La visite de Trump en Inde:”America loves India”.
Jean-Claude Breton, président de l'AADI
Tribune dans Le Télégramme, 5 mars 2020
L’Inde , 6ème puissance économique mondiale, n’est plus celle qu’ont visitée Carter, Clinton, ni même Obama, y voyant un contrepoids démocratique et non hégémonique à la Chine. L’Inde cherchait alors à être plus “occidentale” qu’asiatique.
La progression nationale-populiste de l’Inde avec Narendra Modi et le BJP, dont l’idéologie remonte aux années 20 fait comparer à la montée de l’hitlérisme. Le fascisme à l’indienne surpasse le système de castes, pour promouvoir le rêve d’une race supérieure hindoue.
Succédant à Bolsonaro, invité à la Fête de la République de l’Inde en janvier, Trump a été accueilli par Modi avec un rassemblement bollywoodien “Namaste Trump”( Bienvenue au chef de la Maison Blanche) à Ahmedabad, sa ville d’origine au Gujarat et départ de sa carrière politique .Revanche personnelle pour Modi, qui après 2002 était interdit de voyage aux US et en Europe après des massacres communautaires contre les musulmans dans son Etat.
Pour Trump l’occasion à la fois de recevoir les louanges d’un populiste de poids , qui comme lui se moque des commentaires de la presse avec laquelle il ne communique pas , préférant s’adresser directement à ses supporters par les réseaux sociaux (plus de 20 millions de followers sur Twitter) et des hologrammes, mais aussi de tenter de réduire le déficit commercial des US avec l’Inde , quoique10 fois moindre que celui avec la Chine.Trump est resté prudent sur les récentes décisions du gouvernement indien, dont la loi qui accorde la citoyenneté indienne à des réfugiés à condition qu’ils ne soient pas musulmans, et qui de manière plus ou moins perverse, va faire des 160 millions de musulmans indiens une communauté de seconde zone, trahissant les idéaux fondateurs laïcs de l’Inde et en ferait une démocratie ethnique à l’exemple d’Israël. Les oppositions à cette loi depuis décembre 2019 ont culminé à Delhi durant ces 3 jours de visite, avec les plus violentes manifestations intercommunautaires depuis 10 ans, , faisant plus de 20 morts .Modi n’a concédé à Trump que des accords de défense , mais il peut montrer qu’il a consolidé l’image de l’Inde nouvelle, lui redonnant dignité et fierté, ce qui a largement contribué à sa réélection triomphale en 2019.
L’Inde est une puissance désormais développée, recherchant un rôle d’équilibre, qui a été déçue par l’Europe, et joue maintenant une autre partition, dans le sens” India First”.
Bien que les résultats économiques ne soient pas au rendez vous, Modi est populaire dans de nombreuses classes de la société et nombre de ses électeurs ne partageant pas ses idées communautaristes le soutiennent , déçus par les lenteurs des institutions démocratiques à changer leur vie. Modi a besoin de ce coup de main médiatique que lui apporte Trump, lui-même flatté dans son ego par Modi. “Tu me grattes le dos, je te gratte le tien “. Avec les jeunes éduqués et futurs cadres de ce pays, et dans le cadre d’échanges scolaires , nous devons créer un vivier instruit sur nos traditions d’ouverture, démocratie, tolérance. Ces jeunes indiens et leurs parents idéalisent encore un peu la France, ne les décevons pas.
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