Merci Michel ...
Pour les femmes et les hommes de ma génération, il représentait le football à visage humain.
Michel Hidalgo nous a quittés. Je suis triste. Pendant neuf années, de 1975 à 1984, il fut celui qui dirigea l'équipe de France de football et sut patiemment la faire progresser, la mener au plus haut niveau européen, jusqu'à ce titre de champion d'Europe en 1984, le premier grand titre de notre sélection nationale.
Des images affluent... Celle de la demi-finale de la coupe du monde 1982 à Séville, celle de la demi-finale de l'Euro 1984 contre le Portugal à Marseille...
Bien sûr, ces années furent marquées par l'immense talent des Giresse, Tigana, Platini, Rocheteau, Bossis et tous les autres.
Mais comment oublier l'apport décisif de Michel Hidalgo, son sens du dialogue, son respect des joueurs, son intelligence du jeu. Il compte parmi les grands sélectionneurs de notre sélection nationale, celui, en tout cas, sans lequel rien de ce qui advint ensuite n'aurait été possible.
Chapeau bas Michel. Et merci....
Pierre Laurent
MICHEL HIDALGO EST MORT...
TOUTE NOTRE JEUNESSE
Ce jeudi 26 mars, en début d'après-midi, Michel Hidalgo est mort à l'âge de 87 ans, à Marseille. Il avait entraîné l'équipe de France pendant huit ans, guidant notamment les Bleus vers le titre à l'Euro, en 1984, avec Platini et les autres. Il était une sorte d'Amis de l'Humanité, il venait souvent à la Fête pour participer à des débats. Hidalgo, c'était le foot "à l'ancienne", avec une haute conception du sens collectif. Il aimait former des hommes, pas seulement des sportifs...
Jean-Emmanuel Ducoin - écrivain, journaliste à L'Humanité
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Article du Ouest-France, 26 mars 2020
[ Michel Hidalgo : Le sport est un vaccin social.]
Brillant sélectionneur de l’équipe de France de foot, Michel Hidalgo est la fierté des normands.
Salarié de l’usine de sidérurgie de la (SMN) à Colombelles (14) il sera aussi un sportif de haut niveau. Il signera son À 1er contrat pro au Havre.
Au moment où il nous quitte, son sourire profondément chaleureux et humain restera une belle image.
Michel Hidalgo est décédé ce 26 mars à Marseille, à l’âge de 87 ans. En septembre 2013, à l’occasion de son retour sur le Plateau, l’emblématique sélectionneur des Bleus des années 80 nous avait confié sa joie de lui donner son nom, s’était souvenu avec émotion de son enfance au pied de la SMN, et nous avait confié « rêver encore de France – Allemagne 82 », ce fameux match entré dans la légende du foot aux dépens des Bleus.
On habitait le plateau, rue des Marguerites, à Giberville. Lors du Débarquement, la maison a été détruite par un obus. On s’est exilé en Mayenne. Mon père est resté. Dans un jardin, il a construit une baraque en bois à Mondeville, à côté de la nouvelle église. On est revenus en 1946. J’ai chaussé mes premiers crampons dans l’équipe du patronage paroissial et à l’US Normande avec mon frère jumeau Serge, hélas disparu.
À 18 ans, vous signez votre premier contrat au Havre AC…
Oui, on venait de les battre 6-4 en finale de la Coupe de Normandie juniors. J’avais marqué 5 buts et Serge le 6e. Le lendemain, le président du HAC est venu me recruter. Mon père lui a répondu : « Mes deux fils ou rien ».
J’y ai joué deux ans avant de rejoindre le Reims de Kopa et Jonquet. On avait sept joueurs de l’équipe de France. Trois ans magnifiques sous les ordres d’Albert Batteux, le meilleur entraîneur de tous les temps selon moi. On a manqué de gagner la Coupe d’Europe 1956. On perd 4-3, j’avais marqué de la tête le 3e but, on menait 3-2.
« Après France – Allemagne, 90 % de l’équipe voulait arrêter »
Ça rappelle un peu ce fameux France – Allemagne de 1982…
Ma plus grosse déception ! On la méritait cette finale. J’en rêve encore… Après ce match, 90 % de l’équipe voulait arrêter. Heureusement qu’il y avait l’Euro qui se profilait deux ans après. C’était une génération magnifique : Platini, Giresse, Tigana, Trésor… On a décroché deux ans plus tard le premier titre de l’histoire des Bleus. Là, j’ai décidé de rendre mon tablier. J’ai refusé de repartir pour trois ans.
1982, c’est aussi votre grosse colère contre le Koweit lors de ce Mondial…
Descendu sur la pelouse, le frère de l’émir fait annuler un but tout à fait valable. La police espagnole m’a repoussé. Le soir, l’émir m’a appelé en me disant que ce n’était pas de sa faute. Il m’a invité avec toute l’équipe chez lui. On est devenus amis.
« Le sport est un vaccin social, c’est parler avec ses tripes, mais écouter avec son cœur »
Pourquoi avoir refusé le ministère des Sports en 1984 ?
Un samedi soir, la police m’attendait chez moi avec un téléphone sécurisé. Laurent Fabius m’a fait cette proposition et voulait une réponse pour lundi. Je lui ai dit « non » avec « un grand merci » le lendemain à 10 h. Aujourd’hui, je regrette. C’est une expérience que j’aurais aimé connaître.
Que dîtes-vous aux enfants qui vont fréquenter la salle qui porte votre nom ?
Le sport est un vaccin social. C’est parler avec ses tripes, mais écouter avec son cœur. Le bonheur, il faut aller le chercher. L’extraordinaire se trouve sur le chemin de gens ordinaires comme moi.
Chemin qui vous a fait passer de la SMN au rang de légende du foot…
La SMN, c’est tout un symbole. J’y ai travaillé un an après mon diplôme d’ajusteur à la cartoucherie à Mondeville, dans l’atelier d’essai sur moteurs électriques. Mon père y a œuvré toute sa vie, il était chef de charge aux fourneaux.
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