une délégation d'élus et de militants communistes du Pays de Morlaix est venue cet après-midi, 24 mars, soutenir le mouvement des acteurs du monde de la culture et des intermittents du spectacle
Après Lucienne Nayet la veille, une délégation d'élus et de militants communistes du Pays de Morlaix (Daniel Ravasio, Corentin Derrien, Martine Carn, Pietro d'Oriano, Marie Françoise Madec Jacob, Lucienne Nayet, Patrick Gambache, Ismael Dupont) est venue cet après-midi, 24 mars, soutenir le mouvement des acteurs du monde de la culture et des intermittents du spectacle pour la réouverture des lieux de culture et contre la réforme de l'assurance chômage, frappant les intermittents, artistes et techniciens, mais pas que, bien sûr.
Pendant que les profits explosent pour quelques milliardaires et actionnaires d'entreprises du CAC 40, ce sont des centaines de milliers de chômeurs, de travailleurs précaires, par intermittence, qui trinquent avec la réforme de l'assurance chômage. C'est toute la société qui est privée d'une grande partie des créations culturelles et artistiques et de ses libertés par un gouvernement incapable d'organiser son système de santé et la protection sanitaire par un accès généralisé aux vaccins et aux dépistages.
Un mouvement ouvert et inclusif d'occupation avec des agoras chaque jour permettant à tous, et tous les citoyens venus les soutenir, de s'exprimer, des initiatives créatives, fraternelles et joyeuses!
Le Théâtre de Morlaix fait partie des quatre lieux de culture finisteriens, avec le Théâtre de Cornouaille, le Quartz, la salle de spectacle de Plouguerneau, et d'autres salles comme le Carré Magique à Lannion que sont venus soutenir nos camarades costarmoricains du PCF hier, occupés pour que la culture et ses acteurs, la qualité de sens, de joie, d'imaginaire, d'intelligence critique qu'ils créent, soient considérés comme des biens essentiels, même en temps d'épidémie, et que tout ne soit pas sacrifié à l'économie marchande!
Un mouvement remarquable pour réveiller les consciences et l'esprit de liberté la population, pour arrêter de faire payer la culture.
Le collectif qui occupe le théâtre, composé d'intermittents, d'artistes, de techniciens, invite les citoyens du pays de Morlaix à venir échanger au Théâtre et tous les soirs à 17h, 17h30, sur l'esplanade en extérieur, devant le théâtre, dans le respect des gestes barrières et des protections sanitaires.
Par Pierre Dharréville, délégué national du PCF à la culture et député PCF des Bouches- du-Rhône.
Madame la ministre,
Vous avez annoncé en reprenant Pablo Neruda, que « le printemps est inexorable ». Cette formule, le grand poète communiste chilien l’appuyait sur un constat : « Pourtant, il existe des gens qui croient au changement, des gens qui ont pratiqué le changement, qui l’ont fait triompher, qui l’ont fait fleurir… » Or les choses sont clairement établies : le gouvernement n’en fait pas partie. Il en fait d’autant moins partie qu’il confirme à chaque étape son choix du sacrifice de la culture. Elle n’a jamais été dans les priorités de la Macronie, mais voici désormais bientôt un an qu’elle est sous l’étouffoir.
A plusieurs reprises, l’exécutif a été pris en flagrant délit de l’oublier. En réalité, il n’y a pas d’oubli : elle ne fait tout simplement pas partie des choses essentielles à ses yeux. La crise dans laquelle se débat notre pays comme toute l’humanité n’est plus depuis longtemps seulement une crise sanitaire. Nos esprits se dessèchent de n’être plus suffisamment alimentés, sollicités, interrogés, bousculés, transportés…
Qu’on se rassure pourtant, tout n’est pas empêché : les cadors de l’industrie culturelle, ceux qui en font une marchandise standardisée, prennent cette situation comme un tremplin. Vous avez opposé dans une rhétorique un peu facile la création supposée élitiste d’un côté et les usages supposés populaires de l’autre, l’une étant à l’arrêt, l’autre perdurant.
Certes tout accès à des créations n’est pas éteint. Certes, l’art se pratique encore dans les soupentes. Certes, il s’en partage encore tant soit peu sur les réseaux et à travers les écrans. Certes, des compagnies se préparent à un insaisissable recommencement.
Non, l’aspiration à la culture n’a pas disparu. Mais elle peut aussi s’étioler, se perdre, se dissoudre. Nous le savons à l’heure où la raison est si souvent malmenée par le complot et la politique par les populismes. Et dans ce désert où les propositions sont aussi rares que des oasis, se fabriquent de nouvelles normes qui en viennent à formater les désirs. Il dépérit, le peuple qui ne danse plus, qui ne monte plus sur les planches, qui ne rit plus, qui ne s’émerveille plus, qui ne se rencontre plus, qui ne rêve plus.
Vous auriez tort de penser que les manifestations qui appellent à rouvrir l’espace de la culture sont des enfantillages de professionnels bohèmes et élitistes. Tandis que vous vous méprenez sur la dangerosité du blackout culturel, ils ne se méprennent pas sur la dangerosité du virus. Ce qui est à l’œuvre ne met pas seulement en cause leur existence présente et à venir, mais crée les conditions de la décivilisation.
Vous avez pointé du doigt pour vous excuser la « faiblesse chronique de la réflexion des partis politiques sur l’enjeu culturel ». Parlez pour votre camp. Pour ce qui nous concerne, nous n’avons de cesse que d’agir pour en faire un enjeu central car elle est la condition de la politique, et plus profondément la condition de l’émancipation humaine. C’est pourquoi nous refusons de la laisser entre les mains du marché ou des identitaires de toutes obédiences. Les communistes français ont joué un très grand rôle dans le développement des politiques publiques de l’art et de la culture ainsi que de leur démocratisation ; ils sont toujours porteurs d’un projet émancipateur de refondation qui donnerait un nouveau souffle à la création artistique et à la démocratie culturelle. Ouvrez donc des espaces pour en discuter. Dans l’immédiat nous vous demandons donc derechef la réouverture des lieux de culture accompagnées de conditions sanitaires adéquates, ainsi que le développement significatif de la commande publique et des soutiens financiers correspondants.
Plutôt que l’extinction des feux, le moment que nous vivons appelle à changer de modèle. Il appelle à changer notre rapport à l’acte de création. Levez le rideau !
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