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25 mai 2020 1 25 /05 /mai /2020 05:50

LA COMTESSE DE SÉGUR POMMADE MAIS NE SOIGNE PAS

Le Président de la République a annoncé depuis Mulhouse son attachement au service public hospitalier. Mais la feuille de route définie en conseil des ministres du 20 mai pour Olivier Véran, hôte de l’avenue de Ségur, enterre l’hôpital public !

Dans les territoires, il s’agit d’accélérer l’application de la loi "Ma Santé 2022", une stratégie qui consiste à fermer des services de réanimation, de chirurgie, de psychiatrie, d’urgences, des maternités, des SMUR … pour réduire les hôpitaux de proximité au service minimum, éloignant, entre autres, les personnes âgées des soins techniques, désertifiant des zones géographiques entières ! Pas même une référence aux centres de santé, alors qu’il faudrait développer un service public pour les soins de premier recours !

Caricatural : la première mesure suggérée pour revaloriser les carrières consiste à proposer l’exercice mixte, rappelant l’hôpital du XIXème siècle, le médecin gagnant sa vie en ville et venant faire la charité à l’hôpital. Quelle conception du service public ! Quel mépris pour les autres catégories de personnels, à qui on propose de travailler plus alors qu’elles veulent travailler mieux.

La seule bonne nouvelle de cette feuille de route pourrait être l'évolution du nombre de lits. Toutefois, cela serait plus crédible si était annoncé simultanément qu'à Nancy, Caen, Nantes et ailleurs, il n'y aurait plus de suppression de lits ni de personnels en échange des investissements prévus.

On aurait également espéré un grand plan de formation de soignants, avec un signe fort, immédiat, de relèvement du numerus clausus cette année.

L’accélération de la réforme du financement ne donne aucune garantie sur l’enveloppe globale accordée aux hôpitaux. Quant à la nécessaire intervention des personnels, des élus, des usagers dans la gestion du système public de santé, elle est omise, remplacée par le dialogue sans droits et la simplification !

En ouvrant ce Ségur de la santé, le pouvoir politique veut mettre fin à la mobilisation de plus en plus populaire pour l’hôpital public en nous emmenant plus vite dans le mur. Pour changer de direction et répondre aux besoins sur tout le territoire, nous devons crier plus fort ! En lien avec les organisations des personnels, la Coordination Nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité appelle à multiplier les initiatives pour préparer une grande journée nationale d’action le 16 juin.

Lundi, 25 Mai, 2020 - L'Humanité
Ségur de la santé. Les 3 points clés des négociations

Le gouvernement ouvre ce lundi le Ségur, du nom de l'avenue où se trouve le ministère de la Santé : une période de sept semaines de discussions censées aboutir à des mesures pour renforcer notre système de santé. Mais le fossé est profond entre les revendications des personnels et ce qu’est prêt à lâcher l’exécutif.

 

Le « Ségur de la santé » est au moins assuré de figurer dans le Livre des records, au chapitre des concertations officielles menées par voie numérique. Pas moins de 300 personnes – représentants des hôpitaux, des Ehpad, du médico-social et de la médecine de ville – ont été invitées ce lundi à se connecter en visioconférence, par Olivier Véran, le locataire du ministère de la Santé, sis avenue de Ségur. Montées de façon express, ces discussions doivent se poursuivre sur sept semaines de discussions en « groupes de travail » et en « partage d’expérience », coordonnés par Nicole Notat (lire son portrait dans l’Humanité de vendredi dernier). Rendu des conclusions attendu mi-juillet. Ensuite ? « Nous irons vite, nous irons fort », a promis Olivier Véran, donnant rendez-vous pour une première salve de mesures dans le prochain budget de la Sécurité sociale, présenté fin septembre. Mais dans quelle direction ? Là réside l’ambiguïté de ce Ségur de la Santé. Pour le gouvernement, il s’agit de ne pas laisser retomber les promesses jupitériennes de « plan massif d’investissement et de revalorisation » en faveur de l’hôpital. Mais les premières pistes esquissées et les premiers retours à la situation pré-coronavirus dans les établissements n’augurent pas une reprise in extenso des revendications des personnels soignants. Pourtant très simples et rabâchées depuis dix-huit mois que dure le mouvement social des hospitaliers (plus de lits et d’offres de soins, plus de personnels et de meilleurs salaires), ces demandes font à nouveau l’objet de manifestations et fondent la nouvelle journée de mobilisation nationale du 16 juin.

