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3 août 2019 6 03 /08 /août /2019 05:32

 

Depuis 2012, l’ONG Global Witness s’attelle à recenser les crimes commis à l’encontre des militants environnementaux. L’an dernier, 164 personnes ont été tuées à travers le monde.

Il s’appelait Julian Carrillo, et c’est sur son histoire que Global Witness, ONG internationale de défense des droits humains et environnementaux, ouvre son dernier rapport. Le 24 octobre 2018, le corps de ce militant mexicain, vif opposant aux exploitations minières qui phagocytent l’État du Chihuahua, a été retrouvé criblé de balles. C’est le sixième membre de sa famille à se faire assassiner dans des circonstances similaires en deux ans, le quatorzième à l’être au Mexique en un an, son nom s’ajoute donc à un macabre inventaire. À son instar, rapporte Global Witness, 163 activistes environnementaux ont été tués en 2018 à travers le monde pour avoir défendu leurs terres, leur eau, leurs forêts et plus généralement leurs droits. Selon l’ONG, 40 meurtres au moins impliquent des forces de sécurité étatiques. En moyenne, l’an dernier, « plus de trois personnes ont été assassinées chaque semaine », résume l’organisation qui, depuis 2012, s’attelle à opérer le décompte des harcèlements et homicides dont sont victimes les militants écologistes.

Les Philippines, où on dénombre au minimum 30 personnes assassinées, sont le pays qui détient désormais le record des exactions meurtrières. Des exécutions pour moitié liées au développement de l’agrobusiness, et généralement perpétuées par de véritables milices – au service d’industriels – sur lesquelles les autorités ferment les yeux, quand elles ne leur prêtent pas main-forte.

Les populations indigènes payent le plus lourd tribut

Si l’archipel asiatique détrône pour la première fois le Brésil en la matière, la situation n’y est pas nouvelle pour autant, pas plus qu’elle n’est exceptionnelle dans le monde. Plus de la moitié des meurtres constatés en 2018 l’ont été en Amérique latine, qui, depuis que l’ONG a commencé à publier ses rapports, s’est constamment rangée en tête des régions les plus affectées par ce type d’exactions, entre autres du fait d’une « forte tradition de militantisme pour les droits humains ».

Globalement, le secteur de l’agriculture industrielle arrive en deuxième position de ceux auxquels le plus de crimes sont associés (21 morts en 2018), juste après celui de l’extraction minière (43 morts). L’eau, enfin, se hisse de façon fracassante au rang des ressources pour lesquelles on tue le plus. Global Witness constate « une escalade des meurtres de défenseurs liés à sa protection ». De 4 en 2017, leur nombre est ainsi passé à 17 en 2018.

Côté victimes, ce sont les populations indigènes qui payent le plus lourd tribut, suivies de près par les petits paysans. Encore tous ces chiffres ne reflètent-ils qu’une part de la vérité. « Le bilan réel est probablement bien plus élevé, dans la mesure où beaucoup de cas ne peuvent être recensés » et que les enquêtes, localement, sont rarement menées jusqu’au bout.

Enfin, si le nombre global de meurtres identifiés en 2018 s’affiche moindre qu’en 2017 – on comptabilisait alors 207 morts –, cela ne doit pas laisser croire à une tendance durable. En juillet 2019, « les signes sont préoccupants et indiquent que la situation empire pour l’environnement et ses défenseurs », prévient l’ONG. La hausse du nombre de dirigeants populistes contribue à juguler toute velléité de protestation et, avec elle, l’usage plein et entier des droits.

Pour la première fois, Global Witness s’est ainsi attachée à recenser la criminalisation étatique de leurs actions. « Les conséquences sociales et politiques sont généralement désastreuses. » C’est le cas au Brésil, où le nouveau président, Jair Bolsonaro, a promis d’ouvrir les réserves indigènes à l’agro-industrie et à l’extraction minière.

Marie-Noëlle Bertrand

 

Les démocraties occidentales criminalisent les militants

On s’y fait nettement moins tuer, mais tout n’y est pas rose : les démocraties occidentales aussi se font épingler par Global Witness. Pour la première fois, l’ONG accorde un large chapitre aux cas de criminalisation d’activistes environnementaux. Et d’en siter plusieurs exemples. Aux États-Unis, Red Fawn Fallis, représentante indigène et opposante au Dakota Access Pipeline, a été condamnée à 57 mois de prison, accusée d’avoir brandi un revolver alors qu’elle était plaquée au sol par les forces publiques. Plus proches de nous, en Grande-Bretagne, trois militants anti-gaz de schiste se sont vu condamner à 15 et 16 mois de prison après avoir manifesté aux abords d’un site dirigé par la firme Cuadrilla… dont le Financial Times a rapporté qu’elle aurait dépensé plus de 253 millions de dollars pour obtenir le droit de produire commercialement du gaz de schiste au Royaume-Uni.

 

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Published by Section du Parti communiste du Pays de Morlaix - dans Ecologie INTERNATIONAL

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