service (entre autres) de la transition écologique , réformer la fiscalité, refonder et démocratiser les institutions de la République »…

Fabien Roussel entend approfondir ce travail sur le programme en «poursuivant les rencontres et les échanges avec les autres forces de gauche et écologistes ». Mais aussi avec tous ceux qui souhaitent y apporter leur pierre. Le site Internet lafranceencommun.fr permet ainsi de recueillir les contributions dans toutes les thématiques du programme des communistes : 17 en tout, de la transition écologique à la reconquête industrielle, en passant par de nouveaux droits pour les travailleurs.

Élection présidentielle. Le PCF fait un nouveau pas vers une candidature
Lundi 12 Avril 2021 - L'Humanité

Lors d’une conférence nationale ce week-end, les communistes se sont prononcés à 66,41 % pour proposer leur propre candidat dans la course à l’Élysée. 73,57 % des délégués ont choisi Fabien Roussel pour tenir ce rôle.

 

Sous le dôme blanc de la coupole Niemeyer, place du Colonel-Fabien à Paris, le siège du PCF a pris des allures 2.0, ce week-end. Projetés sur un écran géant, quelque mille délégués communistes s’y sont retrouvés via un système de visio­conférence, restrictions sanitaires obligent. Une petite prouesse technique pour débattre de leur stratégie pour 2022. Et c’est le choix d’une candidature autonome du PCF à la présidentielle, assortie d’un « pacte d’engagements communs » pour les législatives, qui l’a emporté à une large majorité de 66,41 %, samedi, lors de cette conférence nationale. 73,57 % des délégués ont également désigné leur secrétaire national, Fabien Roussel, comme candidat. « La situation est grave et elle nécessite d’ouvrir un espoir. L’espoir de sortir notre pays de cette crise, l’espoir de changer de politique, l’espoir pour les Français d’être enfin protégés contre cette pandémie, mais aussi contre le chômage, contre la précarité et la pauvreté ! » a lancé le député du Nord, dimanche, lors d’un meeting numérique, fustigeant un Emmanuel Macron qui « prépare déjà de nouveaux sacrifices, au nom de la dette qu’il faudra rembourser “à tout prix” ».

Opération reconquête

La veille, tout au long de la journée, comme dans la matinée de dimanche, les échanges militants ont porté sur la stratégie à mettre en œuvre pour y parvenir. « Nous sommes tous d’accord sur l’objectif final : empêcher le duel Macron-Le Pen dont personne ne veut, mais surtout empêcher que la finance conserve les pleins pouvoirs dans notre pays », a résumé Fabien Roussel à l’issue des discussions, samedi. Le texte adopté en fin d’après-midi estime ainsi que la présence d’un communiste dans la course à l’Élysée permettra de « changer la donne, de faire prévaloir à gauche des solutions transformatrices, de renforcer l’influence communiste et donc celle de la gauche tout entière, d’initier une dynamique au service d’une nouvelle majorité politique, riche de sa diversité ». Un choix qui se présente, selon la formule de Christian Picquet en charge de la commission qui a rédigé le document d’orientation, comme une « action volontariste de reconquête du monde du travail, des classes populaires, de la jeunesse » afin « de ramener aux urnes celles et ceux qui s’en sont détournés, de reconstruire la confiance ».

« Pour peser, il faut exister dans un débat présidentiel qui concentre toute l’attention », ont également insisté plusieurs intervenants face à une gauche dont « la faiblesse est due, plus qu’à ses divisions, à ses renoncements », à l’instar du quinquennat Hollande. La France insoumise, qui par la voix de Jean-Luc Mélenchon a proposé aux communistes une « alliance privilégiée pour constituer un pôle populaire de rupture », n’a pas emporté plus d’adhésion. Pas davantage que « la reproduction des politiques d’accompagnement du libéralisme » ou que « le verdissement du capitalisme », « la tentation du populisme de gauche ne permettra à la gauche de se reconstruire », a jugé Christian Picquet.  Des différences de fond entre leur programme et celui de la FI ont également été mises en avant par plusieurs délégués pour expliquer leur refus de soutenir, comme en 2012 et 2017, le leader insoumis. « La FI veut assurer la bifurcation de notre économie en lançant un plan massif d’investissement de 100 milliards d’euros, mais cette proposition épargne le patronat et la finance. Nous voulons un moratoire sur les fermetures, cessions, externalisations et délocalisations, et un plan de développement d’une vingtaine de filières pour une nouvelle industrialisation, et créer ainsi 1 million d’emploi s », a, parmi d’autres exemples, pointé Karine Trottein, secrétaire du PCF du Nord.

