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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 07:16
Grèce. Le triomphe d'une droite dure. Syriza victime de l'austérité imposée par l'Europe (L'Humanité, 8 et 9 juillet 2019)
Grèce. Le triomphe d’une droite dure
Lundi, 8 Juillet, 2019

La Nouvelle Démocratie de Kyriakos Mitsotakis devance largement Syriza d’Alexis Tsipras aux législatives. Ce qui fait craindre une mise aux normes nationales-libérales du pays.

 

La droite de Kyriakos Mitsotakis a remporté les élections législatives anticipées de ce dimanche. Avec un peu plus de 40 % des suffrages, son parti, la Nouvelle Démocratie (ND), semblait assuré de disposer d’une majorité absolue à la Vouli, la chambre unique du Parlement grec. Une prime majoritaire représentant 16,7 % des députés est accordée en effet au parti arrivé en tête dans le système de répartition des sièges à la proportionnelle. Cette victoire s’inscrit comme un nouveau et inquiétant succès d’un parti qui affiche une orientation nationale-libérale, mêlant une très orthodoxe doxa sur le plan du « libre-échange » et de l’économie à une posture ouvertement nationaliste.

Syriza, le parti de gauche du premier ministre Alexis Tsipras, est crédité de 28,5 % des suffrages. Il arrive en seconde position très loin devant les autres formations politiques. La mobilisation d’une partie des électeurs de gauche soucieux de défendre les mesures gouvernementales en faveur des plus démunis n’aura pas suffi à inverser une tendance lourde à l’abstention parmi certains électeurs de gauche, déçus que le gouvernement n’ait pas réussi à tenir les promesses faites avant le scrutin de janvier 2015, qui avait marqué l’accession d’Alexis Tsipras au pouvoir.

« Réduire le périmètre de l’État »

La bascule semble se situer du côté des classes moyennes qui avaient jadis massivement voté Syriza. Fortement mises à contribution pour financer des mesures d’urgence dans la crise humanitaire qui affecte toujours le pays, elles ont boudé les urnes ou se sont laissé séduire par les promesses de baisses d’impôts avancées par Mitsotakis. Le vainqueur ne cache pas sa volonté de « réduire le périmètre de l’État. ». Traduisez : de revenir sur la redistribution des richesses qu’avait pratiquée le gouvernement Syriza contre vents et marées dans la dernière période, après avoir renoué avec la croissance et malgré les conditions de sortie du mémorandum imposé par l’UE.

Les dirigeants de l’eurogroupe et de l’Union européenne (UE) portent ainsi une terrible responsabilité. N’ont-ils pas, durant tout le premier semestre 2015, fait monter en puissance un chantage au Grexit. Au lieu de mettre en œuvre une solidarité européenne, ils se sont montrés intraitables et ils ont gardé le cap sur les règles de fer de la compétition et du monétarisme. Il n’avait alors pourtant échappé à personne combien un retour à la drachme aurait des conséquences tragiques pour le pays. La Grèce qui importe la majeure partie de ses biens de consommation courante aurait été prise dans une nasse infernale qui l’aurait conduite de dévaluations « compétitives » en plans d’austérité encore plus redoutables que ceux qu’elle venait de subir.

Le forcing libéral des nouveaux dirigeants de la Grèce laisse craindre dans l’immédiat une suppression rapide des mesures favorables aux plus pauvres. Quid de la gratuité d’accès aux soins, de ces pharmacies ou épiceries sociales ? Quid de la poursuite de l’augmentation du salaire minimum, revalorisé de 11 % par le gouvernement de gauche ? Quid du sort des petites pensions, voire de la pérennisation d’un 13e mois de retraite ?

La droite grecque a bâti une part de son succès sur un discours ouvertement nationaliste, exutoire commode aux malaises qui traversent une société malmenée par les partenaires européens et aux avant-postes de l’accueil des migrants. S’en prenant à l’accord de Prespa conclu entre Athènes et Skopje en 2018 qui prévoit la reconnaissance de la Macédoine du Nord, Mitsotakis a ainsi entonné une rhétorique, souvent proche de celle des extrêmes droites d’Aube dorée ou de Solution grecque. Selon une approche qui s’interdit d’envisager la Macédoine comme autre chose qu’une entité grecque en se référant à l’Antiquité et à la gloire d’Alexandre le Grand qui régna effectivement autour de… 330 avant Jésus-Christ sur ce territoire, qui fut intégré durant plusieurs décennies à la Fédération des Slaves du Sud (Yougoslavie).