1. Service minimum sur les salaires

Au bout de deux mois de lutte émérite contre l’épidémie, les histoires de prime pas pour tout le monde et pas encore versée, de médaille et même de 14 juillet dédié aux soignants, ont fini d’exaspérer les agents, toutes catégories confondues. L’exécutif promet des hausses de salaires. C’est le moins qu’il puisse faire. La rémunération moyenne des infirmières françaises est inférieure de 5 % au salaire moyen national, alors qu’il est 28 % supérieur pour leurs homologues espagnoles. Fin novembre 2019, après une énième journée de mobilisation nationale de la santé, le gouvernement avait bien annoncé une prime de 800 euros à 40 000 aides-soignants et infirmiers d’Île-de-France, ainsi qu’un budget de 200 millions d’euros laissé « à la main » des hôpitaux « pour récompenser (…) l’engagement et l’investissement des personnels ». Mais, dans le même temps, le gel du point d’indice des salaires de la fonction publique a été maintenu pour la dixième année consécutive. Les membres du collectif Inter-Hôpitaux croient comprendre de leur audience auprès d’Emmanuel Macron du 15 juin dernier que le gouvernement compte cette fois aligner le salaire de base de tous les personnels au minimum sur la moyenne des salaires des pays de l’OCDE, médecins compris. Soit encore très loin du « rattrapage de 400 euros net pour toutes et tous » et de l’ « augmentation des grilles de rémunération pour les corps professionnels ».

2. La casse des 35 heures plutôt que des effectifs supplémentaires

Si Olivier Véran se sent pousser des ailes, c’est bien sur le temps de travail. Ou plutôt sur la casse du temps de travail. À ce sujet, il s’est fait plus prolixe, expliquant vouloir « revoir le cadre d’organisation du temps de travail à l’hôpital », estimant nécessaire de remettre en cause les « carcans qui empêchent ceux qui le souhaitent de travailler davantage » afin de permettre « aux salariés qui le souhaitent » d’organiser « leur temps de travail différemment ». Le ministre est sûr de contenter la Fédération hospitalière de France, soit les employeurs publics et privés de la santé, vent debout depuis toujours contre les 35 heures et qui préconise un « dispositif d’autonomie avancée » entre les mains des directions d’établissements. « Il ne faut pas pervertir ce Ségur de la santé en brandissant un totem de remise en cause des 35 heures », a prévenu le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Pour les syndicats, ce remède est un poison. « L’amélioration des conditions de travail passe par une réelle politique de réduction du temps de travail », relève la CGT des Hôpitaux de Paris, qui se souvient des 1,4 million d’heures supplémentaires faites et du million de jours non pris sur les comptes épargne-temps. Le syndicat appelle au contraire à la « création de 10 000 emplois à l’AP-HP avec la titularisation des CDD ». Une revendication d’augmentation des effectifs commune à tous les personnels des hôpitaux de France et de Navarre. Malheureusement, leurs directions n’en prennent pas le chemin. FO SNMH (médecins hospitaliers) a souligné que « les agents quittant leurs postes, volontaires pour aider pour le Covid et recrutés en urgence, à qui on avait promis un CDI, n’auront pas de titularisation, car il n’est pas prévu de changer les feuilles de route. Tout doit se faire dans les budgets prévus ».

3. Gestion et financements sous contrôle

Pour le docteur Anne Gervais, du collectif Inter-Hôpitaux, voilà comment un hôpital devrait fonctionner : « Nous voulons construire un hôpital basé sur la santé publique, avec des moyens adaptés aux besoins de santé publique. Cela demande des investissements, des moyens et une gouvernance partagée, de l’agence régionale de santé ou du ministère vers le terrain ». Si le ministre de la Santé a promis de donner plus de place aux médecins dans le « pilotage » des établissements, il n’a rien dit des manières d’avant la crise fondées sur le lean management et la politique du chiffre, qui ont réapparu. « Partout, les directions nous disent : la crise n’est pas finie, la sortie de la crise va prendre beaucoup de temps », relève FO SNMH. Chacun est prié de comprendre le message : ce qui va durer, c’est l’organisation actuelle, c’est-à-dire la fermeture des unités de soins conventionnelles, l’impossibilité d’examiner ses patients en consultation. Pour le syndicat, « toutes les mesures incluses auparavant dans les plans de restructuration ne s’appellent plus Copermo ou Cref mais désormais “Covid” ».

