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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 08:38
Moscou: 1936. Costante Masutti avec Othello et Gisèle. Photo volée dans une correspondance privée par les services de renseignement fascistes

Moscou: 1936. Costante Masutti avec Othello et Gisèle. Photo volée dans une correspondance privée par les services de renseignement fascistes

Costante Masutti, l'étrange destin d'un ouvrier antifasciste et communiste italien réfugié en France et en URSS - Le Livre de Nella et archives Bérénice Manac'h
Costante Masutti, l'étrange destin d'un ouvrier antifasciste et communiste italien réfugié en France et en URSS

Source unique pour l'ensemble de l'article (avec sa permission):

Bérénice Manac'h, Le livre de Nella, 2019, Skol Vreizh

et Documents d'archives: Bérénice Manac'h, la petite-fille en ligne maternelle de Costante Masutti

Tous nos remerciements à Bérénice, d'abord pour son beau et passionnant livre, la conférence qu'elle a donné pour les Mardis de l'éducation populaire du PCF Morlaix le 2 juillet 2019, ensuite pour la mise à disposition de ces documents, rares et précieux.  

Costante Masutti: une jeunesse ouvrière marquée par la précarité et la Grande Guerre

L'histoire commence à Pordenone, une ville du Frioul dans le nord-est de l'Italie non loin des derniers contreforts des Dolomites. C'est une vieille région d'industrie cotonnière et de filatures, une des plus pauvres d'Italie, une des principales terres d'émigration.

Costante Masutti naît en 1890 dans une famille nombreuse du bourg de Prata. Il doit quitter l'école à l'âge de 9 ans ou 10 ans pour aller travailler avec un de ses frères dans les fours à brique de Rivattora. Lever à 4 heures du matin pour rejoindre le lieu de travail. On ne rentre le soir que vers 21 heures.

Une tante de Costante le prend avec elle à Pordenone et lui trouve une place d'apprenti coiffeur à 12 ans puis il est employé à la grande cotonnerie Amman où il fait les trois-huit avec l'équipe de nuit pour gagner quelques centimes de plus. 

" Avant même son 15e anniversaire, Costante part pour la Suisse où il occupe un emploi de manœuvre à  Saint-Gall. Il devient plâtrier. Pendant l'hiver, lorsque les chantiers s'interrompent, il rentre chez sa tante à Pordemone qui lui a trouvé une place de domestique dans un hôtel. Au printemps, il repart pour la Suisse où son emploi est assuré. Là-bas, il se syndique, fréquente des associations ouvrières et, déjà, s'engage en faveur de ce qui sera sa cause pendant toute sa vie: défendre les exploités contre les exploiteurs".

A 19 ans, il fait la cour à une orpheline qui vit chez sa tante Giovanna, une femme austère qui entend lui donner une bonne éducation: Teresa Gaudenzio.  Teresa travaille comme couturière.

Les noces ont lieu en mars 1912, Teresa a 20 ans et Costante 22 ans. Les époux, brouillés avec la tante de Teresa qui n'accepte pas ce mariage, prennent le chemin de la Suisse. Leur première fille Gemma, née à Saint-Gall, mourra prématurément, atteinte de poliomyélite, à 3 ans et demi, un après la naissance d'un petit frère, en 1915.  

Teresa est rentré à Pordemone avec son frère et sa petite, tandis que Costante a rejoint la Ruhr en Allemagne où il espérait pouvoir trouver du travail, avant d'être mobilisé comme soldat dans une section d'assaut en 1915.

La région du Frioul est dévastée par la guerre, le front s'établit à quelques kilomètres de Pordenone. Après l'effroyable défaite de l'armée italienne à Caporetto, Costante se retrouve à l'arrière près de Brescia avec les troupes en déroute. Il fait venir Teresa et leur petit Angelo, leur troisième enfant, Nella, naît le 23 août 1918 à Castenedolo de Brescia en pleine épidémie de "grippe espagnole". 

A son retour à Pordenone à la fin de la guerre, la famille Masutti trouve une région dévastée. Dans les usines, les machines ont été emportées par l'occupant ou détruites. Les voies de chemin de fer et les ponts sont démolis. Les étables sont vides, l'outillage agricole brisé. Le chômage atteint un niveau catastrophique en raison du retour de dizaines de milliers de réfugiés, de l'afflux des démobilisés et de la suspension temporaire de l'émigration.

Costante devient l'organisateur et le responsable de la puissante Ligue Socialiste du bâtiment qui compte plus de 10 000 adhérents dans la région. Il préside aussi la Ligue prolétarienne , une organisation d'anciens combattants qui s'oppose à l'Association nationale, jugée chauvine et militariste. Il est secrétaire de la section socialiste de Pordenone et conseiller municipal après les élections d'octobre 1920. Il se rallie dès le mois de décembre 1920 à ceux qui veulent créer le nouveau parti communiste, finalement officialisé début 1921 par la scission de Livourne.   

