Photo Pierre-Yvon Boisnard - Discours de Glenn Le Saoût pour les organisations politiques appelant au rassemblement, 28.11.2020
Comme dans toute la France et en Bretagne (4500 manifestants à Rennes, 1000 à Quimper, 500 à Saint-Malo) une très forte mobilisation à Morlaix contre la loi sécurité globale et la banalisation des violences policières tolérées et encouragées par le gouvernement. Cela faisait un moment qu'on avait pas vu autant de monde à manifester dans la coté du Viaduc.
La deuxième des deux manifestations organisées ce samedi, à Morlaix, contre le projet de loi sur la « Sécurité globale », a attiré 600 personnes. Une très belle mobilisation pour ce rassemblement initié par un communiqué et un appel au rassemblement commun d'une quinzaine d'organisations:
" La discussion sur la loi dite « sécurité globale » a commencé en première lecture à l’Assemblée nationale ce mardi 17 novembre.
Cette loi est attentatoire aux libertés publiques.
Nous dénonçons l’atteinte portée à la liberté de la presse et au droit à l’information. En effet, si les autorités publiques, police et gendarmerie, des autorités privées, et de la SNCF, peuvent plus facilement capter des images des particuliers, l’inverse sera interdit.
Cette loi condamne « le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un agent de la police nationale ou de la gendarmerie nationale autre que son numéro d’identification individuel ».
Toutes ces mesures sont l’expression d’une dérive autoritaire du Gouvernement. Non seulement elles ne protégeront personne, mais en plus, elles créeront les conditions d’une répression accrue des mobilisations sociales : restriction du droit de manifester, surveillance et répression des manifestants, impunité des policiers violents, restriction de la liberté de la presse et du droit d’information.
Plus avant dans la révolution de la culture policière, la police nationale et les polices municipales devront participer au « continuum de sécurité », en impliquant les sociétés privées de sécurité à des activités de sécurité publique. Elles seront satisfaites de voir confier à des sociétés privées l’utilisation de drones contrôlant des manifestations de rue ou portant atteinte à l’intimité des citoyens.
En additionnant les 30 000 policiers municipaux aux 150 000 fonctionnaires de la police nationale et aux 170 000 employés des sociétés privées de sécurité, l’Etat pourrait disposer d’environ 350 000 membres des forces de maintien de l’ordre et de sécurité intérieure, sans compter les 99 000 militaires de la gendarmerie nationale.
Grâce à la loi « sécurité globale », l’Etat pourrait avoir à sa disposition répressive, au quotidien, pas loin d’un demi-million d’agents du maintien de l’ordre et de la sécurité intérieure, soit un potentiel ratio d’environ un fonctionnaire des forces intérieures pour 150 habitants (contre un pour 281 en 2018), la France devenant le premier pays sécuritaire de l’Union européenne.
Par ailleurs, Plusieurs centaines de migrants, en errance depuis l’évacuation d’un important camp d’exilés la semaine dernière, ont monté, lundi 23 novembre, un nouveau campement dans le centre de Paris, que les forces de l’ordre ont aussitôt démantelé sans ménagement. Une chasse à la misère à coup de matraques dans la capitale, ou, pour répondre à une urgence sociale, des policiers ont été déployés en masse. Sous des tirs de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement, avec un usage intensif de ces derniers, des centaines de migrant.e.s ainsi que différents soutiens et même des élu.e.s ont été violemment dispersés dans les rues alentour.
Darmanin fait maintenant mine de s’interroger sur la violence utilisée par la police hier, évoquant des images « choquantes »… Quelle hypocrisie alors que lui et le gouvernement auquel il appartient refusent d’apporter le moindre début de réponse, en dépit des différentes manifestations réussies ces derniers mois à l’initiative de la Marche des solidarités. Leur seule politique est de repousser hors de la capitale les migrants, qu’importe les risques sanitaires et la très grande précarité à laquelle ils et elles sont livrés… Quelle hypocrisie, en outre, de la part de celui qui veut précisément empêcher de diffuser les images de violences policières !
Cet énième épisode de violence policière ne fait que suivre une logique dictée par un gouvernement aux aboies prêt à tout pour museler les révoltes des lycéens ou précédemment des gilets jaunes. Tout ceci la veille au soir du vote solennel à l’assemblée de la loi « Sécurité Globale » apparaît comme le triste symbole des dérives autoritaires de ce gouvernement.
Mercredi 25 Novembre, un producteur de musique s'est fait littéralement tabasser par trois policiers. Pendant de longues minutes, il a subi coups et insultes racistes. Un tel acharnement est indigne d'une police républicaine. Si l’article 24 était en application, il aurait été interdit de filmer cette agression. Elle n’aurait pas été connue et vue. Ce citoyen n’aurait pas pu se défendre.
Le refus du gouvernement de se mobiliser contre les violences d'une minorité d'agents porte atteinte à l'ensemble des forces de l'ordre.
Le pays des droits de l'Homme serait-il en passe de devenir le pays de la répression et de la violence ?
D’ailleurs des inquiétudes, des oppositions se développent.
Trois rapporteurs spéciaux de l'Onu ont clairement indiqué, dans leur rapport du 12 novembre, craindre que « l'adoption et l'application de cette proposition de loi puissent entraîner des atteintes importantes aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales ». La défenseure des droits comme la Commission Européenne s’inquiètent.
Nous, organisations politiques de gauche, Les Jeunes Communistes, Le Parti Communiste Français, La Gauche Indépendantiste, Génération.s, Europe Ecologie les Verts, Le Nouveau Parti Anti Capitaliste, Ensemble, L'Union Démocratique Bretonne et le Parti Socialiste, appelons le Parlement à refuser en bloc cette loi indigne.
Les syndicats SUD, CGT, FSU, FO, et les associations AFPS et LDH sont aussi aussi signataires de cet appel commun pour le retrait de la loi Sécurité Globale.
Tout ceci est fait pour nous dissuader de nous révolter contre l’ordre des puissants, contre l’ordre des capitalistes.
Ce dont la LREM et la bourgeoisie ont peur, c’est d’un vaste mouvement social pour la défense des services publics de santé et de l’éducation, d’un mouvement pour construire une démocratie véritable bousculant les vieilles institutions de la 5eme république.
C’est important pour construire un monde plus juste, un monde de bienveillance et non de surveillance, une société basée sur la fraternité et la sororité, la satisfaction des besoins réelles de chacun et non de la course au profit et bien sur un monde de liberté."
Afin d'occasionner le minimum de déconvenues à nos commerçants venant tout juste de rouvrir, nous ne défilerons pas. Nous leur apportons notre soutien le plus total en cette période de crise. "
Le combat continue pour le retrait de cette loi anti-démocratique!!!
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