Enzo de Gregorio et le mouvement des Jeunes Communistes du Finistère ont écrit aux maires d'un certain nombre de communes du département pour qu'ils s'engagent pour la libération du leader palestinien embastillé Marwan Barghouti en donnant par exemple un nom de rue à ce Parlementaire palestinien très populaire emprisonné depuis 2002 par Israël.
Le Télégramme du jour.
Signez la pétition de la JC pour la libération de Marwan Barghouti
Ce procès à largement été condamné à l'international par de nombreux observateurs, notamment le sénateur communiste Jean Claude Lefort et l'avocate Gisèle Halimi.
En prison depuis dix-neuf ans, le dirigeant du Fatah est donné vainqueur à la présidentielle en cas de candidature. Pour les législatives, cette figure palestinienne soutient une liste dissidente.
Face à l’effritement de son pouvoir, la colère dans les villes et les camps de réfugiés, tant en Cisjordanie qu’à Gaza, et l’illégitimité qui le gagne (la dernière élection présidentielle palestinienne s’est déroulée en mars 2005 et les législatives en janvier 2006), le président palestinien, Mahmoud Abbas, se devait de réagir.
36 listes et une surprise
Mi-janvier, il a annoncé que le scrutin parlementaire se tiendrait le 22 mai, la présidentielle le 31 juillet et le renouvellement du Conseil national palestinien, la plus haute instance décisionnelle de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), le 31 août. Une décision attendue avec impatience : plus de 93 % des Palestiniens en âge de voter se sont inscrits pour pouvoir le faire.
La Commission électorale centrale palestinienne (PCEC) a fait savoir que 36 listes de candidats avaient été enregistrées pour ce scrutin à la proportionnelle intégrale où au moins deux femmes doivent être parmi les dix premiers et représenter 26 % de l’ensemble. La surprise est venue de Marwan Barghouti, la figure politique palestinienne la plus populaire.
Une détermination intacte
Condamné à cinq peines de prison à perpétuité et à quarante ans de prison au cours d’un procès totalement illégal puisqu’il était député et a été enlevé en territoire palestinien par l’armée d’occupation en avril 2002, Marwan Barghouti n’a pas cessé de lutter. Malgré ses 19 ans d’emprisonnement, il a gardé la détermination des premiers jours. Le journal israélien Haaretz va même jusqu’à le décrire comme « l’homme qui pourrait mener son peuple à l’indépendance ».
Bien que membre du Fatah, il a décidé de soutenir une liste baptisée « Liberté », qui sera dirigée par Nasser Al Kidwa, neveu de Yasser Arafat, ancien ministre des Affaires étrangères, et dont la figure numéro 2 ne sera autre que Fadwa Barghouti, son épouse. « Nous espérons que cette liste mènera à la démocratie, a déclaré cette dernière. Nous avons enregistré cette liste et nous espérons qu’elle réussira. »
La corruption gangrène le Fatah
Si Marwan Barghouti s’engage derrière une liste classée comme indépendante et ne soutient pas celle de son parti, dont il est membre du comité central (mais des rumeurs disent qu’il vient d’être exclu de la formation historique, comme c’est officiellement le cas pour Nasser Al Kidwa), c’est parce que les discussions avec Mahmoud Abbas sur la constitution d’une liste large, incluant des Fatawis (membres du Fatah) et des personnalités reconnues pour leur intégrité, n’ont pas abouti.
À l’heure où la corruption gangrène le Fatah et où cette formation est engluée dans une cogestion de l’occupation via l’Autorité palestinienne et les accords de coopération sécuritaire avec Israël, il fallait donner un signal aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza.
Les formations de gauche partent désunies
D’autant que le Hamas entend bien tirer les marrons du feu et que Mohammed Dahlan, ancienne figure du Fatah, parti aux Émirats arabes unis, devenu homme lige des monarchies du Golfe, entend bien redistribuer les cartes. Les formations de gauche partent désunies. Les communistes du Parti du peuple palestinien (PPP), avec Fadwa Khader en tête, dirigeront une liste formée avec le Fida. Mais le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) fera cavalier seul.
Selon le Palestinian Center for Policy and Survey Research, qui a effectué un sondage récemment, la participation électorale serait de 79 %. Le Hamas obtiendrait 27 % des suffrages, contre 24 % au Fatah, 20 % à « Liberté », soutenue par Barghouti, et 7 % à la liste « Avenir » de Dahlan. Dans cet affrontement de mastodontes, les partis de gauche sont crédités de peu de voix. Mais tous les regards se portent également vers la présidentielle.
L’argumentaire du Fatah contre la liste où figure Fadwa Barghouti est sans surprise : la multiplication des listes favoriserait le Hamas.
Marwan Barghouti candidat écraserait ses adversaires avec 22 % des voix, contre 14 % à Ismaël Haniyeh, du Hamas, 9 % à Mahmoud Abbas et 7 % à Dahlan. Depuis plusieurs semaines maintenant, Nasser Al Kidwa a fait savoir qu’il soutiendrait la candidature de Marwan Barghouti « sans réserve et avec force ».
L’argumentaire du Fatah contre la liste où figure Fadwa Barghouti est sans surprise : la multiplication des listes favoriserait le Hamas. Si l’on en croit les sondages et d’un point de vue purement arithmétique, c’est vrai.
Redonner un sens à la lutte
En termes politiques, il en va tout autrement. Nombreux sont les Palestiniens toujours attachés au Fatah en tant qu’organisation fondée par Yasser Arafat et au rôle historique évident mais peu enclins à voter pour lui au vu des figures le représentant : du vieillissant Mahmoud Abbas, 85 ans, aux jeunes (ou moins jeunes) loups qui veulent se partager une poule aux œufs d’or sans aucune initiative nouvelle capable de redonner un sens à la lutte du mouvement national contre l’occupation et la colonisation. Alors que Marwan Barghouti représente bien ce combat aux yeux des Palestiniens. La liste qu’il soutient pourrait aussi éviter une hémorragie de voix vers le Hamas.
Tout peut encore bouger
D’ici aux élections, tout peut encore bouger. Mahmoud Abbas et ses partisans vont sans doute tenter d’intégrer la liste « Liberté » dans la leur. À quelles conditions ? C’est la question. Mais déjà ils brandissent une possible annulation de la tenue du scrutin si Israël ne permet pas aux Palestiniens de Jérusalem-Est de participer aux élections.
Une condition réelle mais qui apparaît comme une ultime manœuvre de la part d’un clan au pouvoir prêt à s’entendre avec le Hamas plutôt qu’à écouter les revendications des Palestiniens. Ces derniers ont hâte de s’exprimer et attendent un signal de mobilisation et d’encouragement pour renforcer la résistance populaire.
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