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3 novembre 2020 2 03 /11 /novembre /2020 06:43

 

Plusieurs chiffres avancés par le ­président de la République lors de son allocution ont surpris par leur ampleur. S’ils sont difficiles à vérifier, les personnels de santé les contestent.

Cherchant à se dédouaner des accusations d’impréparation de la deuxième vague, Emmanuel Macron a affirmé, mercredi soir, que la France avait anticipé en formant plus de personnel, en étant capable d’augmenter la capacité d’accueil en réanimation et en dépistant plus que nos voisins européens.

Mais les chiffres annoncés sont contestés, notamment en ce qui concerne les effectifs. « Nous avons formé près de 7 000 infirmiers et médecins pour pouvoir travailler en réanimation », a avancé ­Emmanuel Macron. « C’est impossible à vérifier mais ce qu’il ressort du terrain, dans les différents hôpitaux de France, c’est qu’il n’y a pas plus de personnel. Ce chiffre nous étonne énormément, pour nous c’est un mensonge », répond Rachid Digoy, président du collectif Inter-Blocs.

« Des formations assez sommaires, en une ­semaine »

Depuis avril et jusqu’à cet été, le ­ministère de la Santé a communiqué sur la formation express de « plusieurs centaines » d’infirmiers qui n’avaient aucune expérience en réanimation. « Il y a eu des formations assez sommaires, en une ­semaine alors qu’on estime qu’il faut entre six et douze mois de pratique pour être mobilisable, explique le Pr Marc Leone, chef du service d’anesthésie et réanimation à l’hôpital Nord de Marseille. Tout le monde est utile en ce moment, ils vont nous aider même s’il faudra bien sûr les encadrer par des infirmiers référents. » « En réanimation, la complexité est telle que les infirmiers ne peuvent pas être lancés ainsi dans les services, déplore toutefois Rachid Digoy. De plus, si certains ont eu cette formation express, c’était pendant la première vague, pas après. D’autres devaient l’avoir cet été mais ça ne s’est jamais fait. » Pour lui, faire croire que les effectifs ont augmenté « est une hérésie, quand on sait que des personnels à bout de souffle ont démissionné ou que des ­libéraux qui nous avaient rejoints au printemps ne le feront plus car ils n’ont eu aucune reconnaissance, pas de prime Covid, rien… ».

Or, si les effectifs sont réduits, l’augmentation du nombre de lits en réanimation sera fatalement limitée. Emmanuel Macron avance que « nos capacités, qui sont passées de 5 000 lits avant la première vague à 6 000 aujourd’hui, nous allons les porter au-delà de 10 000 lits en réanimation ». Est-ce vraiment réalisable ? Ce jeudi, les hôpitaux ont reçu des injonctions ministérielles les poussant à déprogrammer l’ensemble des opérations en dehors des urgences et des interventions qui ne peuvent être déplacées. Si cela va créer des problèmes graves, en termes de suivi de certains malades notamment, la déprogrammation va permettre de renflouer les effectifs des unités Covid, comme lors de la première vague. Mais au printemps le nombre de lits avait pu grimper jusqu’à 10 700, « parce que, quand on manquait de personnel, on en rapatriait des établissements des régions moins touchées. Là, on ne pourra pas le faire, car le Covid est partout », explique Frédéric Adnet, professeur en médecine d’urgence. Pour toutes ces raisons, beaucoup jugent l’objectif difficilement réalisable. Marc Leone se veut plus optimiste, estimant « qu’on pourra arriver à 10 000 lits, en s’organisant localement, avec une bonne collaboration entre les établissements ­publics et privés ».

Un autre chiffre avancé par Emmanuel Macron a surpris par son ampleur, celui de « 1,9 million de tests réalisés par semaine » qui ferait de la France « l’un des meilleurs pays d’Europe en la matière ». Les principaux syndicats de biologistes ne confirment ni n’infirment cette évaluation, mais s’agacent de voir le président de la République s’en féliciter. Il s’agit là certainement de montrer que notre pays, qui ne testait pratiquement pas jusqu’en mai, a rattrapé son retard. Jusqu’à tester trop ? Les laboratoires sont engorgés, particulièrement dans les grandes villes, ce qui a pour conséquence qu’il faut parfois plusieurs jours pour obtenir un rendez-vous (ou plusieurs heures de file d’attente). Le délai pour obtenir les résultats peut être de quelques journées supplémentaires. Une priorisation a été demandée en septembre mais elle semble difficile à appliquer pour les laboratoires. « On teste trop et mal, explique Thibault Massu, biologiste. Il n’y a pas de stratégie claire, tout le monde peut se faire tester plusieurs fois par jour sans être symptomatique, cas contacts ou personne à risque, la priorisation ne fonctionne pas. Si on veut continuer à tester autant, il faut vite mettre en place une vraie organisation. » 

 

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