Le groupe est accusé par une étude financière d’avoir camouflé 38 milliards de dollars de pertes aux États-Unis, alors qu’il fait déjà l’objet de plusieurs enquêtes.
«Une fraude plus importante qu’Enron et Worldcom combinés » : c’est ainsi que l’analyste financier Harry Markopolos qualifie la présentation des comptes de General Electric aux États-Unis. Dans un rapport de plus de 170 pages révélé jeudi par le Wall Street Journal, celui-ci affirme que le conglomérat aurait dissimulé 38 milliards de dollars (34,2 milliards d’euros) de pertes dans ses activités d’assurance pour les soins à long terme, ainsi que dans sa branche pétrolière et gazière. D’après l’étude de Harry Markopolos, lanceur d’alerte qui avait contribué à révéler les arnaques de Bernard Madoff il y a quelques années, GE aurait besoin de constituer des réserves de 18,5 milliards de dollars dans sa branche assurance. Des montants qui font dire à l’expert que le groupe américain est en réalité insolvable. « Mon équipe a passé les sept derniers mois à analyser la comptabilité de GE et nous pensons que les 38 milliards de dollars de fraude que nous avons découverts ne sont que le sommet de l’iceberg », précise Harry Markopolos en préambule de son rapport.
Démenti du groupe
Des révélations qui ont fait l’effet d’une bombe à Wall Street, où le groupe a immédiatement vu son action dégringoler de 11 %. Une chute globalement enrayée ces derniers jours, notamment grâce au rachat de 252 000 actions GE par son PDG, Larry Culp. Sur la défensive, le groupe a immédiatement répliqué via un communiqué de presse pour démentir les accusations de l’analyste financier. « Les allégations faites par M. Markopolos sont infondées », a ainsi souligné la firme depuis son siège de Boston, qui continue de défendre la solidité de son bilan. Mais c’est aussi l’absence de neutralité de l’expert qui donne matière à GE à contre-attaquer. Harry Markopolos a en effet reconnu auprès des médias avoir réalisé cette étude pour le compte d’un fonds d’investissement qui tirerait profit de la baisse du cours de l’action boursière de General Electric. « De tels fonds ont des motivations financières pour tenter de générer des ventes à découvert des actions de la société pour créer une volatilité indue », affirme GE. Harry Markopolos a en outre admis qu’une partie de sa rémunération était indexée sur le gain que réaliserait le fonds d’investissement en question, dont le nom n’a pas été révélé.
Des manœuvres opaques
Toujours est-il que cette étude n’arrange pas les affaires du conglomérat, déjà empêtré dans plusieurs enquêtes. En 2018, l’autorité des marchés financiers américaine, la SEC (Securities and Exchange Commission), et le département de la justice (DOJ) avaient annoncé avoir ouvert des investigations concernant des charges de 22 milliards de dollars dans sa division énergie, dont la moitié proviendrait de dépréciations d’actifs attribués à Alstom. Début 2019, c’est le parquet français qui avait ouvert une enquête – depuis transmise au Parquet national financier – sur les conditions de la reprise de la branche énergie d’Alstom par GE. Une initiative du député LR Olivier Marleix, qui soupçonne un « pacte de corruption » entre ces entreprises et le ministre de l’Économie de l’époque et candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron, artisan de la reprise controversée.
Des manœuvres opaques dans cette partie de Monopoly financier dont les salariés font les frais depuis des années. Après l’annonce de 12 000 suppressions d’emplois au niveau mondial en 2017, syndicats et élus de la région de Belfort se battent toujours contre l’arrêt de l’activité turbines à gaz en France et le millier de suppressions d’emplois qui en découle.
Loan Nguyen
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