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29 mars 2020 7 29 /03 /mars /2020 07:45
Coronavirus : Une crise qui exacerbe les inégalités - secteur International du PCF

Non, nous ne sommes pas égaux face à la maladie. Nous ne sommes pas égaux face à la pandémie de Covid19 en France, en Europe et dans le monde.

Alors que les inégalités socio-économiques explosent(1), la mondialisation dominée par les logiques capitalistes prive 2,1 milliards de personnes d'accès à l'eau potable et pour 3 milliards d'êtres humains le seul accès à l'eau demeure une lutte quotidienne, harassante et perpétuelle. Dans certains pays, comme le Mexique ou l'Inde, les habitants sont confrontés à des pouvoirs locaux corrompus et des mafias qui tirent un maximum de profits et rançonnent les populations. Dans certains bidonvilles, les familles doivent consacrer jusqu'à 30% de leurs maigres revenus pour acheter de l'eau. L'assassinat est devenu une règle d'airain pour les syndicalistes et les militants des droits humains qui se révoltent. L'exploitation et le pillage des ressources naturelles constituent en 2018(2) la première source de revenus des mafias et groupes armés non-étatiques, soit 31,5 milliards de dollars annuels dans les seules zones de conflits. Cela résulte également des stratégies de grands groupes de l'agroalimentaire qui sabotent les politiques de développement d'infrastructures sanitaires et d'adduction d'eau, une ressource naturelle qui fait de plus en plus l'objet de spéculations financières: «Réchauffement climatique, pollution, pression démographique, extension des surfaces agricole: partout dans le monde, la demande en eau explose et l’offre se raréfie. En 2050, une personne sur quatre vivra dans un pays affecté par des pénuries. Après l’or et le pétrole, l’"or bleu", ressource la plus convoitée de la planète, attise les appétits des géants de la finance, qui parient sur sa valeur en hausse, source de profits mirobolants. Aujourd’hui, des banques et fonds de placements – Goldman Sachs, HSBC, UBS, Allianz, la Deutsche Bank ou la BNP – s’emploient à créer des marchés porteurs dans ce secteur et à spéculer, avec, étrangement, l’appui d’ONG écologistes. Lesquelles achètent de l’eau "pour la restituer à la nature", voyant dans ce nouvel ordre libéral un moyen de protéger l’environnement»(3). Au total, selon l'Unesco, près des deux tiers de l'humanité ont été confrontés à de graves pénuries d'eau au cours de l'année 2018 et, début 2020, l'ONU recensait près d'un milliard de personnes dans le monde privée de sécurité alimentaire qui constitue pourtant un droit humain fondamental et un facteur de sécurité humaine. La malnutrition, la sous-alimentation et la famine atteignent à nouveau des taux records et touchent, selon l'ONU, 820 millions de personnes à travers le monde, soit 10,8 % de la population mondiale.

Alors non, vraiment, nous ne sommes pas égaux devant la maladie. Alors que la pandémie fait rage, des milliards de femmes et d'hommes ne peuvent même pas se laver les mains pour éviter les contaminations. C'est dire si, au sortir de la crise sanitaire, il s'agira par l'action des puissances publiques et la solidarité et la coopération internationales de «sanctuariser» l'eau qui constitue l'un des biens communs de l'humanité dont l'accès doit être garanti à tous et dont l'exploitation, le traitement et la distribution doivent être extraits du domaine marchand.

Qu'en est-il dans les grands pays développés? Pas plus égaux que ça, non plus! Les États-Unis, première puissance mondiale, vont prendre sous peu la tête du classement des foyers infectieux par pays. Nombreux sont ceux qui mourront, là-bas aussi, faute d'accès aux soins puisque 20% de la population ne bénéficient d'aucune couverture médicale alors que les plus aisés auront seuls accès aux traitements les plus performants. Le taux national de chômage, selon les estimations, pourrait atteindre 30% puisqu'il n'existe pas dans ce pays, de système de prise en charge du chômage «technique», ni de congés payés pour tous(4), ni d'allocations-chômage sauf si le salarié a cotisé spécifiquement pour cela à une assurance privée... De ce fait, des millions de salariés en incapacité de travailler ne toucheront plus de salaire ou seront tout simplement licenciés...

Pas plus égaux en France, en dépit du fait que le préambule de la Constitution fait référence au droit à la santé. Le 24 mars, au plus fort de la crise sanitaire, Martin Hirsch, président de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), l'un des architectes du démantèlement de ce service public, rend compte de cette faillite en appelant à la mobilisation de «réservistes» médicaux, retraités, bénévoles, alors que le Grand Est évacue par train, avion ou route certains de ses malades vers les Pays de la Loire... Généreusement, le président des lucratifs hôpitaux et cliniques privés vient seulement de proposer une aide: «Nous avons des places disponibles», a-t-il rappelé toute honte bue. Alors que l'inquiétude est à son comble et que les personnels soignants sont sur la brèche, ces propos corroborent le refus du gouvernement de réquisitionner le secteur privé hospitalier afin de désengorger le secteur public fragilisé par des décennies de cure d'austérité drastique. «Solidarité», «efforts», proclame Emmanuel Macron... Les salariés ont déjà été échaudés par de telles promesses. La solidarité et les efforts sont le tribut des forces du travail comme toujours en temps de crise tandis que les forces de l'argent se protègent. Aux États-Unis, la connivence entre force du capital et pouvoir est telle que bon nombre de sénateurs ont d'abord empoché les juteux bénéfices de leurs portefeuilles boursiers avant que les premières mesures contre le coronavirus ne soient annoncées... Force est de constater que, dans ces conditions, la responsabilité du gouvernement et du président E. Macron serait de renoncer aux violentes politiques d'austérité qu'ils entendent déployer dès la fin de la crise.

L'urgence est aussi à la coopération. Accueillons avec bienveillance et respect la main tendue de l'aide internationale formulée notamment par Cuba dont la qualité des personnels médicaux n'est plus à démontrer. Leur expertise dans les crises épidémiques les plus graves ont fait leur preuve dans plusieurs pays d'Afrique, et maintenant, et aujourd'hui, face au Covid19 de la Jamaïque à l'Italie. Le groupe d'amitié France-Cuba de l'Assemblée nationale a publiquement enjoint le chef de l’État de solliciter cette aide. Le temps presse, il n'est plus question d'attendre. Les Français sauront aussi se souvenir de ces atermoiements.

La crise sanitaire face à la pandémie du coronavirus dévoile crûment les inégalités et les exacerbe durablement. Les actions de solidarité et les mobilisations actuelles posent les jalons des exigences des changements fondamentaux pour extraire notre économie et notre société des logiques actuelles qui conduisent l'humanité et la planète dans une impasse.

Le secrétariat d'animation du secteur International

 

1Voir notamment le dernier rapport d'Oxfam.
2D'après L'Atlas mondial des flux financiers illicites (Interpol)
3ARTE : https://www.arte.tv/fr/videos/082810-000-A/main-basse-sur-l-eau/
4Les congés dépendant des conventions négociées dans les grandes entreprises par les syndicats.
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