Les communistes ont tenu ce week-end leur université d’été à Aix-en-Provence. Leur secrétaire national veut dépasser « les appels rituels au rassemblement » pour passer au « concret », notamment sur la réforme des retraites.
Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), envoyée spéciale.
Rassemblement, unité… le PCF veut passer de la parole aux actes. C’est le message que son secrétaire national a envoyé depuis Aix-en-Provence, où la formation a réuni, ce week-end, quelque 1 000 de ses militants pour son université d’été. « On ne pourra pas briser le duo funèbre de Macron et Le Pen seulement par des appels rituels au rassemblement. Il faut maintenant être concret. Nous voulons travailler à faire émerger un débouché politique, un espoir de changement, sur la base d’un projet permettant de changer concrètement la vie des gens et de relever les grands défis du XXIe siècle », a lancé Fabien Roussel lors de son discours, samedi. Paix, climat, urgence sociale. C’est sur ce triptyque que le député du Nord invite à plancher non seulement les citoyens, mais aussi les autres formations de gauche. « Nous voulons construire une dynamique porteuse d’espoir, une nouvelle union populaire, un Front populaire du XXI° siècle », résume-t-il. Il s’agit de « dire, précise-t-il encore, si demain nous sommes au pouvoir tous ensemble, voilà ce sur quoi nous nous engageons ».
« Agiter l’abandon du Mercosur pour nous faire avaler le Ceta »
En attendant, l’urgence environnementale s’affiche à Aix comme une priorité. Dans l’amphithéâtre rebaptisé Martha-Desrumaux, la séance inaugurale est consacrée au défi écologique. L’annonce par Emmanuel Macron de l’abandon du traité de libre-échange avec le Mercosur vient alors de tomber. « Il ne faudrait pas qu’ils agitent l’abandon du Mercosur d’un côté pour, de l’autre, nous faire avaler le Ceta contre lequel le combat continue puisqu’il repassera au Sénat à l’automne », réagit Fabien Roussel à la tribune. À ses côtés, Audrey Pulvar salue l’avancée après avoir réglé à sa façon la question du clivage gauche-droite en débat notamment chez EELV. « On a tort de dire que l’écologie n’est ni de droite ni de gauche, développe l’ex-présidente de la Fondation pour la nature et l’Homme, créée par Nicolas Hulot. Il y a un projet de gauche qui prévoit de faire voler en éclats le système capitaliste mondialisé. Et il y a un projet d’adaptation avec l’économie verte ou le développement durable. Celui-ci ne suffit pas. Il faut renverser la table. »
Avec ses 660 maires, le PCF joue gros aux municipales
De quoi donner le sourire dans les couloirs de la fac de lettres. Pour nombre de militants, le rassemblement est devenu une nécessité. « Si on reste les deux pieds dans le même sabot, on n’y arrivera jamais », estime Alexandra venue du Loiret, encore marquée – comme beaucoup – par les 2,5 % obtenus par son parti aux européennes, mais aussi par « la dynamique de (leur) campagne qui a remotivé les militants ». Pas si simple cependant de renouer le dialogue : « FI nous a fait beaucoup de mal et ne veut pas discuter », lâche un militant. « Le PS, après la déchéance de nationalité ou la loi travail, n’a pas vraiment fait le bilan de son dernier quinquennat », critique un autre.
Pour les prochaines municipales, beaucoup y croient tout de même. Le PCF joue gros et entend conserver son réseau de « plus de 660 maires et 7 000 élus ». « Le débat national est compliqué, mais dans les municipalités on peut réussir à le conduire sur la base de projets », affirme Pierre Lacaze, en charge des élections pour le PCF, au cours d’un atelier. Reste pour Ian Brossat, adjoint PCF à Paris, deux conditions au rassemblement à gauche : « Mettre de côté toute tentation hégémonique, qu’on voit poindre à nouveau côté EELV, et éviter l’écueil du flou sur le contenu ; on a besoin de clarté ». Une « clarté » espérée aussi dans la riposte à Macron. Déjà engagé contre la privatisation d’Aéroports de Paris, un front commun contre la réforme des retraites pourrait voir le jour. PS, FI, Génération.s et GRS s’y sont tous dits favorables samedi, lors d’une première rencontre à Aix. Fabien Roussel, estimant que s’opposer au projet Macron ne suffit pas, leur a proposé de formuler ensemble « un contre-projet ». Sur la table, la retraite à 60 ans, avec des pensions à au moins 75 % du meilleur salaire, financées notamment par la cotisation des revenus financiers… Si Génération.s et FI semblent partager l’ambition, Laurence Rossignol se montre plus mesurée à l’issue du débat, arguant « ne pas avoir mandat » pour aller plus avant. Là encore, pas si simple. « Moi, je me souviens avoir fait grève contre la réforme Hollande des retraites », rappelle un militant de Tarbes. Dans un paysage éclaté, Roussel tend une perche, espérant tourner la page des renoncements. « Il faut revenir sur les fondamentaux, dit-il en marge des ateliers : reprendre le pouvoir sur l’économie et mettre l’argent au service de l’humain et de la planète. Pour que la gauche retrouve sa force, il faut qu’elle fasse rêver à nouveau. »
commenter cet article …