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28 septembre 2019 6 28 /09 /septembre /2019 06:00

 

Les conclusions du nouveau rapport des experts du Giec sont glaçantes. Elles ouvrent, aussi, sur ce qu’il nous reste de marge de manœuvre pour éviter le pire et permettre le meilleur pour l’humanité.

Tout est enclenché, mais rien n’est encore coulé. S’il alerte une fois de plus sur les dangers relatifs aux bouleversements climatiques, le nouveau rapport spécial du Giec insiste aussi sur les marges de manœuvre à notre disposition pour empêcher le pire. Dans ce nouvel opus, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat s’est penché sur l’avenir des océans et de l’ensemble des surfaces glacées du globe, incluses celles de haute montagne. Pendant deux ans, une centaine de scientifiques de 36 pays ont épluché près de 7 000 études. Glaçante, leur synthèse ouvre cependant sur ce qui nous reste de champs d’action. Les choix que nous faisons aujourd’hui vont être critiques pour le futur de nos eaux, pressent en substance les experts, qui le notent : la survie d’une large part de l’humanité dépend de ce que l’on en fera.

Les zones côtières hébergent 680 millions d’habitants, soit près de 10 % de la population mondiale en 2010, rappelle le Giec, et devraient atteindre plus d’un milliard d’habitants d’ici 2050. Environ 670 millions de personnes vivent dans des régions de haute montagne. Quatre millions de personnes, enfin, vivent dans la région arctique. Toutes ces communautés sont particulièrement exposées aux changements océaniques et cryosphériques (cryo comme « glace » en grec ancien).

Ces derniers sont d’ores et déjà bien notables, énumèrent les experts. « Au cours des dernières décennies, le réchauffement climatique a entraîné un rétrécissement généralisé de la cryosphère », relèvent-ils. Les calottes glaciaires et les glaciers de montagne se sont réduits, de même que la couverture neigeuse et que l’étendue et l’épaisseur de la glace en mer Arctique. L’océan, globalement, s’est réchauffé sans relâche depuis 1970 – son taux de réchauffement a même plus que doublé depuis 1993. Il a aussi absorbé plus de 90 % de l’excès de chaleur du système Terre et entre 20 % et 30 % des émissions anthropiques de CO2.Conséquence de tout cela : le niveau des mers a augmenté 2,5 fois plus vite au début du XXIe siècle qu’au XXe. Les vagues de chaleur marine ont très probablement doublé de fréquence depuis 1982, l’acidification de la surface océanique va en s’accroissant, tandis que l’oxygène s’épuise jusqu’à - 1 000 mètres.

L’océan du futur n’aura pas le même visage à 1,5 °C qu’à 4,8 °C

Les effets sur les écosystèmes et les ressources en poissons et en eau potable se font déjà lourdement sentir, insiste le Giec, lequel souligne les impacts négatifs sur la sécurité alimentaire, la santé, et plus globalement le bien-être des populations touchées. Et ce n’est pas fini : quoi que l’on entreprenne aujourd’hui, tout cela promet de durer et de s’accentuer au bas mot jusqu’en 2040, voire 2050.

La suite, en revanche, dépend de ce que nous allons faire maintenant. Si l’avenir de l’océan et des glaces est désormais inéluctablement bouleversé, le niveau de ce bouleversement dépend de notre capacité à limiter le réchauffement.

Le Giec opère ainsi des projections selon deux scénarios. L’un, dit RCP8.5, correspond à la poursuite de notre trajectoire actuelle d’émissions de gaz à effet de serre et nous conduit à un réchauffement de 4,8 °C en 2100. L’autre, dit RCP2.6, correspond à une baisse drastique de nos émissions dès à présent et durant la prochaine décennie, et laisse envisager la possibilité de contenir le réchauffement à 1,5 °C. Dans un cas ou dans l’autre, le futur de la planète ne sera pas le même. Sous RCP8.5, l’océan devrait absorber 5 à 7 fois plus de chaleur qu’aujourd’hui d’ici 2100. Sous RCP2.6, il n’en absorbera que 2 à 4 fois plus. De la même manière, dans le cas d’un réchauffement planétaire stabilisé de 1,5 °C, la probabilité d’une mer Arctique libre de glace en septembre à la fin du siècle est d’environ 1 %. Elle grimpe entre 10 % et 35 % dans le cas d’un réchauffement de 2 °C, et ainsi de suite.

On le comprend, l’impact sur les sociétés humaines ira à l’avenant. Il dépendra, aussi, de notre capacité à nous y préparer. De façon très singulière, les experts du Giec s’attardent longuement sur les enjeux liés à l’adaptation. Beaucoup d’options s’offrent à nous, relèvent-ils. Certaines sont d’ordre technique – la protection des côtes peut diminuer par 2 ou 3 les risques d’inondation au cours du XXIe siècle –, d’autres en appellent à la solidarité internationale et au développement des droits humains : coopération et éducation figurent au premier plan des mesures que le Giec estime urgent de développer. Aucune, quoi qu’il en soit, ne permettra de compenser un réchauffement exaspéré.

Marie-Noëlle Bertrand

Alexandre Magnan : Penser à l’échelle des générations à venir

Le chercheur à l’Iddri et coauteur du rapport spécial du Giec explique : « Concernant l’élévation du niveau de la mer, nous avons déjà à notre disposition un portefeuille d’options d’adaptation. Submersion marine, érosion côtière, salinisation des sols… nous vivons déjà toutes ces choses un peu partout sur la planète. Nous avons l’expérience des solutions qui marchent et de celles qui ne marchent pas. D’une certaine manière, nous avons l’expérience du futur. Reste à la mettre en œuvre. À l’échelle globale, le problème n’est ni technique ni économique – l’argent existe. L’enjeu clé est d’arrêter de penser l’aménagement du littoral à l’échelle d’une année ou d’un mandat politique, pour le penser à l’échelle des générations à venir. Cela implique de revisiter la décision collective, afin de rendre acceptable que certaines décisions de transformation – comme la relocalisation de maisons – doivent être prises dès maintenant. »

 

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