Le budget qui permet aux établissements d’aider les familles en grande difficulté va passer de 59 à 30 millions d’euros.
Sans doute un effet du « en même temps » macronien ? Alors qu’il se gargarise dans les médias de la mise en place de petits déjeuners gratuits, le gouvernement s’apprête, en toute discrétion, à sabrer dans les aides aux parents d’élèves les plus précaires. C’est en tout ce que nous apprennent la publication des « bleus budgétaires », ces documents qui détaillent les dépenses pour chaque mission de l’État. Les crédits consacrés aux fonds sociaux des établissements scolaires, qui avaient été portés à 59 millions d’euros par le précédent gouvernement, et maintenus à ce niveau en 2018 et 2019, devraient être de 30,6 millions d’euros en 2020… Révélée par Jean-Paul Delahaye, ancien directeur général de l’enseignement scolaire et auteur d’un rapport intitulé « Grande Pauvreté et réussite scolaire », l’information n’est pas une bonne nouvelle pour les familles pauvres. Alloués aux établissements pour soutenir la scolarité des élèves démunis, ces fonds aident à payer les transports, le matériel scolaire, les sorties ou encore les soins indispensables, comme des lunettes ou un appareil auditif…Cette baisse n’est pas une première. Entre 2002 et 2012, sous les présidences de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, ces fonds sociaux étaient passés de 73 à 32 millions. À la manœuvre, les ministres Gilles de Robien et Luc Chatel, tous deux flanqués d’un certain Jean-Michel Blanquer… Cette fois, le gouvernement va tenter de la jouer plus fine. La baisse attendue pour 2020 sera camouflée par une entourloupe budgétaire. Aux 30,6 millions d’euros alloués, le ministère va ajouter les reliquats de fonds sociaux non consommés des années précédentes. De quoi afficher une somme finale inchangée par rapport à 2019… Pirouette cynique qui révèle, au passage, que 30 millions d’euros de fonds sociaux n’auraient pas été utilisés par les établissements, alors que les besoins sont là. « Trop d’établissements, estime Jean-Paul Delahaye, n’ont pas encore de volet social dans leur projet, alors même que la pauvreté a des conséquences lourdes dans la vie des élèves. » Et ce n’est pas le gouvernement qui va les y contraindre…
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