Avoir l'extrême droite au pouvoir, c'est un ministre qui appelle à tirer sur des juges qualifiés de "sales communistes" parce qu'ils libèrent une héroïne qui a sauvé des migrants de la noyade, capitaine Carola Rackete.
Salvini est un fasciste... comme l'écrit Mordillat.
Et ça ne choque plus grand monde, malheureusement, où en tout cas par les médias qui font le jeu des Marine Le Pen et Marion Maréchal Le Pen, de voir les fachos au pouvoir en Italie, en Autriche, en Pologne, en Hongrie, aux Etats Unis, au Brésil.
La barbarie est en passe de redevenir notre quotidien! Et que faisons-nous pour repousser la peste brune? Interrogeons-nous collectivement!!! Et surtout, agissons votre défendre une certaine idée de l'Humanité!!!
Fabien Roussel Secrétaire national du PCF
En découvrant le sort réservé à Carola Rackete, arrêtée par la police comme si elle avait enfreint la loi alors qu’elle sauvait des vies, j’ai repensé à ma visite au collège Fernig de Mortagne-du Nord, voici un an. Ce jour-là, des enfants de 12 ou 13 ans m’interrogeaient sur mes sujets d’actualité. En retour, je leur ai demandé ce qu’ils avaient retenu, eux, de l’actualité. Vaste programme !
Plusieurs mains se sont alors levées pour me parler… de l’Aquarius, au cœur à l’époque d’une vive polémique sur l’accueil des migrants. J’ai d’abord eu peur : ces jeunes élèves allaient-ils reprendre à leur compte les propos mille fois entendus sur « l’impossibilité d’accueillir toute la misère du monde » ou sur « les dangers de créer un appel d’air pour une immigration massive » ?
Tout au contraire, les mots utilisés par les collégiens m’ont touché, ému, parce qu’ils étaient les plus justes, les plus purs, lancés comme une bouffée d’oxygène au milieu d’une conversation d’adultes. Leurs paroles résonnent toujours en moi : « Quand même, ce sont des femmes et des enfants en souffrance ». Ou encore: « Demain, c’est nous qui pourrions être à leur place ». Ou alors: « Ils fuient la guerre, on ne peut pas les laisser tout seuls, sans leur tendre la main. »
Cette réaction, saine, humaine, généreuse, naturelle est la seule qui devrait nous guider aujourd’hui. Tout comme doit nous inspirer l’action courageuse de Carola Rackete, symbole de l’entraide naturelle des humains entre eux.
Pourtant, j’ai l’impression que beaucoup de chefs d’Etat de l’Union européenne, dont le notre, ont décidé de faire de cette question un sujet d’actualité, polémique, pour diviser les européens et créer des tensions qui ne devraient pas exister. Le mot « accueil » n’existe plus dans leur bouche alors qu’il devrait être le premier à être utilisé.
Résultat de ces choix honteux: 2 262 hommes, femmes et enfants sont morts dans la mer Méditerranée en 2018 car ils n’ont pas été secourus. Leur porter secours devient un délit. Certains pays veulent même créer « le délit de solidarité » et réussissent à marier deux mots qui n’ont rien à faire ensemble.
Pour finir, il serait temps aussi que nous nous attaquions aux causes de ces migrations. Les guerres, les ventes d’armes massives, le pillage des économies locales, l’évasion fiscale qui corrompt et ruine les budgets publics sont souvent la cause de la pauvreté et des exodes massifs. Et dans la grande majorité des cas, les réfugies s’installent dans le pays voisin.
Il est urgent de mettre en place des politiques de coopération et de développement, de promouvoir la paix plutôt que la tension, la solidarité plutôt que la concurrence pour permettre à chaque peuple, à chaque famille, de vivre heureux auprès des siens. A quand une grande politique internationale au service de l’être humain et de la planète ?
Gérard Mordillat Romancier, poète et cinéaste
Appelons un chat un chat : Matteo Salvini est un fasciste ; qu'il soit néo ou proto ou tout ce qu'on veut mais c'est un fasciste. Le problème, c'est qu'il n'est pas le seul et que le fascisme de monsieur Salvini, comme le dit Robert Paxton, s'il ne reproduit pas les formes historiques du fascisme est quand même du fascisme. Ce fascisme new-look, new-age, furieusement moderne, prolifère en Europe. Aucun pays n'y échappe et en France il grouille de l'extrême-droite aux macronistes bon teint qui, à bas bruit, défendent la même vision du monde que réclame à grands cris madame Le Pen et consorts : pas d'étrangers chez nous ! Surtout pas de noirs et – horreur des horreurs ! – pas de noirs musulmans ! Et ne parlons pas des Arabes. Qu'ils se noient, qu'ils meurent, ce n'est pas notre problème. Nous sommes blancs, chrétiens, patriotes. Monsieur Macron qui s'est fait baptisé à douze ans, qui se targue d'avoir été l'assistant de Paul Ricoeur a dû rater la lecture de l'évangile de Matthieu : " j'étais étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu vous ne m'avez pas vêtu, malade et prisonnier vous ne m'avez pas visité " (Mt25,35). Monsieur Salivini, comme madame Le Pen, comme monsieur Macron et tous ceux qui communient dans la même bondieuserie additionnent l'hypocrisie, la lâcheté, le cynisme à leur profession de foi de catholique et néo-libérale. Carola Rackete, capitaine du Sea Watch 3, interpellée samedi dernier à Lampedusa par la Police de Matteo Salvini est poursuivie pour avoir sauvé des eaux 42 exilés, hommes, femmes et enfants, venus de Lybie. Que fait la France ? Que fait l'Europe ? Que fait le Pape ? Que fait l'ONU ? Rien ; et c'est bien cela qui porte et qui portera inexorablement le fascisme au pouvoir tant qu'on s'accommodera d'un monsieur Salvini, de ses pratiques, de ses idées. Non seulement il faut que Carola Rackete soit immédiatement libérée de toute poursuite, que son bateau lui soit rendu et que ceux si prompts à prendre des mesures contre l'Iran, les Russes ou les Vénézuéliens en prennent d'encore plus sévères contre le fascisme italien incarné par Salvini avant qu'il domine l'Europe.
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