Bruno Odent
Syriza victime de l'austérité imposée par l'Europe
Mardi, 9 Juillet, 2019

Après la victoire du parti de droite de Kyriakos Mitsotakis « Nouvelle Démocratie » aux élections législatives anticipées en Grèce, et l’échec d’Aléxis Tsipras et de son parti, Syriza, entretien avec le député européen Stélios Kouloglou, membre de Syriza.

 

Après la victoire le la droite aux élections européennes, la défaite de Syriza était annoncée. Comment expliquez-vous ce nouvel échec ? 

Stélios Kouloglou. En ce qui concerne les résultats de la Nouvelle Démocratie, il faut prendre en compte le fait que tout le système financier et médiatique a soutenu jusqu’au bout Kyriakos Mitsotakis ( président de N.D., ndlr. ) Il y a vraiment eu une propagande faite pour lui durant les mois précédant les élections. Il y avait une espèce d’embuscade contre Syriza qui était attaqué en permanence. Cela a été une campagne de désinformation magnifique. 

Nous n’avons eu aucun grand débat durant la campagne sur les grandes orientations à donner au pays parce que Mitsotakis n’était pas à la hauteur pour affronter Tsipras.

En dehors de ce poids de la propagande, quelles sont les raisons de fond de l’échec de Syriza ?

S.K. Il y a deux raisons principales à cet échec. D’abord, il y a l’austérité qui a été imposée par l’Union européenne avec le 3ème mémorandum signé par Tsipras, intervenant après les deux précédents. Même si le gouvernement a essayé de l’appliquer de manière plus souple, ça ne suffit pas. Les gens deviennent de plus en plus désespérés et mécontents. Et quand les gens sont désespérés, ils croient au miracle. Mitsotakis n’a rien dit de concret. Il a beaucoup parlé de privatisations de la sécurité sociale et des écoles. Il a promis de faire baisser les impôts en disant que si on baisse les impôts, il y aura de la croissance, et que ce sera le paradis. Mais c’est tout.

La seconde raison, c’est l’accord de Prespa ( accord entre la Grèce et la Macédoine du Nord, actant le nouveau nom de ce pays frontalier de la Grèce, désormais « République de Macédoine du Nord », ndlr. ) 

Cet accord a été attaqué de toutes parts. On nous traitait de traîtres même si tout le monde sait très bien qu’il s’agit du meilleur accord que le gouvernement pouvait signer. Mitsotakis a exploité le sentiment du peuple, il a joué la carte de l’extrême droite. Syriza a beaucoup perdu avec cet accord qui venait s’ajouter au mécontentement social. 

La bonne nouvelle, c’est que le parti d’extrême droite « Aube dorée » n’a pas pu entrer au parlement parce que leurs électeurs ont voté pour Nouvelle Démocratie. Ils l’ont fait à la fois pour se débarrasser de la gauche, et parce qu’ils étaient opposés à l’accord de Prespa. 

En ce qui concerne le pourcentage de Syriza, c’est presque 32%, ce n’est pas négligeable. C’est un résultat que tous les partis européens, qu’ils soient de gauche ou de droite, auraient bien aimé avoir.

Qui sont les électeurs qui ont abandonné Syriza après l’avoir soutenu pendant 4 ans et demi ?

S.K. D’abord, il y a une différence énorme de comportement électoral des citoyens selon leur statut social. On le voit par exemple à Athènes ou à Thessalonique, où les banlieues et les quartiers les plus pauvres ont voté massivement pour Syriza. Tandis que les quartiers les plus riches ou les quartiers de la classe moyenne ont voté pour Nouvelle Démocratie. Syriza a échoué à s’adresser à la classe moyenne, c’est pour cette raison qu’il a perdu la bataille. C’est vrai que la classe moyenne a été beaucoup taxée, beaucoup imposée.

