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Un projet commun porteur d’espoir
Ian Brossat Porte-parole du PCF
La gauche française est-elle rayée de la carte ? Non. Les dernières élections européennes ont montré qu’elle réunit un électeur sur trois. Néanmoins, c’est peu. Et c’est même encore moins si l’on tient compte de l’abstention. « Gauche : année zéro », titrait l’an dernier un quotidien du soir. Force est de constater que, depuis, le malade est loin d’être remis.
Et pourtant ce ne sont pas les chantiers qui manquent. Partout, la contestation du capitalisme prend de l’ampleur. L’urgence sociale comme la crise environnementale appellent plus que jamais l’émergence d’un nouveau monde de développement qui s’affranchisse de la loi du profit maximum. En cette rentrée, les foyers de contestation sont nombreux : la bataille contre la privatisation d’Aéroports de Paris, la mobilisation dans les services d’urgences des hôpitaux publics, le débat sur les retraites, les manifestations sur le climat qui rythmeront le mois de septembre.
Pour autant, aux yeux de la grande majorité de nos concitoyens et tout particulièrement de ceux qui souffrent le plus des ravages du capitalisme, les partis de gauche sont loin d’être la réponse adaptée à leurs problèmes.
Alors, que faire ? Certains ont la réponse. Il suffirait d’abandonner toute référence à la gauche. C’est la tentation populiste. Discréditée pour avoir trahi lorsqu’elle était au gouvernement, la gauche devrait se cacher. Et à la lutte des classes il faudrait substituer une opposition entre peuple et élite. D’aucuns ont tenté d’emprunter cette voie. A-t-elle été productive ? À regarder l’expérience italienne, il y a de quoi nourrir quelques doutes. Non seulement le Mouvement 5 étoiles n’a pas permis d’endiguer la poussée de l’extrême droite mais il a puissamment contribué à sa progression. Cette voie est à la fois dangereuse et contre-productive. Le populisme est un opportunisme, et ceux qui s’y aventurent finissent dans l’impasse.
J’en suis donc convaincu : il n’y a pas de raccourci possible, pas de chemin de traverse. Il nous revient aujourd’hui de reconstruire une perspective à gauche. Et ce n’est pas parce que la gauche (ou plus exactement ceux qui s’en revendiquaient) a déçu lorsqu’elle était au pouvoir qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain.
Ce travail de reconstruction est possible à deux conditions. La première, c’est le contenu. Pas de gauche digne de ce nom qui ne s’attaque frontalement aux logiques libérales. Au moment où le capitalisme est contesté de toutes parts, la gauche ne peut pas en rester à une stratégie d’aménagement du système. Le travail de reconstruction doit partir du contenu. C’est le sens de l’appel lancé par Fabien Roussel lors des universités d’été du PCF. Alors que le débat sur les retraites va être l’un des sujets brûlants de la rentrée, il a appelé les différentes forces de gauche à plancher sur un projet commun. Plutôt que de multiplier les appels rituels au rassemblement qui ne débouchent sur rien, parlons du fond, confrontons publiquement les propositions avancées par les uns et les autres et faisons émerger sur cette base des convergences porteuses d’espoir.
La seconde, c’est la renonciation à toute forme d’hégémonie. Les faits sont là. À gauche, personne ne peut aujourd’hui prétendre gagner seul. Nul ne peut jouer les fiers-à-bras. Même les écologistes qui sont sortis renforcés du dernier scrutin européen ne sauraient avoir une telle prétention. Cela n’empêche pas leur ancienne tête de liste de multiplier les déclarations fracassantes. Pourtant, la réalité est là : nous sommes condamnés à travailler ensemble. Le calendrier des mois à venir nous donne deux occasions de le faire. D’abord avec la riposte à la politique de Macron. Si les différentes forces de gauche, en lien avec le mouvement social et citoyen, pouvaient porter des propositions communes, elles en sortiraient grandies. Ensuite avec les élections municipales de mars prochain. Elles revêtent un enjeu majeur pour notre pays. Nos concitoyens sont attachés à leurs communes, à leurs maires et à leurs services publics de proximité. Faisons la démonstration à cette occasion que nous sommes capables de travailler ensemble pour améliorer la vie quotidienne du plus grand nombre !
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