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27 août 2019 2 27 /08 /août /2019 05:13

 

Guerre commerciale avec la Chine, Gafam, Brexit, Iran… Donald Trump s’est montré inflexible, avec l’appui de nouveaux alliés, loin du consensus formel des G7 précédents.

Les rapports de forces ont bougé

Il était bien difficile, hier, d’enregistrer de véritables points de convergence jusque entre pays réputés alliés au sein de l’Union européenne, comme l’a regretté le président sortant du Conseil européen, le libéral polonais Donald Tusk, estimant que la réunion de Biarritz était « peut-être la dernière occasion de restaurer (notre) communauté politique ». Au-delà des fissures entre présumés alliés comme Paris et Berlin sur l’attitude qu’il conviendrait d’adopter à l’égard de l’Amazonie, du Mercosur et donc du Brésil de Bolsonaro, une ligne de fracture essentielle est apparue entre partisans d’une politique national-libérale, comme celle de Donald Trump, et d’autres dirigeants encore convaincus du bien-fondé d’une approche plus multilatérale de la mondialisation capitaliste.

Les rapports de forces ont indiscutablement bougé au sein de l’instance. Sur les sept chefs d’État, deux au moins, outre le locataire de la Maison-Blanche, penchent en faveur d’une approche plutôt nationaliste pour gérer les affaires de la planète : le Japonais Shinzo Abbe et le tout nouveau premier ministre britannique, Boris Johnson. Et ce n’est pas ce malheureux Italien Giuseppe Conte, en proie à une crise politique majeure dans son pays, potentiel prélude à une nouvelle percée de l’extrême droite, qui aura pu infirmer cette tendance générale.

Symbole de cette fracture entre grandes puissances occidentales : l’annonce de la création d’une vaste zone de libre-échange entre les États-Unis et le Royaume-Uni, censée compenser, et au-delà, les difficultés d’un Brexit, fût-il dur, après la date du 31 octobre fixée par le premier ministre britannique. Donald Trump et Boris Johnson n’ont eu de cesse d’afficher leur complicité à Biarritz. Le locataire de la Maison-Blanche a promis la conclusion prochaine « d’un très grand accord commercial, le plus grand qu’il n’y a jamais eu ». Ce sera « un fantastique accord », a acquiescé dans la foulée le résident du 10 Downing Street.

Tout le reste est marqué par l’intransigeance à toute épreuve du président des États-Unis. Il a confirmé combien il entendait maintenir le cap sur la guerre économique avec la Chine. Pas plus tard que vendredi dernier, Washington a décidé de relever de 25 % à 30 % la taxation portant sur 250 milliards de dollars de produits chinois, et de 10 % à 15 %, celle touchant quelque 300 milliards de dollars d’autres marchandises. Pékin avait annoncé des représailles sur les premières attaques tarifaires des États-Unis, à hauteur de 75 milliards de dollars de productions états-uniennes. Et Trump a exclu explicitement à Biarritz toute désescalade. Or, la poursuite de ce bras de fer constitue l’un des facteurs qui pourrait aggraver la tendance générale observée vers un ralentissement mondial, qui a déjà des répercussions sur l’Europe et pourrait en avoir jusque sur les États-Unis. Au point d’y rendre une récession inéluctable, jugent de nombreux économistes outre-Atlantique.

En dépit des risques annoncés, Donald Trump reste donc inflexible, convaincu que le rétablissement de la domination de l’Empire américain passe par l’unilatéralisme et sa « diplomatie du deal » ; une « diplomatie » qui intègre toutes les dimensions du rapport de forces, politique, économique et militaire, pour imposer une décision favorable.

Menace de représailles

Fort d’un soutien de Wall Street, devenu désormais bien plus ostensible, le président des États-Unis a fait preuve de la même intransigeance pour contrer toute velléité, notamment française, de taxer les Gafam, les multinationales états-uniennes qui dominent le marché du numérique. Il a réitéré sa menace de représailles en taxant les vins français.

À l’heure où son ami Benyamin Netanyahou bombardait, sans autre forme de procès, des positions de forces réputées proches de Téhéran en Syrie et au Liban (voir page 15), Trump s’est montré tout aussi inflexible sur le dossier dit du nucléaire iranien. Lui qui a déchiré l’accord historique signé en 2015 n’entend même pas reprendre langue avec Téhéran. Et Emmanuel Macron, qui se faisait fort de couper court aux périls en tentant une conciliation entre les deux parties, a dû piteusement reconnaître son impuissance en déclarant que tous allaient continuer à agir… « chacun dans son rôle ».

Malgré les efforts des uns, des autres et leurs fausses connivences affichées, il était difficile de ne pas repérer la profondeur des désaccords enregistrés à ce G7 de Biarritz sur la plupart des sujets clés : climat, commerce, Iran, éventuelle taxation des géants du numérique. Ce sommet fut celui des clivages, reflet des contradictions entre les grandes puissances occidentales. Et cela même s’il avait été décidé prudemment, après le fiasco enregistré au précédent G7 au Canada, de ne plus se prêter à l’exercice d’une déclaration commune qui relevait jadis déjà du grand art pour les sherpas diplomates assujettis à cette tâche.

Bruno Odent

 

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