La France, pays parmi les plus riches de toute la planète, compte 10 millions de pauvres selon l'Insee, dont un tiers d'enfants.
Face à cette situation qui s'aggrave avec la crise du Covid-19, l'Assemblée Nationale a débattu, mardi soir, des politiques de lutte contre la pauvreté. "Nous partageons la volonté de lutte, voire d'éradiquer un jour la pauvreté", a d'emblée indiqué Olivier Véran. Mais le ministre des Solidarités et de la Santé a aussi eu cette curieuse formule: il a comparé la misère à une "pandémie pour laquelle nous n'aurions pas identifié de vaccin".
Ah bon? A l'entendre, la solution de l'égale répartition des richesses n'existe pas. Le gouvernement défend même l'inverse, lui qui ne cesse d'appliquer la théorie du ruissellement.
Selon la Macronie, il faudrait aider les riches pour que cela retombe enfin sur les pauvres. Aucune étude ne démontre pourtant que ça fonctionne, et la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) a même prouvé l'inverse, selon un rapport sénatorial.
La France compte aujourd'hui 95 milliardaires, soit trois fois plus qu'il y a 10 ans. Cela a t-il bénéficié à quelqu'un d'autre qu'eux?
Le taux de pauvreté chez les 18-29 ans, lui, a progressé de 50% entre 2002 et 2018. Si tout n'est pas imputable à Emmanuel Macron, le président appelle pourtant les jeunes à vouloir devenir milliardaires et donc à capter, individuellement, un maximum de richesses.
ll refuse que le revenu minimum soit au-dessus du seuil de pauvreté et vante un capitalisme qui porte en lui la misère. Mise en concurrence des travailleurs? Organisation du chômage de masse? Marchandisation des services et biens communs? Chantage de la dette? Casse du code du travail? La réalité, c'est que bien des gouvernements inoculent le virus de la pauvreté à nos sociétés, tout en passant le minimum de pommade nécessaire...
Aurélien Soucheyre, L'Humanité, vendredi 15 janvier 2021
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