L’évolution de l’indice phare de la Bourse de Paris, le CAC 40, qui rend compte quotidiennement du changement de valeur des actions des quarante multinationales à base française parmi les plus importantes : BNP Paribas, Vinci, Renault, Pernod Ricard… en dit beaucoup sur la dérive actuelle du capitalisme tricolore.
Avec la crise économique, financière et sanitaire, on peut remarquer que nos géants du luxe, créateurs de bijoux, de parfums, de la bagagerie et de la mode de prestige : LVMH, le groupe de Bernard Arnault, Kering, celui de François Pinault, L’Oréal, de la famille Bettencourt, et enfin Hermès, la bande des quatre du luxe, tirent bien mieux leur épingle du jeu que les valeurs d’autres secteurs. En l’espace de seulement une année, de mars 2020 à mars 2021, le cours de l’action LVMH a progressé de 58,5 %, faisant de ce groupe la première capitalisation européenne, devant Nestlé. Si l’on classe les 40 sociétés du CAC selon la valeur boursière totale de leur capital, ces quatre groupes figurent parmi les huit premiers. Et si l’on additionne cette valeur boursière, elle équivaut à près du tiers de la capitalisation de toutes les sociétés cotées au CAC 40 (32,4 %, exactement). Il y a un peu plus de huit ans, au 1er janvier 2013, les valeurs du luxe ne représentaient que 6,6 % de l’indice. Si une bonne partie de l’humanité a dû faire des pieds et des mains pour se procurer un masque, si les hôpitaux ont été un peu partout saturés, les populations confinées, la rentabilité de la fine fleur du luxe et du dividende, elle, est restée totalement déconfinée, en pleine forme. On en arrive même à se demander si le CAC 40 n’est pas devenu l’indice du luxe.
Même la capitalisation de Total a du mal à suivre la cadence imposée, le géant pétrolier est passé de la première à la quatrième place et s’est même fait coiffer par Sanofi, le groupe pharmaceutique français, celui qui, en pleine pandémie, n’hésite pas à licencier nombre de ses chercheurs. Les valeurs industrielles et de la technologie, même celles des banques et sociétés financières, sont derrière et elles devant.
Comment expliquer un tel succès ? Sans aucun doute les investisseurs internationaux qui s’intéressent aux valeurs du CAC 40, fonds divers, spéculateurs en tout genre, considèrent-ils qu’en ce temps de croissance anémiée et de Covid-19, la clientèle internationale aisée des boutiques de luxe a davantage de moyens et d’opportunités de consommer que le « bon peuple » qui fait ses courses à Carrefour.
Notre monde capitaliste prend des allures d’Empire romain en pleine décadence. Il est temps que l’on change d’époque.
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