Plusieurs amis, administrateurs et chevilles ouvrières du MRN nous ont quittés. Le MRN a adressé ses condoléances à leurs familles les assurant que le combat de leur proche en faveur de la transmission de l’histoire et de la mémoire de la Résistance et de la Déportation serait continué.
• Daniel Davisse
Né en 1938 en Allemagne dans une famille juive, celui qui s’appelait alors Daniel Herz fuit le nazisme avec sa famille pour le Luxembourg puis la France. Déportés à Auschwitz, ses parents n’en reviendront pas. Caché à Marseille, il est finalement adopté par la famille qui l’a protégé durant la guerre. Devenu instituteur au début des années 1960, il exerce à Ivry-sur-Seine puis à Vitry-sur-Seine. Engagé parallèlement au sein du Parti communiste, il en devient une figure nationale. En 1981, il est le chef de cabinet de Charles Fiterman, le ministre des Transports. Daniel Davisse a également été maire de Choisy-le-Roi durant 18 ans et vice-président du Conseil départemental du Val-de-Marne.
Enfant de déportés, Daniel Davisse a toujours eu à cœur de transmettre l’histoire et la mémoire de la Résistance et de la Déportation. Président de l’AFMD-94, il a été un adhérent fidèle du MRN avec son épouse Annick. Tous deux avaient participé le 29 février dernier à la cérémonie d’ouverture du nouveau MRN.
• Bernard Epin
Né en 1936, Bernard Epin est instituteur à partir des années 1950 à Paris puis en Seine-Saint-Denis. Très rapidement, il a des responsabilités au sein du syndicat national des instituteurs. Passionné par la vie culturelle, Bernard Epin entre en 1957 au collectif de rédaction de L’École et la Nation, revue pédagogique mensuelle du PCF traitant des questions relatives à l’enseignement. À son retour du service militaire qu’il effectue en Algérie de 1959 à 1961, il en devient le secrétaire de rédaction, puis le rédacteur en chef en 1968. Il a contribué aussi à d’autres revues comme l’hebdomadaire Révolution, le mensuel Regards ou à L’Humanité. Bernard Epin a publié également une dizaine d’ouvrages devenus des références dans le domaine du livre de jeunesse avec la volonté de contribuer à l’idéal d’émancipation par l’école et à la démocratisation de la lecture.
Installé à Saint-Ouen au début des années 1960, il s’y investit politiquement et devient conseiller municipal à plusieurs reprises, plus particulièrement chargé des actions culturelles.
Il a été secrétaire général de l’association départementale des Amis du Musée de la Résistance nationale en Seine-Saint-Denis et une des chevilles ouvrières de son festival « La Résistance au cinéma ».
• Max Weinstein
Né en 1927, Max Weinstein grandit à Nancy où ses parents, juifs polonais, se sont réfugiés au début des années 1920. En mai 1940, avec sa famille, il rejoint Roanne. Il retrouve son frère Georges à Villeurbanne en septembre 1943. Par son intermédiaire, il entre en résistance au sein de l’Union de la jeunesse juive (UJJ), issue de la MOI (Main-d’œuvre immigrée). Max Weinstein devient agent de liaison et participe à des opérations de lancer de tracts, distribue le journal clandestin Jeune combat, colle des papillons et trace des graffitis sur les murs des lieux publics, participe à des prises de parole en public, etc. Il participe également à des actions directes comme des sabotages. Le 24 août 1944, il participe à l’insurrection de Villeurbanne. Après la Libération, il intègre le 1er régiment du Rhône, constitué de résistants. Il quitte l’armée peu de temps après.
Il fut l’un des premiers adhérents du Musée de la Résistance nationale, membre de son conseil d’administration, membre des Amis parisiens du MRN. Depuis les années 1990, il œuvrait plus particulièrement à faire connaître la Résistance des communistes de la section juive de la MOI en zone Sud, en particulier celle peu connue des jeunes de l’UJJ. Il fut à l’origine de la création de MRJ-MOI (Mémoire des Résistants Juifs de la Main-d’œuvre immigrée), association membre du réseau MRN, dont il était le président d’honneur.
• Paulette Szlifke [épouse Swiczarczyk, changé en Sarcey]
Paulette Szlifke naît en 1924 à Paris dans une famille juive ayant fui la Pologne. Dans sa jeunesse, elle participe aux activités des patronages juifs progressistes et des Pionniers dans le quartier de Belleville.
Elle entre en résistance avec un groupe de jeunes militants communistes de la section juive de la MOI dont fait partie Henri Krasucki. Elle participe alors à des actions clandestines très diverses : distribution de tracts, manifestations, aide à la réalisation d’actions armées, sabotages notamment dans l’usine de fourrures où elle s’est fait embaucher et qui fabrique des canadiennes pour l’armée allemande.
Après une traque minutieuse des policiers français des Brigades spéciales, elle est arrêtée le 23 mars 1943 avec la quasi-totalité de son groupe. Torturée, elle est emmenée à l’Hôtel-Dieu. Grâce à un médecin, elle réussit à correspondre avec son responsable Adam Rayski à qui elle communique un rapport sur les circonstances de leur chute.
Elle est transférée à Drancy et déportée le 23 juin 1943, à Auschwitz par le convoi n° 55. Elle a 19 ans.
La majorité des déportés de son convoi est gazée immédiatement. Paulette est affectée à divers kommandos de travail. Elle aimait rappeler l’action collective et solidaire des déporté-e-s, l’importance de la solidarité, de rester ensemble pour survivre.
En janvier 1945, elle survit à la « marche de la mort » qui l’emmène à Ravensbrück. Elle retrouve Paris et sa famille le 22 mai 1945.
Après-guerre, Paulette Sarcey travaille dans les foyers de l’UJRE et milite pour les droits et la mémoire des victimes de la déportation. Parallèlement, elle s’investit dans de nombreuses organisations dont le Musée de la Résistance nationale. Tout au long de sa vie, elle a inlassablement témoigné, notamment auprès des jeunes. En 2015, elle a publié son témoignage aux éditions Tallandier : Paula, survivre obstinément.