Quelle va être la stratégie de Syriza maintenant ? 

S.K. Il faut changer de stratégie parce qu’on a fait des erreurs. 

A mon avis, il faut appliquer une politique non stalinienne, en s’appuyant sur le principe : « ceux qui ne sont pas contre nous, sont avec nous ». Il faut faire des alliances avec des petites formations et des personnalités plus proches des classes moyennes en adoptant une politique qui leur soit plus favorable. En diminuant les impôts par exemple, et en faisant avancer le développement économique.
Mais il faut aussi reconstruire le parti. 

Avec les élections législatives, nous avions en même temps en Grèce les élections locales. Or Syriza qui aux élections européennes obtenait 25 ou 30% des voix, n’est arrivée qu’à 5% ou 6% dans les listes locales qu’elle soutenait. L’influence électorale de Syriza ne correspond pas du tout à sa base réelle. Sa base correspond à un parti à 3%. 

La bureaucratie du parti n’a pas voulu s’ouvrir. Et c’est aussi la responsabilité de Tsipras. Il a bien dit qu’il fallait ouvrir les portes du parti, mais il n’a pas insisté. Il s’est d’abord préoccupé du gouvernement, des négociations avec l’Union européenne, avec Bruxelles, Merkel, etc. Or - et ceci est très important -, Syriza n’a pas de racines profondes dans la société locale. Nous n’avions personne sur place pour expliquer ce que le gouvernement a fait, notamment beaucoup de petites choses dans le domaine de la santé, de l’éducation, etc. qui ne sont pas connues par le peuple. 

Les jeunes de 18 à 24 ans ont voté massivement pour Syriza, mais il n’y a pas de jeunes dans le parti. On l’a déjà annoncé hier, il faut faire un grand parti du camp progressiste, avec un programme contre le néolibéralisme, pour l’écologie, un programme ouvert à tout le monde.

A quoi faut-il s’attendre désormais avec la droite au pouvoir ?

S.K. Ce qu’ils vont faire d’abord, c’est  de s’attaquer à des questions d’ordre public et de sécurité. Ils ont dit qu’ils allaient embaucher des milliers de policiers. 

Un groupe d’anarchistes par exemple, faisait des petites actions, rien de bien dangereux. Ils allaient dire des pamphlets devant l’ambassade des Etats-Unis ou bien écrire des slogans sur les murs. Ces actions ont été complètement gonflées par la presse. Ou bien, autre exemple, hier un groupe anarchiste qui s’appelle « Rubicon » est entré dans un bureau de vote et a volé deux urnes. Cela a donné des voix à Nouvelle Démocratie qui a exploité tous ces faits en disant qu’ils étaient inspirés par l’idéologie de Syriza. 

Le nouveau gouvernement va aussi attaquer la loi sur les Universités qui est actuellement protégée par une loi d’asile qui interdit à la police de pénétrer dans les universités. Ensuite il va petit à petit appliquer un programme de privatisation de la sécurité sociale et des hôpitaux en donnant le management de l’hôpital public aux sociétés privées. 

La presse qui est aux mains des oligarques va protéger ce gouvernement. Ils vont aussi devoir donner beaucoup d’argent à ceux qui les ont soutenus. Démocratie Nouvelle est complétement endettée. Il faudra qu’elle donne des contrats à ses donateurs. Ce parti a dépensé des sommes d’argent incroyables pour la campagne électorale. On ne sait pas où cet argent a été trouvé, mais c’est sans précédent. Le parti de Mitsotakis doit 250 millions d’euros aux banques, alors qu’ils n’ont pas un sous. Ils ont été beaucoup financés par les grands intérêts privés très puissants. En réalité, Nouvelle Démocratie est très faible. Ce parti sera très vulnérable aux demandes des oligarques.
Côté politique étrangère, rien ne va beaucoup changer. Aléxis Tsipras a mené une politique étrangère très active, en faisant par exemple l’accord de Prespa , ou en travaillant avec les pays du sud de l’UE. Démocratie Nouvelle va mener la même politique, mais en beaucoup plus passif. 

Est-ce qu’Aléxis Tsipras sort affaibli de ce scrutin ?

