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4 août 2020 2 04 /08 /août /2020 12:42
Triste nouvelle : notre camarade Yvette, épouse de Michel PRIGENT, est décédée.
Michel et Yvette étaient, sont des militants d'une grande générosité.
Elle va nous manquer.

Ses obsèques se sont déroulés le jeudi 30 juillet.

 
 

Roger HERE, son camarade Ignacien et 1er adjoint de la nouvelle municipalité de Plouigneau, a lu, à cette occasion un texte hommage à Yvette PRIGENT

 

 

 

Yvette,

 

Il me revient le difficile privilège de t’adresser ces quelques mots d’adieu.

 

Avec toi, notre amie, notre camarade, c’est une figure Ignacienne qui s’efface, mais non sans laisser les traces d’une vie active et passionnée…

 

Une mémoire vivante aussi qui disparaît, car rien de ce qui a fait la vie de la commune de Plouigneau et du Trégor finistérien ne t’échappait, et en particulier  quand il s’agissait de questions  politiques.

 

Beaucoup t’ont connue à Plouigneau depuis des lustres, et pensent tout naturellement que tu es Ignacienne de naissance, pure souche,...Eh bien pas du tout !

 

D’autres pensent que tu es née à Plouégat Moysan… Eh bien pas davantage non plus !

 

Non, car comme bon nombre de bretonnes et bretons tu es née à Paris, le 17 octobre 1937, dans le 15ème...un quartier qui n’est plus aujourd’hui celui de prolétaires, tu dois bien l’admettre.

 

Car ton papa avait un emploi chez Renault, à Billancourt, ceci explique cela !

 

Cependant, en raison de problèmes de santé, les médecins conseillent à ton papa un retour en Bretagne. Et te voilà arrivée à Plouégat (Moysan bien sûr).

 

C’est là que grandit le petit « garçon manqué » que tu étais, selon l’expression populaire de l’époque, sportive et dégourdie, ne ratant aucune occasion de grimper aux arbres, paraît-il. C’est donc à Plouégat Moysan que la petite Yvette Derrien a grandi.

 

Prof de gym ! tu voulais devenir prof de gym ! Mais une angine mal soignée est venue contrarier tes projets. Tu me l’a redit plusieurs fois ces dernières années, et la dernière fois que tu me l’as rappelé c’était il y a quelques semaines seulement. Un événement marquant pour toi, car cette maladie, les médecins te l’ont confirmé, fut la source de tes ennuis cardiaques qui ne te quitteront plus  tout le reste de ton existence jusqu’à son achèvement mardi dernier.

 

Adieu donc le rêve de prof de gym, adieu aussi la perspective de rentrer dans les PTT qui te fut refusée pour ces raisons de santé.

 

Tu te résous donc à monter à Paris, ta ville de naissance, pour chercher du travail.

 

Et tu es embauchée à l’imprimerie « Archer contact » à Montreuil en 1957. Tu avais 20 ans !

 

C’est au cours de cette même année 1957, à 20 ans que tu adhères aussi au Parti Communiste Français auquel ta fidélité sera sans interruption et sans faille aucune (63 ans de parti, rien que ça!).

 

Il faut dire que tu as été élevée dans une famille coco. Le papa l’était bien sûr, mais bien d’autres aussi, dont par exemple le tonton Roger (Roger Geffroy) qui a d’abord été un résistant, agent de liaison FTP, au maquis de Saint Laurent, puis un fidèle compagnon d’armes (au sens politique s’entend) de Jacques Duclos.  Michel m’a même  dit que tu as participé à certaines des ces campagnes politiques. Evidemment, avec de tels formateurs, c’est sûr, ton engagement ce sera du solide !

 

Nous voici maintenant en 1960 ; et un événement très important survient dans ta vie : la naissance de ton fils Eric.

 

Tu travailles toujours à Montreuil, mais les circonstances de la vie, un divorce en 1965, font que tu reviens à nouveau vivre à Plouégat (Moysan bien sûr).

 

Après quelques boulots, tu participes à la création de Négobeurreoeuf en 1967 à Plouigneau (Négo comme négoce, beurre comme beurre et œuf comme œuf, tout simplement (nul besoin de décrire plus amplement  l’activité) où tu occupes un emploi de secrétaire.

 

C’est durant ces années qu’un jour, à un bal chez Brignou à Plouigneau à Pen ar C’hra (entrée du bourg)  tu fais la connaissance d’un ouvrier boulanger qui travaille à Morlaix, rampe Saint Nicolas. Un militant aussi, un syndiqué à la CGT !  Un gars sympa, gentil, serviable, pétri de qualités et bonne pâte aussi...normal après tout pour un boulanger ! Le gars se prénomme Michel. Tu vas l’épouser en 1970 et prendre son nom : Prigent ! Et désormais on t’appellera : Yvette Prigent !

 

Vous vous installez route nationale à Plouigneau, en location dans un appartement, et peu après Michel adopte Eric comme son propre enfant.

 

Votre vie sera commune désormais, et même fusionnelle.

