Le nouveau ministre de la Santé a été de tous les coups portés à la Sécurité sociale depuis 2017, défendant l’austérité et tentant de supprimer huit mentions sur neuf de la Sécu dans la Constitution.
En 2017, c’est Olivier Véran qui est choisi par la majorité macroniste pour devenir rapporteur des budgets de la Sécu. Dès le premier d’entre eux, il défend mordicus une coupe de 4,2 milliards d’euros, dont 1,2 milliard rien que pour un hôpital public déjà exsangue. « En trois ans, il a retiré 3,1 milliards d’euros à l’hôpital public. Il est comptable de la situation catastrophique dans laquelle se trouvèrent les soignants et les soignés », assène Alain Bruneel. Les syndicats des professionnels de santé ont d’ailleurs vertement accueilli, dimanche, le nouveau ministre.
« Pour nous, mettre comme ministre celui qui avait été à la manœuvre pour faire voter la loi de finances qui motive aujourd’hui le mouvement à l’hôpital, ça frise la provocation », a réagi Christophe Prudhomme. Le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France ajoute avoir « peu d’espoir que la politique change » avec cette nomination. Le secrétaire d’État Cédric O a d’ailleurs affirmé, hier, que « les Français ne verront pas les différences » entre Buzyn et Véran. C’est bien le problème.
Alors que les démissions, y compris de chefs de service, se multiplient dans l’hôpital public pour protester contre le sort qui leur est imposé par le gouvernement, Olivier Véran a annoncé, hier, vouloir lancer « une enquête nationale pour consulter les hospitaliers, pour tenter de saisir le sens de leur engagement et les raisons du mal-être ». « On n’a pas besoin d’une enquête de plus. La plus belle enquête qui existe, et qu’il faut écouter au plus vite, c’est ce qui est exprimé tous les jours par les soignants », insiste Alain Bruneel.
Pour amadouer son monde, Olivier Véran assure comprendre les hospitaliers. « J’ai été aide-soignant de nuit, j’ai été médecin », rappelle le neurologue, devenu député PS en 2012 quand Geneviève Fioraso, dont il était suppléant, a été nommée ministre par Hollande. Il a ensuite suivi Macron, dont il était le référent santé lors de la campagne de 2017. Il assure encore aujourd’hui avoir « le cœur à gauche », et a parfois soutenu des propositions courageuses sur le prix des médicaments, l’aide médicale d’État, le cannabis thérapeutique ou la question de la fin de vie. Il s’était un temps dressé contre le fait de faire supporter les mesures dédiées aux gilets jaunes au budget de la Sécu. « Mais il finit toujours par se soumettre à Macron et n’est surtout pas de gauche. Quand on s’attaque à des droits fondamentaux comme les services publics, la retraite ou la cotisation sociale, on n’est pas de gauche », tranche Alain Bruneel.
Car Olivier Véran a aussi porté le transfert massif des cotisations sociales (maladie et chômage) vers la CSG. Ce qui n’empêche pas le nouveau ministre de se réclamer d’Ambroise Croizat, y compris au sujet des retraites. Ce qui lui a valu cette remarque acerbe du communiste Pierre Dharréville : « Vous n’êtes pas les exécuteurs testamentaires de Croizat. Vous êtes les exécuteurs tout court ! »
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