S.K. Non, il n’est pas menacé. Tsipras a mené une campagne très active en se rendant chaque jour dans une ville pendant plus d’un mois. Il a sous-estimé les résultats des élections européennes, mais il est bien décidé à reprendre l’offensive. Des rumeurs prétendaient ce matin que Tsipras allait occuper un poste à Bruxelles. Mais ce sont des rumeurs infondées.

 

Propos recueillis par Jean-Jacques Régibier
Grèce. Kyriakos Mitsotakis recycle les voix de l’extrême droite
Mardi, 9 Juillet, 2019

Largement devancé par une droite ultralibérale, Alexis Tsipras enregistre une défaite qui n’a, selon lui, rien de « stratégique ». Syriza pâtit de la désaffection des classes populaires mais s’affirme comme second pilier d’un nouveau bipartisme.

 

Son prédécesseur Alexis Tsipras avait choisi en 2015, fait inédit pour un premier ministre grec, de prêter serment sur la Constitution plutôt que sur la Bible. Retour aux Écritures pour Kyriakos Mitsotakis, le chef de Nouvelle Démocratie (ND), investi hier au palais présidentiel à Athènes, au lendemain d’une victoire sans appel de la droite aux élections législatives. Avec 39,80 % des voix et 158 sièges sur 300, les conservateurs raflent, sur la lancée de leur victoire aux élections européennes, la majorité absolue à la Vouli ; ils auront les mains libres pour mettre en œuvre leur programme ultralibéral : accélération des privatisations, diminution de l’impôt sur les bénéfices des entreprises, externalisation de certains services publics et programme d’« évaluation » des fonctionnaires.

Avec sa campagne aux accents extrémistes, le chef de file des conservateurs, héritier de l’une de ces dynasties politiques dont la Grèce a le secret, parvient à siphonner l’électorat d’extrême droite. Sans faire fuir, comme l’espéraient ses adversaires, l’électorat libéral pro-européen. Conséquence : les néonazis d’Aube dorée sont éjectés du Parlement. Ils ne passent pas la barre des 3 %, alors qu’ils frôlaient les 7 % et décrochaient 18 sièges aux élections législatives du 20 septembre 2015. Les nationalistes pro-Russes d’Elliniki Lysi (Solution grecque) font bien leur entrée à la Vouli, mais de justesse, avec 3,72 % des voix et 10 sièges. Quant aux souverainistes d’Anel (Grecs indépendants), longtemps alliés à Syriza et rayés du paysage politique à l’issue du scrutin européen, ils ne se présentaient même pas.

Mitsotakis affûte déjà des propositions dures pour flatter ses appuis les plus radicaux

Kyriakos Mitsotakis tire donc seul parti de la poussée de fièvre nationaliste suscitée par la conclusion de l’accord de Prespes sur le nom de la Macédoine. Par ce traité bilatéral parrainé par Berlin et Washington, la Grèce reconnaît à l’ex-République yougoslave voisine le nom de Macédoine du Nord. La démarche était censée clore une vieille querelle et lever au passage les obstacles à l’entrée de Skopje dans l’Union européenne et l’Otan. Mais l’extrême droite a hurlé à la trahison, le patron de Nouvelle Démocratie lui a emboîté le pas en fustigeant un « recul national » propre à « diviser les Grecs ».

Poussés par un sentiment de souveraineté confisquée, des milliers de Grecs sont descendus dans la rue, au début de l’année, après la ratification serrée de cet accord par le Parlement. Kyriakos Mitsotakis a gagné son pari : cette mobilisation a bien trouvé sa traduction dans les urnes.

Lorsqu’il a pris à l’arraché la tête du parti conservateur en 2015, après la déroute d’Antonis Samaras, cet ancien banquier offrait pourtant le visage d’une droite bourgeoise et policée, d’une « modération » tout européenne. Il s’est vite conformé à la ligne radicale défendue par des transfuges du Laos (extrême droite) comme les anciens ministres de la Santé Adonis Georgiadis et Makis Voridis, piliers de la politique de démolition sociale conduite sous Samaras. Le premier ne jure que par « la patrie, la religion et la famille ». Le second savoure son surnom : la Hache, en référence à l’arme dont il menaçait, à l’université, les étudiants communistes.

