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16 octobre 2019 3 16 /10 /octobre /2019 05:27
Après le suicide de Christine Renon: 200 directeurs d'écoles publiques du 93 interpellent Blanquer (L'Humanité, 15 octobre 2019)
Éducation. 200 directeurs d’école interpellent Blanquer
Mardi, 15 Octobre, 2019

Après le suicide d’une des leurs, ces professeurs de Seine-Saint-Denis signent une lettre ouverte pour réclamer au ministre l’ouverture d’un « dialogue réel ».

 

Aulnay, Bondy, Bobigny… La liste est impressionnante. Et il sera difficile pour Jean-Michel Blanquer de l’ignorer. Trois semaines après le suicide de leur collègue dans son école de Pantin, 200 directrices et directeurs d’école de Seine-Saint-Denis signent lundi, avec leur identité complète, une longue lettre ouverte au ministre de l’Éducation nationale pour lui réclamer l’ouverture d’un « dialogue réel ». Le 23 septembre, le corps de Christine Renon, 58 ans, avait été retrouvé dans le hall de la maternelle Méhul. Deux jours plus tôt, juste avant de se donner la mort, cette enseignante, « solaire » et « hyper-investie » selon ses collègues, avait pris le soin d’écrire une lettre de trois pages où elle détaillait son « épuisement », la solitude des ­directeurs, l’accumulation de tâches « chronophages », les réformes incessantes et contradictoires.

Face à ce drame, l’attitude de Jean-­Michel Blanquer a été d de l’ignorer, ne concédant qu’un tweet de soutien où il ne citait même pas le nom de l’enseignante… Puis, après le 3 octobre, où des milliers d’enseignants se sont mobilisés à travers la France pour rendre hommage à Christine Renon, le ministre s’est dit « prêt » à « améliorer la situation des directeurs d’école ». Comment ? En ­recyclant certaines des mesures délétères – dont un nouveau statut de directeur d’école – qu’il avait échoué à faire voter lors de l’examen, cet été, de son texte sur « l’école de la confiance »…

Une tentative d’« instrumentalisation » à laquelle la lettre ouverte de ce jour entend répondre. La missive résonne d’une profonde colère. « Comment avez-vous pu, par votre absence d’écoute, permettre que notre collègue en vienne à ce geste ultime ? » interrogent ces enseignants.

Dans ce courrier, ils se disent « oppressés par une institution obsédée par la mesure et le contrôle » et « submergés de tâches administratives », ils décrivent une « mission qui n’a plus de sens car elle est mise à mal par des injonctions de plus en plus déconnectées de la réalité et des besoins de nos élèves et de nos écoles ». Estimant être, bien souvent, « le dernier service public encore fonctionnel dans leur quartier », ils réclament « d’ouvrir un dialogue réel et concret », afin que les « réformes à marche forcée cessent ». Parmi leurs revendications, l’augmentation significative des temps de décharge de classe pour les directrices et directeur d’école. Ou encore la création d’emplois statutaires d’aide administrative à l’école avec des agents formés et en contrat pérenne. « Il est urgent de reconstruire le respect du travail de chacun mis à mal par des réformes et le “new management public” destructeurs alors que c’est de considération, de soutien et de protection dont ont besoin les enseignants », concluent-ils. Jean-Michel Blanquer va-t-il leur répondre ?

Laurent Mouloud

-> Lire la lettre ouverte

 
Lettre ouverte au Ministre de l’Education Nationale
Mardi, 15 Octobre, 2019

200 professeurs de Seine-Saint-Denis signent une lettre ouverte adressée à leur ministre de tutelle, Jean-Michel Blanquer.

 

Monsieur le Ministre,

Nous nous adressons à vous en tant que directrices et directeurs de Seine Saint Denis. Le geste de notre collègue Christine Renon a mis tragiquement la lumière sur la souffrance au travail des enseignants, en particulier celle de ceux chargés de la mission de direction d’école.

Pourtant ce n’est pas faute de vous avoir interpellé à de nombreuses reprises via nos représentants syndicaux dans les instances, via nos mobilisations du printemps dernier contre les EPSF notamment. Nous sommes en colère ! Comment avez-vous pu, par votre absence d’écoute, permettre que notre collègue en vienne à ce geste ultime ?

Nous sommes des professionnels investis dans cette mission que nous avons choisie pour être avant tout les animateurs d’un collectif de travail : le conseil des maîtres.

Notre mission n’a plus ce sens car elle est mise à mal par des injonctions de plus en plus déconnectées de la réalité et des besoins de nos élèves et de nos écoles. Les personnels sont oppressés par une institution obsédée par la mesure et le contrôle qui remet constamment en cause le travail des équipes s’il a le malheur de ne pas correspondre aux attentes et préconisations du moment. Nous sommes traités comme des objets de réforme et non comme des professionnels concepteurs avec une éthique et des valeurs.

Nous sommes submergés de tâches administratives qui ne nous permettent plus de faire vivre nos projets d’école. Or dès que vous avez pris vos fonctions votre gouvernement a supprimé nos aides administratives au lieu d’en faire un vrai métier pour des personnels sur le chemin du retour à l’emploi !

Dans un département comme le nôtre où l’ensemble des services publics partenaires de l’école est exsangue, nous sommes seuls face aux situations de crise que vivent nos élèves. Nous représentons pour leurs familles le dernier service public encore fonctionnel dans leur quartier. Nous ne pouvons pas pallier les défaillances et manques de services sociaux, médicaux, de logement, de protection de l’enfance ou encore de justice.

L’institution que vous représentez nous doit une protection et un soutien. Et non pas, comme c’est le cas désormais, une suspicion et une remise en cause de nos décisions.

Depuis 2 ans, vous avez mené des réformes à marche forcée, sans jamais tenir compte de notre avis. Réformes qui heurtent notre professionnalisme et qui pour certaines bafouent nos valeurs et notre éthique.

Et enfin, quel mépris d’instrumentaliser le geste de notre collègue pour, à nouveau, proposer le statut de supérieur hiérarchique des directeurs. Et ce, le jour même de notre grève massive et de ses obsèques ! Le manque de reconnaissance dont souffre notre mission n’aura pas pour réponse un statut qui nous isolerait encore plus de nos collègues. Nous ne souhaitons pas être « les soldats » de votre politique ! Nous avons choisi notre métier, notre mission pour permettre à tous nos élèves de bénéficier du meilleur service public d’éducation possible. Et vous nous rendez cette tâche impossible.

C’est dans la dignité et l’unité que nous, directrices et directeurs de Seine Saint-Denis vous demandons d’ouvrir un dialogue réel et concret. Pour remplir nos missions, nous voulons que vos réformes à marche forcée cessent. Que vos prescriptions pédagogiques à tous les niveaux arrêtent de mettre à mal nos collègues que vous transformez en simples exécutants de méthodes et autres guides colorés. Pour nous soulager dans notre quotidien, nous souhaitons également l’augmentation significative des temps de décharge en fonction des besoins définis par le conseil des maîtres et la création d’emplois statutaires d’aide administrative à l’école pour des agents formés et en contrat pérenne.

Il est urgent de reconstruire le respect du travail de chacun mis à mal par des réformes et le « new management public » destructeurs alors que c’est de considération, de soutien et de protection dont ont besoin les enseignants.

Veuillez croire, monsieur le Ministre, en notre engagement et en notre mobilisation pour le service public d’éducation nationale.

200 directeurs d'écoles de Seine Saint Denis
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