Le peintre Mariano Otero excellait dans les portraits de femmes, à la sensualité généreuse. | ARCHIVES OUEST-FRANCE
Le peintre rennais, célèbre pour ses baigneuses et danseuses de tango, était un portraitiste des femmes hors pair. Espagnol exilé sous Franco, c’était aussi un artiste engagé.
Les Rennais ne croiseront plus le peintre Mariano Otero, qui se rendait à vélo, sept jours sur sept, à son atelier. À Rennes, où il vivait, et à Dinard, où la galerie Vue sur mer exposait le peintre depuis 27 ans, tout le monde connaissait ses baigneuses aux formes généreuses et ses danseuses de tango. À 77 ans, le peintre d’origine espagnole, qui ne passait pas un jour sans dessiner, s’est éteint d’une maladie foudroyante, entouré de sa femme, de ses filles et de son frère Antonio.
C’est pour rejoindre son père, Républicain espagnol exilé à Rennes sous Franco, que le jeune Mariano Otero était arrivé dans la capitale bretonne, en 1956, à l’âge de 14 ans. Trop jeune pour s’inscrire en école d’art, il obtient bientôt une dérogation et devient le plus jeune diplômé des Beaux-arts de France. Avec son frère Antonio, qui épousera la peintre Clotilde Vautier, ils réaliseront leurs premières expositions à trois.
Artiste engagé
Les convictions antifascistes de son père ne quitteront pas Mariano Otero. Dans les années 1960-1970, membre de l’union des étudiants communistes, il réalisera de nombreuses affiches militantes : contre la dictature au Chili, pour Amnesty international ou la défense des immigrés.
« C’est un artiste engagé politique et humaniste, son œuvre se comprend à travers l’histoire de l’Espagne déchirée » , expliquait Delphine Durand, docteure en histoire de l’art, lors d’une conférence sur le thème Mariano, peintre de l’exil, qui a fait salle comble le 2 avril, à Rennes.
Admirateur des portraits en clair-obscur de Velázquez, mais aussi de Goya et de Picasso, Mariano Otero était très attaché à la culture espagnole. Il avait fondé, en 1999, le centre culturel espagnol à Rennes.
Portraitiste des femmes
C’était avant tout un portraitiste des femmes hors pair, dont il excellait à transcrire la sensualité généreuse et un peu mystérieuse, en particulier au pastel. C’est par elles qu’il s’était lancé en peinture. « J’ai réalisé le portrait de ma mère, ma sœur, mes petites amies, confiait-il en avril, à Ouest-France. Jusqu’à Marie-Alice, mon modèle privilégié, devenu ma femme. »
Le festival du film britannique de Dinard ne s’y était pas trompé, en lui confiant la réalisation de son affiche à plusieurs reprises. On se souvient notamment de ses baigneuses au maillot reprenant le drapeau britannique.
« Paris, Londres, New York et bien sûr Madrid : notre galerie a vendu ses œuvres dans le monde entier, souligne Thierry Dobé, son galeriste dinardais. Il était sans doute trop figuratif pour les musées, dont il n’a pas cherché la reconnaissance. Ce n’est pas cela qui l’intéressait. »
Actif jusqu’au bout, Mariano Otero s’en est allé après avoir mis la dernière main à deux nouvelles expositions de ses œuvres, prévues en août, à Roscoff et à Dinard.
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