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28 janvier 2021 4 28 /01 /janvier /2021 09:14

Le kilo de carcasse de porc n’est payé que 1,20 € aux éleveurs depuis l’automne 2020 et ce prix ne couvre pas les coûts de production. Néanmoins, les promotions des grandes surfaces proposent en ce début d’année des prix de braderie à 1,48 € pour le kilo de côtes de porc et 1,43 € le kilo de rouelle, une pièce à rôtir taillée dans le jambon frais. Ces braderies prouvent que la loi Egalim promise par Emmanuel Macron pour tenir compte des coûts de production et votée en 2018 par sa majorité parlementaire n’a rien apporté aux éleveurs.

Par Gérard Le Puill

 

Dans un communiqué diffusé le 14 janvier dernier, la Fédération nationale porcine (FNP), affiliée à la FNSEA, appelait les consommateurs à « relancer la consommation de porc français pour éviter l’engorgement des élevages ». Elle se disait favorable aux « promos pour déjouer la concurrence et attirer les clients ». Puis elle ajoutait dans ce même texte : « pas à des prix si bas qui ne veulent plus rien dire ! Non à la course permanente au moins disant dans tous les domaines. Non au manque de respect du travail des éleveurs et de leurs partenaires ! ». Dans ce même communiqué, la FNP protestait contre le fait que le prix du kilo de côtes de porc était affiché à 1,48 € dans de nombreux magasins lors des promotions au début de ce mois de janvier.

Ces prix proposés aux consommateurs pour de la vente en découpe sont à peine plus élevés que le celui du kilo de carcasse payé aux éleveurs, lequel cote 1,20 € en moyenne depuis l’automne dernier sur le marché au cadran de Plérin dans les Côtes d’Armor. Ce prix ne couvre pas les coûts de production. Mais l’appel de la FNP n’a pas été entendu par la chaîne des magasins Leclerc. Cette dernière vient de faire distribuer dans les boîtes aux lettres des habitants d’Ile-de-France un dépliant publicitaire dans lesquels elle propose de la rouelle de porc une belle pièce à rôtir à seulement 1,43 € le kilo du 26 au 30 janvier.

Quand les promos favorisent les achats opportunistes

Les récriminations de la FNP contre les prix bradés en grande surface figuraient dans le bulletin hebdomadaire de « Culture viande » publié par « les entreprises françaises des viandes » le 15 janvier. Il nous informait, qu’en France, « les opérations de promotion à bas prix des GMS (grandes et moyennes surfaces, ndlr) ont dopé les ventes. Les abattages du Grand Ouest ont totalisé 414 000 porcs, soit le plus haut niveau depuis dix ans. Dans le même temps, les activités à l’exportation notamment vers la Chine se maintiennent. Toutefois, les prix demeurent stables (à 1,20 € le kilo de carcasse, ndlr) dans un marché redevenu lourd, maintenant que les congélateurs des consommateurs sont pleins ».

C’est une manière de reconnaître que les promotions favorisent des achats opportunistes pour la congélation afin de faire des économies, ce qui n’est guère possible pour les petits budgets. Dans un pays ou la consommation de viande porcine, charcuterie comprise, s’élève à 33 kg par an et par habitant en moyenne, pousser à consommer plus n’est pas la meilleure façon de réduire le bilan carbone de notre assiette. Surtout quand les tourteaux de soja importés d’Amérique du sud pour nourrir les cochons européens accélèrent la déforestation en Amazonie, comme l’a montré un documentaire diffusé dimanche soir sur France 5.