Dans ce nouveau paysage politique marqué par la transhumance de l’électorat d’extrême droite vers Nouvelle Démocratie, Kyriakos Mitsotakis promet d’entendre « tous les Grecs », mais il affûte déjà, sur la sécurité et sur l’immigration, des propositions dures, destinées à flatter ses appuis les plus radicaux. Chaleureusement félicité par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, il ne parle plus, par contre, de renégocier « les paramètres du post-plan de sauvetage », entendre les mesures d’austérité toujours imposées par les créanciers de la Grèce, pourtant officiellement sortie du régime des mémorandums.

Dimanche soir, Alexis Tsipras, lui, a sobrement encaissé la défaite annoncée. « L’alternance est la quintessence de la démocratie », a-t-il commenté, en adoptant d’emblée la posture de chef d’une opposition rénovée. Syriza pâtit certes de l’abstention – la plus forte depuis la chute de la dictature – et de la désaffection de classes populaires échaudées par la signature en 2015 d’un troisième mémorandum d’austérité. Mais le parti ne s’effondre pas, fait-on valoir dans ses rangs : avec 31,55 % et 86 sièges, la formation de gauche s’affirme comme second pilier d’un nouveau bipartisme.

Rassemblés dans le Mouvement pour le changement (Kinal), les socialistes de l’ancien Pasok restent durablement marginalisés : ils recueillent 8 % des voix et gagnent 22 sièges seulement, eux qui rassemblaient encore 43,9 % des suffrages en 2009, à l’aube de la crise. Les communistes du KKE confirment de leur côté, avec 5,33 % et 15 sièges, les sévères reculs enregistrés aux élections européennes, municipales et régionales. Symptôme d’une « tendance générale au conservatisme » qui confortera, sous les auspices de la Nouvelle Démocratie, « des choix antipopulaires », regrette le chef du KKE, Dimitris Koutsoumbas.

« Notre peuple punit les gouvernements qui lui imposent des mémorandums»

Toujours à gauche, les dissidents de Syriza qui avaient claqué la porte du parti à l’été 2015 en accusant Alexis Tsipras de « trahison » après le référendum sont littéralement balayés. L’Unité populaire de Panayotis Lafazanis, ancien ministre de la Restructuration de la production, de l’Environnement et de l’Énergie, opposant résolu aux privatisations, n’atteint pas même 1 %. Le Cap vers la liberté de l’ancienne présidente du Parlement, Zoé Konstantopoulou, recueille 1,46 %. Seul Yanis Varoufakis tire son épingle du jeu : sa formation, Mera25, entre à la Vouli avec 3,44 % des voix et 9 sièges. « Notre peuple punit les gouvernements qui lui imposent des mémorandums », affirmait dimanche l’ex-ministre des Finances en commentant les résultats.

Ce scrutin le confirme : les incantations sur le « retour de la croissance » n’ont pas guéri la Grèce, laboratoire européen de violentes politiques d’ajustement structurel. Les politiques d’austérité imposées par des créanciers autoritaires ont profondément et durablement affecté la société grecque, en fragilisant les classes populaires, en broyant les services publics, en compressant les salaires, en faisant de la précarité la règle sur le marché du travail. La gauche grecque, au pouvoir, a endossé cette politique, à l’ombre d’un rapport de force démesurément favorable à la finance. Les fragiles filets sociaux rétablis par Syriza en faveur des plus modestes semblent aujourd’hui dérisoires, devant la hargne d’une droite décomplexée.

Alexis Tsipras, pourtant, assume sans ciller, défend son bilan, promet, dans l’opposition, de tout faire « pour empêcher les manifestations de revanche contre les conquêtes sociales ». Ces résultats, insiste-t-il, ne traduisent pas « une défaite stratégique pour Syriza ». Ils tiennent lieu, à ses yeux, de fondations au « grand parti démocratique » qu’il veut voir prendre corps. « Nous travaillerons durement, avec obstination, afin que la victoire de ND s’avère temporaire », promet-il. L’ancien locataire du palais Maximou est pressé de revenir aux affaires. Avec, pour cap politique, un « progressisme » aux contours encore incertains.

Rosa Moussaoui
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