Même surplace pour les financements. L’exécutif avait bien promis fin 2019 d’assouplir la tarification à l’activité (T2A), ce système poussant les hôpitaux dans une course aux actes. Silence radio désormais. Sans doute parce qu’un autre silence pèse de façon encore plus pesante. Celui sur le nerf de la guerre, dont le niveau est défini par l’Ondam. Derrière cet acronyme barbare se cachent le rationnement du budget alloué au système de santé et ses corollaires : salaires contraints, diminution du nombre de lits… L’Usap-CGT préconise un doublement de cet Ondam à hauteur de 5 % minimum. L’exécutif préfère user de l’expédient de quelques rallonges budgétaires et fait miroiter la reprise non plus de 10 milliards d’euros, mais de 13 milliards sur les 30 milliards de la dette des hôpitaux publics. Bercy veille sur le grisbi.

Stéphane Guérard
Mardi, 19 Mai, 2020 - L'Humanité
Hôpital. Une journée d’action pour maintenir la pression

Les annonces d’Olivier Véran au sujet du plan Ségur pour la santé n’ont pas convaincu syndicats et collectifs, qui appellent toujours à la mobilisation le 16 juin.

 

Le mois de juin s’annonce explosif dans la santé. Alors que les luttes se déconfinent dans les hôpitaux avec le soutien des usagers, des syndicats et différents collectifs ont réaffirmé hier, lors d’une visioconférence, la nécessité d’une journée d’action nationale le 16 juin prochain. Pour Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT santé et action sociale, il n’y a aucune raison de faire machine arrière : « Nous restons mobilisés, nous recommençons les initiatives tous les mardis, notamment les déploiements de banderoles, et les modalités restent à fixer pour le 16 juin compte tenu de la situation sanitaire. »

Le plan Ségur de la santé annoncé dans le Journal du dimanche par Olivier Véran, avec la tenue d’une première réunion entre syndicats et collectifs le 25 mai prochain, n’a pas apaisé les tensions. Et pour cause : « Aucun d’entre nous n’a été contacté. Nous n’avons pas d’autres informations pour savoir ce qui va nous être proposé », expose Jacques Trévidic, président d’Action praticiens hôpital (APH). Élodie Schmitt, du collectif Inter-Blocs, embraie : « Nous n’avons eu aucun contact avec eux même pendant la crise sanitaire », rappelant au passage « que le système n’a pas tenu, il s’est effondré. Nous avons dû transférer des patients et on s’est mis en danger. Il ne faut pas que cela se reproduise ».

« Il faut des mesures d’urgence et de moyen terme »

Sur le fond, les pistes esquissées par le ministre de la Santé soulèvent déjà de nombreuses questions. En ce qui concerne les revalorisations salariales, tous voient pointer le risque d’un deux poids, deux mesures. « Il a évoqué les métiers du “care”, mais il y a aussi les agents de service hospitalier par exemple (ASH), il va falloir revoir toutes les grilles de métier », exhorte Julie Ferrua, de SUD santé-sociaux. La possible remise en cause des 35 heures à l’hôpital, déjà bien entamée par la généralisation des heures supplémentaires, ne passe pas non plus pour Léonard Corti, secrétaire général de l’Intersyndicale nationale des internes : « C’est une solution dramatique pour faire travailler encore plus les personnels. » Alors que les restructurations se poursuivent dans un hôpital public à l’os, il est plus que temps d’amorcer une transformation profonde, comme le souhaite Olivier Milleron, du collectif Inter-Hôpitaux : « On voit un début de mea culpa chez le gouvernement, le problème, c’est qu’on n’a plus confiance. Il faut des mesures d’urgence et de moyen terme. Tout de suite, nous avons besoin d’embauches, du paiement des heures supplémentaires ainsi qu’un moratoire sur les restructurations. À l’hôpital Bichat, où je travaille, la fusion avec Beaujon va faire fermer 30 % du total des lits. (…) On doit nous d onner les moyens de gérer une nouvelle vague de Covid. »

« Nous ne voulons pas de concertation, mais bien une négociation »

Depuis plus d’un an, tous se battent pour le même socle revendicatif : l’arrêt des restructurations, un plan de formation pluridisciplinaire, une reconnaissance salariale dans toutes les filières et enfin, la remise à plat du financement des établissements et de leur gouvernance. « Nous ne voulons pas de concertation, mais bien une négociation sur ces thématiques. Quand on voit le gouvernement réfléchir à des mécanismes pour que les salariés puissent donner des jours de RTT aux soignants, c’est insupportable ! » s’agace Mireille Stivala, avant de prévenir : « Nos organisations n’iront pas à de nouvelles rencontres (au ministère de la Santé - NDLR) si nous n’avons pas la garantie de réponses aux questions posées. »

Cécile Rousseau
LA COMTESSE DE SÉGUR POMMADE MAIS NE SOIGNE PAS - communiqué de presse de la coordination de défense des hôpitaux et maternités de proximité
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