Le débat en vue des élections de 2022 est officiellement ouvert au PCF. Lors d’un conseil national réuni ce samedi, la direction de la formation a adopté une résolution lançant un appel à contributions et à candidatures pour la présidentielle en vue d’une conférence nationale en avril. Celle-ci devrait réunir 1 000 délégués, via un système de visio entre réunions décentralisées, avant un vote de tous les militants du 7 au 9 mai. Même si le PCF continue de « contester sa primauté », l’élection du chef de l’Etat est « un temps majeur du débat politique dans le pays », a rappelé le secrétaire national du PCF Fabien Roussel en ouverture des travaux, samedi. « Nous n’y avons pas participé depuis près de 15 ans désormais, en tout cas, pas en tant que force politique qui présente un candidat et un projet pour le pays, a-t-il poursuivi. Nous allons donc désormais engager le débat et nous préparer à ces échéances présidentielle et législatives ». La prochaine étape de ce débat interne aura lieu le 13 mars avec la présentation d’un projet de texte rédigé à partir des contributions militantes et d’une série d’auditions de personnalités du monde syndical ou encore associatif, menée par une commission présidée par Éliane Assassi et Christian Picquet. À cette date, les aspirants candidats devront également s’être fait connaître. « Je répondrai à l’appel à candidatures », a pour sa part déjà confirmé Fabien Roussel qui a reçu de multiples soutiens ce samedi.
En amont de la dernière présidentielle de 2017, le choix stratégique des communistes - qui in fine avaient soutenu la candidature de Jean Luc Mélenchon - avait donné lieu à de vifs débats et à un 38 econgrès, en 2018, empreint de la volonté de réaffirmer la présence du PCF dans le paysage politique. Cette fois, les premiers échanges sont marqués par le risque de voir l’extrême droite franchir les portes du pouvoir et par l’état de faiblesse de la gauche au sein de laquelle de multiples candidatures s’annoncent. « Le PCF va-t-il laisser faire en contribuant à la division ? », ont ainsi interrogé quelques voix ce samedi. À l’inverse, pour les partisans d’une candidature autonome, celle-ci est nécessaire « pas seulement dans une logique d’affirmation de notre identité mais parce que c’est le moyen de peser sur la reconstruction d’une gauche porteuse réellement de perspectives de changement », a notamment plaidé Christian Picquet. « L’objectif est bien d’aller reconquérir les cœurs et les consciences d’un électorat populaire perdu, déçu, qui ne vote plus ni pour les uns ni pour les autres, voire qui se trompe de colère en votant à droite ou à l’extrême droite », juge également Fabien Roussel. Et d’insister également sur l’importance des législatives : « quel que soit le résultat de la présidentielle, nous devrons renforcer le poids de la gauche à l’Assemblée, et donc celui du groupe communiste, voire construire une majorité si les conditions le permettent ».
La perspective de 2022 n’éclipse pas pour autant les échéances régionales et départementales de 2021. Il s’agit pour le PCF d’y « porter des propositions ambitieuses » notamment en matière de services publics, d’emploi, de lutte contre la pauvreté ou d’écologie, comme de « chercher le rassemblement le plus large au premier puis au second tour » à gauche, a rappelé samedi Fabien Roussel, également candidat dans les Hauts-de-France. Dans cette région, comme en Normandie ou en Auvergne Rhône-Alpes, les communistes visent la tête d’une liste de rassemblement de la gauche, les négociations avec les autres formations étant encore en cours. Dans deux autres régions – l’Ile-de-France et l’Occitanie – les adhérents se sont prononcés par un vote ce week-end. En Occitanie, les résultats n’étaient pas encore définitifs à l’heure où ces lignes étaient écrites, du fait des possibilités de votes par correspondance. En Ile-de-France, sur fond de tensions sur les modalités d’organisation, ils ont choisi à 58,37 % une liste de rassemblement conduite par la députée insoumise Clémentine Autain. Ils ont également élu à 77% leur présidente de groupe au Conseil régional, Céline Malaisé, comme leur cheffe de file.
