L’ancien résistant, membre des Francs-tireurs et partisans (FTP), militant inlassable de la cause arménienne et communiste parisien, est décédé à l’âge de 95 ans.
Michel Kachkachian s’est éteint en fin de semaine dernière à l’hôpital Saint-Antoine. Âgé de 95 ans, le militant du PCF dans le 12e arrondissement de Paris aura été le témoin et l’acteur des combats émancipateurs du siècle écoulé. « Michel est un enfant de la première génération d’arméniens nés en France. Il va croiser la grande histoire », indiquait Nicolas Bonnet-Oulaldj, président du groupe communiste au Conseil de Paris à l’occasion de son 90e anniversaire, célébré il y a cinq ans par ses amis et camarades. Et en effet, s’il naît le 24 juillet 1924 en Ardèche, c’est que sa famille est réfugiée en France depuis le début du génocide arménien. À tout juste 15 ans, le jeune immigré travaille, tout en poursuivant ses études au Conservatoire national des arts et métiers. La France entre alors dans les années sombres de la guerre et de l’Occupation. En alerte par la tragédie des premières décennies du siècle, il participe dès 1942 à des distributions de tracts contre l’occupant nazi. Arrêté, il est envoyé en Allemagne. Grâce à des complicités, il parvient à rentrer en France et rejoint en 1943 les rangs de la Résistance communiste des Francs-tireurs et partisans (FTPF) à Arnouville-lès-Gonesse (Val-d’Oise), dans les pas de Missak et Mélinée Manouchian. Il combattra lors de la Libération en août 1944 à Arnouville et pour la prise de l’Hôtel de Ville.
Après la Libération, il s’engage dans la fondation de la Jeunesse arménienne de France. Son action va désormais se concentrer à renforcer les liens entre les Arméniens de France et l’Arménie soviétique et la défense de la cause arménienne. En avril 1965, le député PCF des Hauts-de-Seine Guy Ducoloné, qui sera son ami, pose pour la première fois à l’Assemblée nationale la question de la reconnaissance du génocide arménien, de la responsabilité du gouvernement turc et du silence des pays occidentaux. Chaque 24 avril, le député réitérera cette demande. Hélène Luc, sénatrice PCF du Val-de-Marne, mènera, elle, au Sénat ce combat pour la vérité et la justice. Michel Kachkachian sera en première ligne dans cette bataille, en contribuant à la fondation du Mouvement des Arméniens de France pour le progrès, en 1996. En 2001, la loi reconnaîtra enfin le génocide arménien. Ses obsèques auront lieu le jeudi 3 octobre à 13h30, en la cathédrale orthodoxe Saint Jean-Baptiste rue Jean Goujon à Paris. L'inhumation aura lieu dans le cimetière d'Arnouville-lés-Gonesses à 15 heures. L’Humanité présente ses condoléances à sa famille et à ses proches.
Message de Nicolas Bonnet Ouladj, adjoint au maire communiste à Paris:
Beaucoup de tristesse d'apprendre le décès de notre camarade Michel Kachkachian dans sa 95eme année.
Michel habitait et militait dans le 12e arrondissement de Paris et il s'est éteint à l'hôpital Saint Antoine la nuit dernière.
il aura consacré toute sa vie au parti communiste et au mouvement des arméniens de France. il a participé à la résistance, proche de Missak et Melinée Manouchian, il a contribué à la libération de notre pays au sein de FTP.
Fondateur du mouvement des arméniens de France pour le progrès, il aura contribué au côté de Guy Ducoloné et Hélène Luc à la reconnaissance du génocide arménien.
Voici les extraits du discours que j'ai prononcé au nom du PCF à l'occasion de son anniversaire pour ses 90 ans :
"Michel est un enfant de la première génération d’arménien né en France, va croiser la grande histoire.
9 ans après le début du génocide arménien qui a balafré l’histoire mondiale, il nait en Ardèche. Il travaille à 15 ans à l’aube de la déclaration de guerre pour subvenir aux besoins de sa famille, tout en poursuivant ses études au Conservatoire National des Arts et Métiers. Dès 1942, il prend part aux prémices de la résistance active, distribuant des tracts. Arrêté il est rattrapé par le Service du Travail Obligatoire et est envoyé en Allemagne. Grace au CNAM et à des complicités, il parvient à rentrer en France. Il profite de cette « permission » pour rejoindre les rangs des FTP à Arnouville les Gonesse. C’est l’armée des ombres en marche, sabotages, récupération d’armes, cache d’arméniens soviétiques, Michel est de tous les coups. Il faut de la discrétion et du courage, Michel n’en manque pas. En août 1944 l’hôtel de ville d’Arnouville est pris, la ville est libérée.
Il s’engage dès la fin de la guerre dans la fondation de la Jeunesse Arménienne de France. En 1951, il en est élu secrétaire général, il le restera jusqu’en 1963. Son action va désormais se concentrer à renforcer les liens entre les Arméniens de France et l’Arménie soviétique. Il continuera dans cette ligne jusqu’en 1996 date à laquelle il participe à la fondation du Mouvement des Arméniens de France pour le Progrès.
Michel a 41 ans quand un député communiste, qui deviendra son ami ,Guy Ducoloné, pose pour la première fois au Parlement la question de la reconnaissance du génocide arménien. Seul groupe à se préoccuper de rendre à ce peuple la dignité qui est liée à la reconnaissance de ce drame horrible.
Chaque 24 avril, la belle voix du député d’Issy les Moulineaux, où est implantée depuis longtemps, comme à Bagneux ou dans des ville du Val de Marne, une importante communauté arménienne, fait vibrer l’hémicycle du Palais Bourbon. Il rappelle inlassablement la responsabilité du gouvernement Turc d’alors et le silence complice des pays occidentaux. Ce sont des larmes de joie de Guy et de Michel qui accueilleront en 2001 la loi qui enfin, fait que la France reconnaît le génocide.
Hélène Luc sénatrice du val de Marne qui est avec nous aujourd’hui pourrait mieux que moi raconter cette épopée des associations arméniennes et des groupes communistes à l’Assemblée et au Sénat pour faire reconnaître le génocide.
Que de sang, que de larmes, mais que de liens entre le peuple français et le peuple arménien.
Nous pouvons être fiers du combat que tant d’Arméniens comme toi Michel, comme Missak et Mélinée Manouchian comme Henri Karayan et tant d’autres ont mené pour la liberté de la France leur patrie sans oublier jamais leur patrie de cœur, l’Arménie.
Alors qu’à nouveau cette partie du monde est endeuillée par des combats acharnés, je sais Michel que tu suis cette actualité et que ton cœur saigne en pensant que là-bas il n’y a pas encore la paix.
Ton combat est pour nous un exemple, il montre contrairement à ce que pense certains, on est bien sur français grâce à sa carte d’identité mais on est aussi français parce que l’on défend les valeurs qui sont aux frontons de nos écoles : liberté Egalite Fraternité. Cet idéal ne te quitte pas Michel. Je te souhaite un bon anniversaire et que demain encore la paix l’amitié et la compréhension mutuelle existe. Nous continuons à notre manière tes combats d’hier, je suis fier comme tous les communistes de Paris de te compter parmi les nôtres."
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