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Quelques enseignants syndiqués se sont réunis dans l’ancien lycée de Morlaix pour échanger sur les actions à mettre en place contre la réforme des retraites. (Le Télégramme/Yann Clochard)
Réunis en assemblée générale, mardi 17 décembre, des enseignants du Pays de Morlaix ont réfléchi aux actions à mettre en place pour lutter contre la réforme des retraites.
Ils sont sept ou huit autour de la table. Des personnels syndiqués de l’Éducation Nationale avaient donné rendez-vous dans l’ancien lycée de Morlaix pour une assemblée générale, à 9 h. Au bout de quelques minutes, le groupe commence à échanger sur la réforme des retraites. Tous se désolent de ne pas voir leurs camarades présents. Même si certains étaient bien à la manifestation prévue deux heures plus tard.
Les enseignants se mobilisent car ils sentent la difficulté de maintenir la lutte active, à une semaine de Noël. Les chiffres d’Ismaël Dupont, adhérent au Snes-FSU et documentaliste au collège Pierre-Mendès-France, le confirment : « Nous sommes 63 % de grévistes alors que nous étions 90 % le 5 décembre ». « Chaque jour de grève, c’est 1/30e du salaire qui est retiré. Ça explique peut-être que ce matin, nous soyons moins nombreux », ajoute Yann Le Ninan, secrétaire général du Snes-FSU Pays de Morlaix.
Une première depuis 2003
Pourtant, ils comptent bien poursuivre le combat. Le tout est de savoir comment. Ils ont prévu de se réunir samedi 21 décembre, à 14 h 30, devant la mairie. Une page Facebook devrait être créée afin de faciliter les échanges et l’organisation de mouvements dans le Pays de Morlaix. « Beaucoup savent qu’à la retraite, ils vont perdre jusqu’à 1 000 €, souligne Sébastien Ménès, du syndicat Sud Éducation 29. Si Emmanuel Macron gagne, cela laissera le champ libre pour casser le statut de fonctionnaire ». « Avec cette réforme, les enseignants, notamment les femmes, seront perdants. Le gouvernement promet des revalorisations mais cela entraînera une hausse du temps de travail », précise Yann Le Ninan.
Ismaël Dupont dénonce par ailleurs la défiance du gouvernement face à un mouvement massif. « Il y avait 75 % de grévistes dans l’Éducation Nationale le 5 décembre. Les profs n’avaient jamais été autant déterminés depuis 2003 ». Où, déjà, les retraites étaient la cible du gouvernement, avec le projet de loi Fillon.
Bac +5 et 1 400 € net
« Cette réforme, c’est la goutte d’eau qui fait déborder la vase », lance Yann Le Ninan. « C’est plus qu’une goutte d’eau, surenchérit Julia Thatje, du Snes-FSU. Nous allons perdre 800 € par mois jusqu’à notre mort ! ». Au point que des enseignants se disent prêts à démissionner. « Les jeunes y songent de plus en plus, affirme Yann Le Ninan. On nous demande comment faire pour quitter l’Éducation Nationale ».
L’envoi massif de démissions simultanées est évoqué. Mais partir, c’est aussi abandonner un statut. Même si celui-ci s’avère plus précaire que par le passé. « Le salaire de départ est à 1 400 € net pour un niveau Master. Il faut souvent aller en région parisienne pour commencer. Et à aucun moment il y a consultation du personnel. On s’adapte à un nouveau dispositif et il faut changer un ou deux ans après… ».
Étudiants et enseignants dans la rue ?
« Face à un gouvernement qui, depuis un an, ne trouve comme seule réponse les lacrymogènes et des balles de défense, cela rend les échanges compliqués », confie Sébastien Ménès. S’ils aimeraient que la grève se généralise, que les étudiants aillent dans la rue, les enseignants ne veulent pas être accusés de « manipulateurs » vis-à-vis des jeunes. « Le niveau de répression lors de mouvements de lycéens est assez inédit, s’indigne Ismaël Dupont. Si des étudiants occupent leur fac, on fait venir les CRS. C’est stratégique. Les universitaires savent aussi que leurs parents se saignent pour leurs études ». Et ils n’ont pas envie de se faire saigner par les forces de l’ordre.
Published by Section du Parti communiste du Pays de Morlaix
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