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24 avril 2020 5 24 /04 /avril /2020 05:52
L'OFCE et l'Insee estiment l'impact économique de la crise du coronavirus: un coût de 125 millards pour la France, le risque de 400 000 chômeurs en plus (L'Humanité, 21 et 24 avril 2020)
Mardi, 21 Avril, 2020
Première estimation du coût de la crise pour la France : 125 milliards et 400 000 chômeurs de plus selon l’OFCE

L’OFCE publie une sorte de portrait-robot économique de la France confinée. Bilan : une perte de revenus vertigineuse pour les entreprises, l’État et les ménages.

On savait que la France traversait une récession sans précédent. Il restait à chiffrer le montant de la facture pour chaque catégorie de la population, et c’est ce que l’OFCE (organisme de prévision affilié à Sciences-Po) s’attache à faire dans sa dernière publication. Il s’intéresse à trois catégories d’agents économiques : les ménages, les entreprises et les administrations publiques (ou APU, c’est-à-dire l’État, les collectivités territoriales, la Sécu, etc.). Huit semaines de confinement leur coûteraient la bagatelle de 125 milliards d’euros.

Augmentation du taux d’épargne... pour certains

57 % des pertes seraient supportées par les APU (72 milliards), qui doivent financer le plan de sauvetage de l’économie décidé par le gouvernement : chômage partiel, fonds de solidarité, etc. Les entreprises soutiendraient, quant à elles, 35 % de l’ensemble des pertes (soit 44 milliards) et les ménages « seulement » 8 %, mais pour un montant malgré tout substantiel : 9 milliards d’euros, soit environ 400 euros de moins par ménage en moyenne sur la période ! Cette chute s’explique notamment par l’absence de compensation financière intégrale de certains dispositifs. Par exemple, environ 1,2 million de salariés et 100 000 travailleurs non salariés ont dû prendre des arrêts de travail pour garde d’enfants, selon les estimations de l’OFCE, ce qui se traduirait par une perte nette de revenu d’environ 600 millions d’euros.

Un certain nombre d’analystes s’émeuvent, depuis quelques jours, d’une augmentation en flèche du taux d’épargne des ménages. Selon l’OFCE, les Français pourraient cumuler environ 55 milliards d’euros d’« épargne forcée » (c’est-à-dire de l’argent non dépensé en raison d’un empêchement à consommer), mais il faut rappeler que ce phénomène est très inégalitaire : un cadre supérieur sans enfant épargnera bien davantage qu’un smicard qui doit payer les repas de ses enfants privés de cantine…

Le risque d’une spirale récessive

La note de l’OFCE cherche également à examiner les effets de la crise sur le marché du travail. Et malgré tous les filets de sécurité (chômage partiel, fonds de solidarité, report du paiement de cotisations sociales, etc.), le choc pourrait être brutal. Selon les économistes de l’organisme, la France pourrait compter 400 000 chômeurs supplémentaires à l’issue du confinement. Ce chiffre, à prendre avec précaution évidemment, intègre les licenciements (au moins 220 000 personnes, selon les estimations), les fins de période d’essai, les fins des contrats courts, etc. Il ne faut pas oublier les salariés qui verraient leur contrat interrompu pendant la période d’essai mais sans pouvoir bénéficier du chômage et qui seraient obligés de s’inscrire au RSA (60 000 personnes, selon l’OFCE).

Toute la question est de savoir dans quel état le pays sortira du confinement et quelles seront les politiques publiques mises en place afin de relancer la machine. L’OFCE se demande par exemple comment l’État compensera les pertes d’exploitation subies par les entreprises et s’il exigera le remboursement des montagnes de créances accumulées (non-paiement des cotisations sociales). « Le risque est grand de voir s’enclencher une spirale récessive dont les mécanismes sont très habituels, craint l’OFCE. Faillites et réduction de l’emploi conduiront à une réduction du revenu des ménages qui alimentera la réduction de l’activité. »

Il faudra donc venir en aide aux entreprises, mais pas n’importe comment : l’organisme préconise un soutien ciblé, en fonction notamment des pertes effectivement subies.

Vendredi, 24 Avril, 2020 - L'Humanité
Statistiques. L’économie française placée « sous anesthésie »

L’Insee chiffre à 35 % la chute de l’activité. La convalescence s’annonce longue et douloureuse.

 

Difficile de renouveler les expressions imagées pour dépeindre l’étendue de la crise que nous traversons. Temple de la statistique publique, l’Insee s’est mue en médecin de famille pour ­diagnostiquer que, « comme un organisme placé sous anesthésie, l’économie française n’assure plus que ses fonctions vitales. Les mesures de soutien budgétaire aux entreprises et aux ménages visent notamment à favoriser les conditions du réveil – dont on sait qu’il ne sera que très progressif – puis de la convalescence ».

Dans sa note de conjoncture publiée ce jeudi, l’Institut national remarque que les données administratives classiques consolident l’état des lieux dressé empiriquement fin mars. Au 23 avril 2020, l’activité économique globale est en baisse de 35 % par rapport à la normale. Si l’industrie et le BTP ont un peu relevé la tête du fait de quelques réouvertures d’usines ou de chantiers (- 39 % au 23 avril contre - 43 % au 9 avril pour la première, - 79 % contre - 88 % pour le second), les branches agricoles ont perdu un peu de terrain (- 13 % contre - 10 %) et le secteur marchand (hors loyers) est stable dans sa chute (- 49 %). Quant à la consommation des ménages, malgré un léger rebond des paiements par carte, elle s’est contractée d’un tiers de sa normale. Or, ceux-ci comme les entreprises auront à payer la note, même si la hausse spectaculaire du déficit public amortit la majorité du choc lié à la considérable perte de revenu national.

Dans cette note cataclysmique, l’institut a laissé un petit commentaire :  « Ce choc se distingue par sa soudaineté et par son ­ampleur, qui découlent directement de sa nature très singulière : la mise à l’arrêt “volontaire” – faute de mieux pour lutter contre l’épidémie – d’une large partie de l’économie. » Aux futurs électeurs et aux historiens de se faire un avis sur la gestion de cette crise par le pouvoir en place !

Stéphane Guérard
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