C’est aussi à agir dès maintenant face à la crise sanitaire et à la gestion chaotique du gouvernement, qu’ont invité les communistes, ce samedi, dans leur résolution. « Des mesures difficiles parce que contraignantes, pour lutter contre cette flambée épidémique, peuvent être prises s’il y a de la transparence, une trajectoire à moyen et long terme, une politique économique et sociale efficace qui empêche les plans sociaux, la pauvreté, une campagne de vaccinations de masse et un soutien à nos hôpitaux publics », estime le député du Nord qui propose un « pacte avec les Français » en ce sens. Campagne pour un accès libre et gratuit des vaccins à tous les peuples, intitulée « Pas de profit sur la pandémie », amplification des mobilisations sociales dans tous secteurs, ou encore pour un plan d’urgence pour les jeunes sont au programme des prochaines semaines.
Amplifier les mobilisations sociales, construire l’alternative dans les luttes et les échéances électorales de 2021 et 2022 !
résolution du conseil national du PCF — 30 janvier 2021
Un an après le début de la pandémie, Emmanuel Macron et le gouvernement Castex s’enferment un peu plus chaque jour dans des logiques capitalistes et autoritaires incapables de répondre aux besoins de nos concitoyens.
Si la décision d’un troisième confinement était rendue nécessaire par l’arrivée de nouveaux variants du virus, cela ne doit pas masquer l’échec de la politique sanitaire du pouvoir. Après le fiasco des masques et des tests, l’inefficacité de la stratégie de vaccination est un nouveau scandale d’État.
Au lieu d’infantiliser les Français, l’heure est à embaucher dans l’hôpital public et les Ehpad et à construire avec les habitants, les travailleurs, les élus locaux une politique de test et de vaccination à la hauteur des besoin du pays. Il ne peut y avoir de stratégie sanitaire efficace sans démocratie sanitaire. La transparence, la maîtrise publique et citoyenne de la politique de santé, la coopération de l’État avec le Parlement et les élus, les collectivités locales, les acteurs sociaux sont des nécessités.
Le fait que la France, sixième puissance mondiale, ne parvienne pas à répondre aux besoins du pays est une humiliation ! L’échec de Sanofi sur le vaccin et les destructions d’emplois programmées sont un crime industriel et sanitaire. Force est de constater que le pouvoir accompagne les grands groupes, en particulier les laboratoires pharmaceutiques, dans le seul objectif de faire du profit sur la pandémie. Nous exigeons l'interdiction du plan de suppressions d'emploi de Sanofi, notamment dans la recherche. Nous exigeons des laboratoires la levée des droits sur les brevets. Nous organiserons dans les prochains mois des assises du médicament.
➔ Le conseil national du PCF appelle à amplifier la campagne pour un accès libre et gratuit des vaccins à tous les peuples, intitulée « Pas de profit sur la pandémie » dans le cadre de l’initiative citoyenne européenne.
Sur le plan économique et social, les plans de licenciements des grands groupes qui se multiplient sont inacceptables. En cumul, depuis le 1er mars, 84 100 ruptures de contrats de travail ont été envisagées dans le cadre de PSE, soit près de trois fois plus que sur la même période l’année précédente. Et des milliers de petites et moyennes entreprises font faillite.
➔ Le conseil national du PCF appelle à amplifier les mobilisations sociales dans tous secteurs, à participer massivement à la journée d’action interprofessionnelle du 4 février et à agir dans tous les domaines pour une nouvelle industrialisation et le développement des services publics. C’est le sens des états généraux de l’énergie qui débuteront le 13 février prochain.
La pauvreté atteint un niveau inédit depuis la Seconde Guerre mondiale, touchant plus de 10 millions de personnes dans notre pays. Et pendant ce temps, les interventions massives de la BCE et les aides publiques de l’État ont surtout nourri le capital et fait grimper les cours de bourse et les milliardaires français ont gagné 175 milliards d’euros entre mars et décembre 2020, soit deux fois le budget de l’hôpital public ! Ils ont retrouvé leur niveau de fortune en neuf mois quand il faudra plus de dix ans aux plus pauvres pour s’en relever. Les femmes sont particulièrement touchées.
