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10 juillet 2019 3 10 /07 /juillet /2019 09:17
Pollution. La Bretagne se noie encore sous les algues vertes - L'Humanité, 8 juillet 2019, Alexandra Chaignon
Lundi, 8 Juillet, 2019
Alexandra Chaignon

Envahie d’algues vertes, la plage du Bon Abri, à Hillion (Côtes-d’Armor), a dû être fermée pour éviter tout accident. Romi/REA

Envahie d’algues vertes, la plage du Bon Abri, à Hillion (Côtes-d’Armor), a dû être fermée pour éviter tout accident. Romi/REA

Toxiques et nauséabondes, les « laitues de mer » continuent de proliférer malgré les plans d’action qui se succèdent. Un phénomène qui pourrait être jugulé par un changement de modèle agricole.

Chaque année, c’est le même scénario : entre mai et juillet, des tonnes d’algues vertes prolifèrent sur le littoral breton, notamment dans la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). « Elles sont arrivées avec six semaines d’avance et six plages sont fermées », relevait en fin de semaine dernière André Ollivro, coprésident de l’association Halte aux marées vertes. Conséquence directe de cette prolifération intense : l’usine de Launay-Lantic, chargée du traitement des algues vertes dans la baie de Saint-Brieuc, frôle la saturation et a dû fermer en urgence, les riverains se plaignant d’odeurs insoutenables.

Le phénomène n’est certes pas nouveau mais il s’amplifie depuis l’après-guerre, et particulièrement depuis les années 1970 et l’intensification de la production agricole : il est d’ailleurs établi que c’est bien la fertilisation agricole qui est responsable à plus de 90 % des flux de nitrates qui enrichissent les cours d’eau, puis engraissent les algues vertes. Quant à sa précocité, elle s’explique par les conditions météorologiques particulières cette année : des milliers de fragments d’algues insuffisamment dispersés l’hiver dernier, un printemps lumineux et chaud, puis de fortes précipitations en juin ont fait grimper le débit des cours d’eau, donc l’apport de nitrates, qui favorisent le développement de ces « laitues de mer », particulièrement toxiques. Car en pourrissant, ces ulves produisent un gaz – le sulfate d’hydrogène – qui à concentration élevée peut s’avérer mortel en quelques minutes.

Par année, quelque 50 000 tonnes d’algues vertes sont ramassées

Il aura fallu attendre 2009 et le décès d’un homme de 48 ans qui a succombé au pied de son camion de ramassage d’algues, puis la mort d’un cheval, intoxiqué par des ulves en décomposition, pour que les pouvoirs publics lancent un plan de lutte contre les algues vertes dans les huit baies touchées. Chaque année, quelque 50 000 tonnes d’algues vertes sont ainsi ramassées par camions. Une partie est épandue sur les terres agricoles, pourtant déjà saturées en azote, l’autre partant dans des stations de traitement et de compostage spécifiques. Et pour éviter les accidents, certains maires ferment carrément leurs plages, comme à Hillion.

« Depuis dix ans, il y a une baisse de la concentration en nitrates des cours d’eau, observe Sylvain Ballu, responsable du suivi des marées vertes au Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva), basé à Pleubian (Côtes-d’Armor). Mais les nappes phréatiques mettent des années à se décharger de ces nitrates. » Pour les défenseurs de l’environnement, qui reconnaissent que la qualité de l’eau s’améliore, on est encore loin du compte pour ne plus avoir de marées vertes en Bretagne. « Il faut que le plan algues vertes (qui repose sur une adhésion volontaire des agriculteurs – NDLR) devienne obligatoire pour changer d’agriculture et aider les reconversions. Il faut donner plus de moyens financiers et de soutiens agronomiques », assène André Ollivro, néanmoins conscient des « efforts » de la profession.

Face à cette crise sanitaire et environnementale, les militants écologistes appellent dans un premier temps à baisser le plafond de fertilisation azotée des parcelles et, ensuite, à un changement de pratiques, et même une « révolution agricole ». Financés par de l’argent public via l’Agence de l’eau, l’État, la région et les départements, les plans s’apparentent, pour France Nature Environnement, à « une série de rustines sur une chambre à air en bout de course. Ces financements conséquents (55 millions d’euros pour le plan de lutte contre les algues vertes 2017-2021) pourraient être mieux utilisés, au profit notamment de l’expérimentation des changements de modèles à l’échelle territoriale ». Alimentation des élevages par des cultures locales, élevages biologiques ou fermiers, circuits courts, retour de l’herbe pâturée, diminution du maïs et arrêt d’engrais azotés chimiques, couverture des sols toute l’année… autant de mesures à même de faire baisser le taux de nitrate dans les eaux… et donc d’endiguer les marées vertes.

En attendant, sur le terrain, la situation devrait s’améliorer, pronostique Sylvain Ballu : « Les conditions sèches vont diminuer les débits des rivières et couper le robinet des nitrates. »

https://www.humanite.fr/pollution-la-bretagne-se-noie-encore-sous-les-algues-vertes-674564

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Published by Section du Parti communiste du Pays de Morlaix - dans ACTUALITE REGIONALE LA VIE LOCALE POLITIQUE NATIONALE

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