
L’arrivée officielle du printemps a lieu ce vendredi 20 mars et le beau temps succède depuis quelques jours aux pluies qui ont beaucoup arrosé le pays ces dernières semaines, sans toutefois causer de gros dégâts saufs en certains endroits limités géographiquement. Dimanche 22 mars, se déroule la journée mondiale de l’eau. Un sujet que l’épidémie du coronavirus risque d’occulter cette année. Il reste que l’accès à l’eau potable n’existe toujours pas pour près d’un milliard d’habitants sur terre. En France, la quasi-totalité des départements ont été soumis à des restrictions d’eau durant l’été 2019 du fait de la longue sécheresse estivale. Avec le réchauffement climatique, la gestion de l’eau mérite un débat national. Il faudra bien l’avoir un jour en France afin de déboucher sur des mesures préventives
A l’occasion de la journée mondiale de l’eau, « Vision du monde », une association de solidarité internationale « tient à rappeler son engagement auprès des enfants les plus vulnérables au sein des contextes fragiles pour faire face à la crise de l‘eau» dans une déclaration accompagnée d’un bilan chiffré de ses activités. L’association nous rappelle qu’aujourd’hui dans le monde « ce sont encore 844 millions de personnes qui sont privées d’accès à l’eau».
Les populations auxquelles « Vision du Monde » vient en aide par la coopération « vivent souvent dans des zones rurales et doivent alors marcher en moyenne 6 kilomètres chaque jour pour se rendre à un point d’eau. Une eau souvent impropre à la consommation et porteuse de bactéries qui rend les enfants malades et les éloigne de l’école. Dans le monde, chaque jour, près de 1.000 enfants de moins de cinq ans meurent de maladies liées à l’eau. De nombreux ménages, centres de santé et écoles, ne disposent toujours pas d’eau, ni de savon pour le lavage des mains, constituant ainsi un facteur aggravant quant à la propagation d’épidémies», précise cette association.
Des puits en bon état 20 ans après leur construction
On imagine que les rencontres et travaux prévus à l’occasion de cette journée mondiale de l’eau vont être gravement perturbés par les dispositions prises un peu partout dans le monde pour contenir le coronavirus. Mais, «Vision du Monde » insiste sur l’idée que « la crise de l’eau peut être résolue. En travaillant main dans la main avec les communautés locales », l’ONG humanitaire développe « des projets « WASH » impliquant eau potable, assainissement et hygiène au sein de ses programmes de développement. Son approche basée sur les transferts de compétences lui permet non seulement d’assurer la construction de puits mais également de former les populations pour qu’elles puissent à leur tour en prendre soin. Nous études prouvent que les puits construits par Vision du Monde sont toujours en état de marche 20 ans après», indique le dossier de presse publié à l’occasion de cette journée de l’eau.
Avec l’accélération d’un réchauffement climatique et ses multiples conséquences observables aussi chez nous ces dernières années, une gestion rationnelle de l’eau doit aussi être débattue désormais en France. Au cours de l’été 2019, des arrêtés préfectoraux ont imposé des restrictions d’eau dans au moins 87 département métropolitains. Paradoxalement, les départements les plus épargnés par ces restrictions furent ceux de l’Ile-de-France alors qu’ils concentrent 12 millions d’habitants et une multitude d’activités économiques sur une superficie relativement restreinte par rapport à la plupart des régions de ce pays.
Quand l’Ile-de-France échappe presque seule aux restrictions d’eau
Il n’y a là aucun miracle. Pour protéger Paris et sa banlieue des crues de la Seine, des grands barrages de rétention ont été édifiés voilà plus d’un demi-siècle sur les cours des principaux affluents de la Seine que sont l’Aube, la Marne et l’Yonne. Ils permettent, en cas de fortes précipitations prolongées dans le temps, de stocker de l’eau en nous évitant les inondations que provoquerait souvent la Seine autour du goulot d’étranglement qu’est l’agglomération parisienne. Inversement, les milliards de m3 d’eau en stock à la fin du printemps dans les barrages ont permis, durant l’été 2019, de soutenir le débit de la Seine à hauteur de 60% , mais aussi de disposer ainsi d’un eau d’assez bonne qualité pour être purifiée par les usines de traitement qui nous fournissent l’eau potable au robinet.
La France est un pays où le débat sur la gestion de l’eau est trop passionnel pour être positif depuis trop d’années, et plus encore depuis la mort de Remi Fraisse, victime d’une grenade lancée par un policier le 26 octobre 2014, sur le chantier du barrage de Sivens dans le Tarn. Deux visions inconciliables s’affrontent trop souvent : les partisans d’une agriculture productiviste et exportatrice veulent toujours plus d’eau pour irriguer le maïs, les céréales à paille et des oléagineux comme le tournesol. Face à eux, des citoyens, majoritairement citadins et se réclamant de l’écologie, ne veulent rien changer dans le milieu naturel ce qui revient à mettre la nature sous cloche, fut-ce au détriment de notre souveraineté alimentaire.
En raison même des enjeux liés à une indispensable gestion de l’eau en lien avec les conséquences du réchauffement climatique, il est temps de regarder la réalité en face. Le manque d’eau à certaines périodes de l’année sera de nature à mettre en cause notre souveraineté alimentaire. Trop de pluies sans dispositifs de stockage pour écrêter les crues dans des zones subitement inondables feront de plus en plus de morts dans les villes et villages de France.
Cela ne veut pas dire qu’il convient de faire des grands barrages de la dimension du Lac de Der en Champagne, ou celui de Pannecière-Chaumard dans le département de la Nièvre sur le cours de l’Yonne. Mais posons-nous cette simple question : comment seraient alimentés en eau de nombreux habitants de la région PACA aujourd’hui s’il n’y avait pas le lac de Serre-Ponçon sur le cours de la rivière Vaucluse dans les Alpes ? Posons-nous cette autre question : combien de rivières seront à sec en été dans les prochaines années si, faute de réserves de différents volumes mises en place quand il pleut beaucoup, les sécheresses estivales seront de plus en plus fréquentes en France, comme c’est le cas en Australie aujourd’hui ?
Débattons d’une politique raisonnée du stockage de l’eau
Dans les prochaines décennies une politique raisonnée sur stockage de l’eau va prendre beaucoup d’importance pour deux raisons aussi simples que vitales. Elle permettra de limiter les dégâts et le nombre de victimes lors des inondations que provoqueront des pluies intenses de plus en plus fréquentes. Elle permettra aussi d’avoir de l’eau au robinet et d’irriguer un certain nombre de cultures, maraîchères et arboricoles notamment, permettant aussi d’assurer notre souveraineté alimentaire.
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Les chiffres clés de Vision du Monde
3 personnes sur 10 dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable en toute sécurité
Près de la moitié des personnes qui puisent leur eau directement dans les eaux de surface vit en Afrique subsaharienne
6 personnes sur 10 n’ont pas accès à des installations sanitaires gérées en toute sécurité
4 milliards de personnes doivent faire face à une grave pénurie d’eau au moins un mois par an
En 2018, à travers son partenariat avec World Vision, Vision du Monde a fourni de l’eau potable à 4 millions de personnes, amélioré les installations sanitaires pour 2, 8 millions de personnes, délivré des formations sur les bonnes pratiques d’hygiène à 5 millions de personnes
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