➔ Le conseil national du PCF appelle à se mobiliser avec les habitants des quartiers populaires contre la misère, le racisme, les discriminations et les inégalités, à développer les actions de solidarité concrète, à faire connaître largement notre projet de sécurisation de l’emploi et de la formation visant à éradiquer le chômage et la précarité par de nouvelles mesures de sécurité sociale pour chacune et chacun.
Cela implique de poursuivre notre bataille pour l'emploi et sa sécurisation, tout particulièrement à partir des besoins de création d'emploi et de formation dans la filière santé, de l'industrie à l'hôpital en passant par la recherche ; des mobilisations contre les plans sociaux des grands groupes et pour une transformation productive ; des exigences de la jeunesse ; de la situation des TPE-PME ; des exigences de contrôle des aides publiques et du chômage partiel.
Cela implique une toute autre utilisation de l’argent, des richesses créées par les travailleurs dont le pouvoir d’intervention doit grandir dans les entreprises et les services et de nouvelles institutions démocratiques à tous les niveaux.
Alors que les lycéens, les étudiants et les jeunes travailleurs du pays souffrent fortement de la crise, la politique du pouvoir n’apporte pas de réponse à la hauteur de leurs besoins. Pire, les inégalités s’aggravent car le gouvernement prend prétexte de la crise sanitaire pour accélérer les politiques libérales dans l’éducation en visant la fin de l’école unique, n’assure même pas aux jeunes le filet de sécurité que pourrait constituer le RSA. Nous ne voulons pas d’une génération sacrifiée !
➔ Le conseil national du PCF appelle à la mobilisation pour un plan d’urgence pour les jeunes et pour des états généraux de l’éducation comme l’ont réclamé récemment 100 personnalités issues du monde de l’éducation.
Dans ce contexte, les échéances électorales, départementales et régionales prévues en 2021, présidentielle et législatives en 2022, seront décisives pour construire une alternative de gauche et écologiste à Emmanuel Macron, à la droite et l’extrême droite, avec une influence des communistes renforcée.
➔ Pour y parvenir, le conseil national du PCF appelle :
à partager largement les projets communistes pour nos départements et nos régions, à agir jusqu’au bout pour les rassemblements les plus larges possibles pour faire gagner la gauche et faire élire le plus grand nombre possibles d’élus communistes pour les mettre en œuvre ;
à engager le débat avec les Français sur le projet pour le pays et le rassemblement à faire progresser pour ouvrir à la France une perspective d’espoir, qui rompe résolument avec la domination mortifère du capital comme avec les politiques néolibérales conduites depuis trop longtemps au sommet de l’État, et tout particulièrement celles que mène l’actuel pouvoir macronien.
Concernant les échéances de 2022,
Il appartient d’ores et déjà aux communistes de s’emparer des enjeux de ce rendez-vous politique qui sera décisif pour notre parti.
Le conseil national du PCF appelle à l’organisation du débat dès à présent à tous les niveaux du parti sur la présidentielle et les législatives afin de nourrir ce travail par des contributions individuelles ou collectives qui seront mis à disposition à travers la lettre d’information CommunisteS puis sur un site internet national dédié.
La commission nationale du texte est au travail et présentera un projet de texte au conseil national du 13 mars. Toutes les organisations du parti, tous les communistes, seront alors appelés à contribuer à ce projet de texte en vue de la conférence nationale des 10 et 11 avril qui devra adopter un texte définitif et le bulletin de vote.
Les communistes voteront du 7 au 9 mai sur leurs choix pour les échéances de 2022. Le Conseil national du PCF, pour créer les conditions d’une candidature communiste à la présidentielle, lance ce jour l’appel à candidature à cette élection. Cet appel sera clôt le 13 mars au matin et les communistes seront informés des candidatures reçues.
Paris, le 30 janvier 2021
Conseil national du PCF
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