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15 août 2019 4 15 /08 /août /2019 05:37

 

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat rend public aujourd’hui un rapport consacré aux interactions entre les sols, les écosystèmes et le réchauffement. Outre le climat, la sécurité alimentaire est en jeu.

Ce sera le deuxième d’une série de trois : le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) rend public, ce matin, un rapport spécial consacré au secteur dit « des terres », à ses interactions avec le climat et à leur impact sur la sécurité alimentaire. Après la publication, en octobre 2018, d’une analyse explorant la possibilité de limiter le réchauffement global à 1,5 °C, et avant une prochaine synthèse, attendue fin septembre, qui portera sur la cryosphère (les zones glacées de la planète) et les océans, les scientifiques mettent donc le focus sur les sols. Et l’on ne parle pas là uniquement humus : l’idée désigne la totalité de la surface émergée du globe et de ses écosystèmes, inclut les pratiques agricoles, forestières et pastorales. À la fois victime, problème et solution, l’ensemble constitue un point clé de la bataille contre le changement climatique. Un casse-tête, aussi, quand, à l’enjeu de réduire les émissions de gaz à effet de serre, s’ajoute celui de nourrir une planète en pleine croissance.

« Le changement climatique peut être un moteur important de la désertification et de la dégradation des terres, et affecter ainsi la production alimentaire », relevait le Giec en 2017, au moment d’entamer ses travaux. La sécurité alimentaire, quant à elle, « a des répercussions sur les émissions de gaz à effet de serre », poursuivaient les experts. « Le secteur des terres représente actuellement près d’un quart des émissions anthropiques mondiales », rappelle aujourd’hui Jean-François Soussana, directeur scientifique environnement à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), qui compte au nombre des coauteurs du rapport à paraître aujourd’hui. L’agriculture, et plus singulièrement l’agriculture industrielle, inclus élevages, en émet une très large part, essentiellement composée de protoxyde d’azote (N2O) et méthane (CH4). L’épandage et la production d’engrais azotés sont tout spécialement impliqués dans la production du premier. L’essentiel du méthane, gaz au pouvoir réchauffant 25 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2), est quant à lui le fruit du système digestif des bovins. L’élevage de ces derniers est en outre bien souvent impliqué dans un autre fléau climatique : la déforestation, et plus largement les changements d’usage des sols, fournit l’essentiel du CO2 émis par le secteur. Le système alimentaire mondial, en outre, est loin de faire la preuve de son efficacité, et affiche, par les chiffres, ses déséquilibres intrinsèques. « 800 millions de personnes sont toujours en situation de sous-nutrition chronique », reprend Jean-François Soussana. Un chiffre qui tend à augmenter. « À l’opposé, les maladies chroniques telles que l’obésité augmente dans les pays occidentaux. »

Réussir à trouver la combinaison qui permette à la fois de limiter le réchauffement et d’alimenter une population appelée à grandir – on parle de près de 9,8 milliards d’humains à l’horizon 2050, contre 7,5 milliards aujourd’hui –, voilà tout le but de l’exercice. L’intérêt entre les deux enjeux, en outre, est mutuel. Sécheresses, inondations, désertifications… Paru en 2013, le dernier grand rapport du Giec (à différencier des rapports spéciaux intermédiaires) avançait déjà clairement les menaces que fait peser le changement climatique sur la sécurité alimentaire mondiale. Un rapport de la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) est venu enfoncer le clou en 2014. Si rien n’est fait, assurent les experts, les rendements de la production alimentaire mondiale pourraient avoir baissé de 10 % en 2050. Protéger sols et végétation, à l’inverse, permettrait non seulement de les améliorer, mais constituerait également un levier majeur pour lutter contre le réchauffement.

Les terres sont un secteur clé pour parvenir aux objectifs de décarbonation permettant de contenir les températures sous la barre des 2 °C, voire 1,5 °C, avancent unanimement les spécialistes. Il offre tout à la fois des possibilités de stockage de carbone dans les écosystèmes et de la biomasse de substitution au carbone fossile, insistent-ils. Finalisé et voté hier par la centaine de scientifiques qui ont participé à sa rédaction et l’ensemble des 195 États membres de l’ONU, le nouveau rapport du Giec devrait non seulement préciser toutes ces données mais aussi établir un panorama des options possibles pour agir en conséquence.

Marie-Noëlle Bertrand

 

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