 

En 1972 vous construisez une maison lotissement Coat an Lem à Plouigneau (Kerjean actuellement)

 

Unis dans la vie, vous l’êtes aussi dans les activités professionnelles (Michel a changé de métier et est devenu lui aussi salarié de Négobeurreoeuf comme chauffeur laitier) et unis aussi dans la vie militante qui va rythmer vous jours, vos semaines, vos années.

 

Un engagement sans compter, même après 1974, année où opérée une première fois du coeur tu dois cesser ton activité professionnelle et te trouves placée en invalidité.

 

Beaucoup de campagnes militantes tous les deux ensemble, avec de nombreux camarades communistes et sympathisants qui ne manquaient pas dans le secteur. Tous gardent en mémoire par exemple la campagne menée avec René Le Nagard, conseiller général communiste du canton de Plouigneau, contre les troupes de droite du notable Tilly de Guerlesquin, bataille épique paraît-il aux dires de plusieurs.

Que d’anecdotes de ces actions où tu te trouvais toujours au centre poussant sans relâche à la mobilisation.

 

Ces activités se poursuivent encore lorsque Michel se met à son compte en 1983 comme transporteur routier et que vous déménagez définitivement au 23 rue de la libération. Le hangar servira aussi à stocker le matériel pour les fêtes de l’Huma  à La Courneuve, mais aussi pour la fête de l’Huma Bretagne à Lanester. Il en a vu passer des cocos de tous les coins du Finistère et de Bretagne ce hangar-là !

 

Et pas seulement le hangar car la maison accueillait aussi les réunions des communistes de la localité et de la section, dans lesquelles tu étais toujours présente et active.

 

Tout était rouge dans la maison, du sol au plafond et de l’étage à la cave, ...les bouteilles aussi parfois à la fin des réunions...et même les joues des participants quand ils sortaient. Mais de cela il y a prescription aujourd’hui.

 

En 1990 ce fut la naissance de ta chère petite fille Manon, qui malgré son handicap, adorait venir passer des vacances chez sa mamie et son papi, tous les deux chéris. Elle adorait s’installer à l’avant du camion où elle trônait fièrement, position où elle pouvait dominer les automobilistes et les passants, tout comme plus tard dans le camping-car.

 

Avec ce camping-car , une fois que Michel eût pris sa retraite en 2004, vous avez sillonné les routes de France, les mêmes que Michel fréquentait en tant que transporteur, mais en visitant les régions cette fois, ce qui n’était pas du tout la même chose. Et invariablement dans votre périple il y avait une étape à la fête de l’Huma.

Ce furent de belles années. Des habitudes bien ancrées qui ne cesseront que lorsque tu seras devenue trop fatiguée, mais ça ne fait pas si longtemps.

A ce propos, Ismaël Dupont, secrétaire de la fédération du Finistère du PCF qui regrette de ne pas pouvoir être présent aujourd’hui, car il est éloigné de la région depuis une semaine, m’a chargé de l’associer, ainsi que toute la fédération du Finistère du PCF,  à l’hommage à Yvette. Il m’indique ainsi, je le cite « Yvette était avec Michel un pilier du stand du Finistère à la fête de l’Huma Bretagne et de La Courneuve. Yvette était une militante communiste très expérimentée, convaincue et généreuse. A leur contact on avait accès à tout un vécu militant. La force de leur amour leur a permis d’affronter des épreuves de vie très dures, comme la mort d’Eric. Yvette va beaucoup nous manquer. Nous pensons très fort à toi Michel, et serons à tes côtés pour que tu gardes la force et le goût de vivre. »

 

Ta santé déjà fragilisée par les multiples conséquences de tes problèmes cardiaques, fut encore plus altérée lorsque tu perdis ton fils Eric en août 2014. Ce fut un choc terrible.

 

Quatre ans plus tard c’est ton frère Martial qui s’en allait.

 

Ainsi donc les épreuves ne t’auront pas épargnée. Mais jusqu’au bout tu auras été une lutteuse, physiquement mais aussi intellectuellement.

 

Et en cette année 2020, un événement est venu secouer la commune de Plouigneau. La liste #ChangeonsPlouigneau est venue mettre fin à la main mise de la droite sur la commune depuis 40 ans. La gauche à Plouigneau et des communistes au conseil municipal ! Enfin ! As-tu dit !

 

Mais tu n’auras pas, hélas, connu très longtemps cette situation car tu t’en es allée tout juste deux mois après l’installation du nouveau conseil municipal.

 

Mais tu peux partir avec la satisfaction du devoir accompli. Car aujourd’hui c’est une vaillante camarade qui nous quitte, et dont le souvenir restera pour longtemps très vivace dans nos mémoires et dans nos coeurs.

 

Alors, au nom de tous, de toutes celles et tous ceux qui t’ont aimée, avec qui tu as lutté, combattu, partagé tes idées et tes convictions, je t’adresse, chère Yvette, ce salut respectueux, sincère et fraternel.

 

Adieu notre chère amie, adieu chère camarade.

 

 

 

 

 

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