En janvier 2020, le porc breton cotait 1,69 € le kilo sur le marché au cadran de Plérin. Ce prix rémunérateur était alors tiré par les importations de la Chine qui manquait de viande porcine, suite aux abattages massifs dans ce pays pour éradiquer la peste porcine africaine. En Europe, son principal fournisseur était l’Allemagne. Mais, ces derniers mois, de nombreux sangliers sont morts de la peste porcine africaine sur le territoire allemand. Du coup, bien que pas un seul élevage porcin ne soit atteint par cette pandémie outre Rhin, la Chine a stoppé toute importation de viande porcine en provenance d’Allemagne par simple précaution sanitaire. Elle a, parallèlement, augmenté ses achats en provenance d’Amérique du nord et du sud. Conséquence, le surplus de viande porcine allemande doit être écoulé sur le marché européen. Le volume de l’offre étant plus élevé que la demande en dépit des promotions, le prix du porc au départ de la ferme a chuté de 30 % en moins d’un an dans notre pays.

Une hausse sensible et durable des coûts de production

Cette chute des cours se prolonge alors que les prix des aliments du bétail sont en hausse sensible depuis le début de l’automne 2020. Alors qu’elle se vendait moins de 170 € en octobre 2020, la tonne de maïs cotait 215 € le 18 janvier au marché de Creil. Entre ces deux dates, le prix de la tonne d’orge est également passé de 160 à 219 €. Entre juillet 2 020 et janvier 2021, le prix de la tonne de tourteaux de soja importés d’Amérique du nord et du sud et rendue dans les ports de Lorient ou de Montoir est passé de 320 à 450 €.

À FranceAgriMer, la réunion mensuelle du « Conseil spécialisé Grandes cultures marché spécialisé » qui s’est tenu à Montreuil le 13 janvier faisait état d’exportations en hausse vers les pays tiers pour le blé, pour l’orge et pour le maïs produits en France. « Au total, le stock de maïs français de fin de campagne, se tiendrait à moins de 1,9 million de tonnes, niveau historiquement bas », lisait-on dans le compte rendu de cette réunion. Marc Zribi, chef de l’unité Grain et sucre de FranceAgriMer, explique que la hausse des cours mondiaux du maïs est partie du continent américain de la manière suivante :

« Ainsi, le rapport USDA prévoit une production de 360 millions de tonnes aux États-Unis, une estimation en baisse de 8 millions de tonnes par rapport au mois dernier, et des exportations en baisse de 3 millions de tonnes à 65 millions de tonnes. L’Argentine et le Brésil devraient aussi connaître des baisses de productions. Or, dans le même temps, les importations de la Chine sont attendues en forte hausse à 17 millions de tonnes contre 16 millions de tonnes en décembre. Finalement, le bilan de l’offre et d’a demande se tend au niveau mondial ».

Et que devient la promesse d’Emmanuel Macron ?

Un pays comme la France pourrait produire moins de céréales pour l’exportation et cultiver davantage de protéines végétales comme le soja, le pois et la féverole pour nourrir le bétail. Moins dépendre des importations de soja an apporterait plus de stabilité dans le prix des aliments du bétail. D’autant plus que l’actuel président de la République avait fait la promesse suivante aux paysans lors de son discours du 11 octobre 2017 à Rungis : « Nous modifierons la loi pour inverser cette construction du prix qui doit pouvoir partir des coûts de production (…) et je souhaite que les négociations commerciales qui commencent dès novembre puissent refléter l’état d’esprit de la loi à venir et faire l’objet d’un engagement de toutes les parties à ces négociations sous l’autorité des ministres ».

Près de 40 mois ont passé depuis et la loi EGALIM qu’il promettait aux paysans fut votée en octobre 2 018. Mais, cette année, évoquant la négociation en cours entre les enseignes de la distribution et leurs fournisseurs de produits transformés appelés à être référencés pour 12 mois à partir de mois de mars dans les linéaires des magasins, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA et éleveuse de porcs dans le Maine et Loire, révélait récemment que les distributeurs « veulent des rabais moyens de 4 % sur le prix d’entrée en magasin », quelle que soit l’évolution des coûts de production chez leurs fournisseurs.

Encore une promesse non tenue du président Macron.

 

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