Notre amie Dominique Noguères, avocate, vice-présidente de la Ligue des Droits de l'Homme, venue aux mardis de l'éducation populaire l'an passé, 15 janvier 2019, à Morlaix pour nous parler de la justice en France, s'exprimait hier dans l'Humanité sur la juste colère des avocats face à la dégradation de leurs pensions de retraite et de leurs conditions de travail.
Vidéo de la conférence de Dominique Noguères, avocate, vice-présidente de la Ligue des Droits de l'Homme, aux Mardis de l'éducation populaire du PCF Morlaix, 15 janvier 2019
Une tribune de Dominique Nogueres Avocate, vice-présidente de la LDH
Mes confrères et consœurs avocats et avocates sont en colère. Le projet de loi sur la réforme des retraites pénalisera nombre d’entre eux. Leur colère est légitime et nécessaire. La justice est en soi un monde à part, avec son langage, son rituel. Nombreux sont les justiciables qui, se présentant pour la première fois devant un tribunal, n’en connaissent ni les codes ni le fonctionnement.
Pourtant, jamais les demandes de règlement de conflits par la voie judiciaire n’auront été si importantes en quantité, les personnes considérant que la justice doit non seulement réparer l’injustice dont elles s’estiment victimes, mais également réguler les rapports sociaux. La justice, c’est la justice civile, celle du quotidien, des divorces, du surendettement, des injonctions de payer, des gardes d’enfants, des tutelles ou des curatelles, etc. C’est aussi la justice administrative avec, entre autres, le droit des étrangers et, bien entendu, la justice pénale. Dans toutes ses déclinaisons, la présence de l’avocat est fondamentale pour décoder, aider, assister, conseiller ceux qui le mandatent.
Sans les avocats, les justiciables n’y trouvent pas leur compte. Alors que la réforme récente de la justice a transféré à des algorithmes ou à des plateformes les règlements de certains conflits, et n’a pas pris en compte la nécessaire revalorisation de l’aide juridictionnelle, cette réforme des retraites met en péril nombre de cabinets qui n’auront plus la perspective de bénéficier d’une retraite décente.
Pourquoi ? Parce que, contrairement à une idée reçue, tous les avocats ne sont pas des nantis et ceux qui, comme moi, ont mis leur profession au service de la défense des plus démunis paient le prix de leurs convictions et de leur engagement. Point de corporatisme dans cette lutte, mais simplement la préservation d’une profession indispensable dans la société et, si elle a bien des défauts, elle a aussi une qualité essentielle, le choix de l’humain.
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