Un « pacte pour l’espoir »

Face au risque d’élimination de la gauche dès le premier tour de la présidentielle et à celui d’une victoire de l’extrême droite, certains militants se sont toutefois prononcés pour une autre voie que la candidature autonome. « Il faut viser la victoire et donc chercher le rassemblement, s’il n’y a pas de perspectives pour faire gagner les intérêts immédiats des classes populaires alors c’est le désespoir », a notamment estimé Hugo Blossier, responsable du PCF de la Vienne. « Malgré la qualité de la campagne et du programme, les efforts intenses déployés lors des dernières élections européennes n’ont conduit à obtenir qu’un faible résultat », a également objecté Jacques Maréchal, secrétaire départemental de Moselle, estimant que « le pouvoir est fort de la division de ses adversaires ». Mais « l’option alternative » soumise au vote, qui proposait « d’interpeller et de rencontrer forces de gauche et acteurs du mouvement social pour construire une stratégie partagée dans la clarté d’un projet de rupture », autour de « dix mesures majeures », a obtenu 29,44 % des voix (4,14 % des participants s’étant abstenus). De même, un amendement plaidant en faveur d’une « clause de revoyure » en fonction de l’évolution des débats à gauche a également été rejeté, à 65,68 %.

À l’issue des débats locaux des dernières semaines, le texte d’orientation adopté à la mi-mars par le Conseil national du PCF a toutefois été légèrement modifié. La démarche de rassemblement en vue des élections législatives est précisée. « Tout au long de l’année à venir, le Parti communiste français prendra des initiatives en ce sens, est-il écrit. Nous voulons avancer vers un socle commun fait d’idées nouvelles, s’appuyant sur les luttes du monde du travail et de la culture, de la jeunesse, des mouvements sociaux, féministes, écologistes, antiracistes, démocratiques. »  Et en vue de constituer un « pacte pour l’espoir », un appel est lancé en direction « des citoyen-ne-s, des militant-e-s syndicalistes, des actrices et acteurs des mouvements populaires, des élu-e-s locaux, départementaux, régionaux, des parlementaires ». En revanche, l’amendement défendu par le président du Conseil national du PCF, Pierre Laurent, pour créer à cette fin dans « chaque circonscription, des “coopératives d’idées’’ et “un comité de rédaction national’’ » a, lui aussi, été rejeté à 59,18 %.

Les adhérents voteront en mai

Reste que, avec cette démarche, il s’agit de « bousculer tous les scénarios » et de « s’adresser aux forces de gauche, mais aussi aux salariés, aux syndicats, aux élus locaux, aux jeunes, à tous les Français, non pas pour parler d’une candidature unique, mais pour nous fixer un objectif : reprendre le pouvoir à la finance », a plaidé Fabien Roussel. Le secrétaire national veut « reconquérir les têtes et les cœurs » des abstentionnistes avec un projet de rupture avec le capitalisme, pour « une France et une Europe libérées des dominations et des exigences d’une classe minoritaire ». « Notre programme, notre ambition pour le pays, c’est de bâtir avec le peuple, avec la jeunesse, une république sociale, laïque, écologiste, féministe, démocratique enfin conforme aux aspirations de notre temps », a-t-il martelé, dimanche (lire ci-contre). Il a également invité les formations de gauche à « respecter » le choix de son parti et à « maintenir un dialogue utile » : « Nous ne sommes pas adversaires », a-t-il insisté.

Désormais, la balle est dans le camp de l’ensemble des adhérents du PCF qui seront à leur tour appelés à se prononcer par un vote du 7 au 9 mai. Ils auront à choisir entre les deux options débattues ce week-end et entre les candidats à l’investiture. Le Parisien Emmanuel Dang Tran et le Val-de-Marnais Grégoire Munck, qui ont chacun obtenu ce week-end 1,97 % des voix, figurent sur le bulletin de vote aux côtés de Fabien Roussel.

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