Photo de la fiche de police et de l'avis de recherche de Constante Masutti  - vers 1920

Photo de la fiche de police et de l'avis de recherche de Constante Masutti - vers 1920

Costante Masutti et Pietro Sartor (à gauche), premier dirigeant du Parti Communiste de Pordemone - 1921 - ils se sont exilés ensemble en Suisse après l'affaire Salvato

Costante Masutti et Pietro Sartor (à gauche), premier dirigeant du Parti Communiste de Pordemone - 1921 - ils se sont exilés ensemble en Suisse après l'affaire Salvato

Le combat contre les fascistes et l'affaire Arturo Salvato  

"Cette année 1921 est un tournant crucial pour Pordenone la rouge, qui résiste de toutes ses forces aux agressions des fascistes, dont les bandes armées terrorisent le pays. A la veille des élections parlementaires de mai 1921 a lieu la journée historique des barricades de Torre, un faubourg de Pordemone. Ce sera un des premiers exemples de la résistance armée au fascisme en Italie. L'armée et les forces de sécurité interviennent. Il y aura des arrestations, parmi lesquelles figure le nom de Costante. Déjà, les autorités ne cachent pas leurs sympathies et laissent les fascistes libres de brutaliser et d'humilier leurs adversaires qui se sont rendus. Mais les ouvriers des filatures se mettront en grève pour réclamer la libération de leurs camarades" (Bérénice Manac'h, Le Livre de Nella)

Le 8 juin 1921, Costante Masutti croise à nouveau la route d'Arturo Salvato, 25 ans. Employé à l'agence des Impôts de Pordenone depuis quelques mois, Arturo est à la tête du commando fasciste des Lupi Neri  (les Loups noirs), spécialisé dans les expéditions punitives. Costante et Arturo avaient l'habitude de se défier. Ce jour-là, c'est spécial. Costante rentre à bicyclette d'un meeting de chômeurs qu'il a organisé à Puia di Prata. La route est déserte. Il fait déjà presque sombre. Et un camion de fascistes armés s'arrête à sa hauteur, le chef Arturo Salvato lui demandant de monter dans le camion. Costante sait ce qui l'attendrait, il sort son revolver à cinq coups acquis deux mois plus tôt et fait feu sur Salvato avant de prendre la fuite. Cette nuit-là, tandis que Costante se cache dans un lieu sûr, les fascistes mettent sa maison à sac après avoir jeté à la rue sa femme enceinte et ses deux enfants, dont Nella, la future mère de Bérénice Manac'h qui fait ce récit dans Le livre de Nella, Nella qui avait trois ans mais qui se souviendra du froid du métal du pistolet mis sur sa tempe par des fascistes furieux à la recherche de Costante.  

A sa mort, Salvato deviendra un héros un martyr du fascisme. Lors de ses obsèques, il aura droit aux honneurs officiels de la part du commissaire chargé de se substituer à la municipalité socialiste de Pordenone en ces temps de crise.  Et pourtant, Mussolini n'a pas encore pris le pouvoir à Rome. A l'inverse, Costante Masutti sera célébré dans l'après-guerre comme un héros précurseur de la lutte anti-fasciste dans le Frioul.

Carte du Parti Socialiste Italien, 1920 - Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Socialiste Italien, 1920 - Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Socialiste Italien, 1920 - Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Socialiste Italien, 1920 - Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Communiste Italien, 1921 - rabat extérieur -Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Communiste Italien, 1921 - rabat extérieur -Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Communiste Italien, 1921 -intérieur -Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Communiste Italien, 1921 -intérieur -Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Communiste Italien, 1921 - rabat extérieur avec cachet du Comité de Secours parisien -Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Communiste Italien, 1921 - rabat extérieur avec cachet du Comité de Secours parisien -Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Première fuite, premier exil

Costante se cache d'abord une dizaine de jours dans le grenier d'une maison en construction, avec son pistolet, quelques grenades incendiaires et un mousqueton autrichien datant de la Grande Guerre. Dans la journée, il lit les journaux locaux que les camarades lui apportent, caché dans un fossé asséché par des broussailles épaisses. A l'annonce de la mort de Salvato, les bandes fascistes mettent le feu à la Chambre du Travail de Pordenone et dévastent les maisons des principaux responsables socialistes et communistes de la ville. Costante se résigne à quitter la région et c'est l'avocat socialiste Ellero, qui vient d'être élu député de Pordenone, qui met à sa disposition une voiture avec chauffeur pour l'éloigner et l'évacuer discrètement, à 24 kilomètrres de là. Costante est accompagné par deux camarades armés: le communiste Oliva et son jeune beau-frère. D'abord, Costante ne veut pas quitter le pays. Il dirige pendant quelques semaines le syndicat du bâtiment de Trente, mais, apprenant qu'il a été repéré par la police, il rejoint la Suisse en traversant les Alpes sous une identité d'emprunt d'entrepreneurs en bois avec Pietro Sartor, fondateur du Parti communiste de Pordenone.  

  Après tant d'années, Costante est donc de retour à Saint-Gall où il trouve du travail. Pendant sa femme Teresa et ses deux enfants sont secouru par des camarades. En raison des crises économiques de 1920-1922, la Suisse est toutefois moins accueillante pour l'immigration de travail et Constante est obligé de s'expatrier en France en 1922. 

Dans l'exil, il adhère au Parti communiste suisse d'abord, puis français, comme en témoignent ses cartes d'adhérent du Parti Communiste que Bérénice Manac'h nous a confiées pour les lecteurs du Chiffon Rouge.

Costante trouve à s'employer au noir comme maçon à Paris. La famille - Teresa, Angelo et Nella- le rejoint début 1923 et s'installe avec Costante à l'hôtel de Savoie, rue de l'Orillon, dans un quartier populaire du 11e arrondissement. Teresa travaille comme couturière pour un grossiste juif du voisinage, elle coud des pantalons. Finalement, Costante fait l'acquisition d'un bout de terrain à Savigny-sur-Orge, un village en plein essor au sud de Paris et y construit une modeste baraque en bois pour y installer les siens. Le sol est en terre battue, le toit n'est pas imperméable, le tout est produit par des matériaux de récupération. Les Masutti restent là un ou deux ans avant de s'installer dans une baraque un peu plus confortable, aux allures de chalet de bois. 

Costante poursuit son action syndicale auprès des ouvriers du Bâtiment. Il est repéré par la police à ce titre. Or, les immigrés sont surveillés de près. Le 28 septembre 1924, à la grande manifestation organisée pour le soixantième anniversaire de la création de la Première Internationale, les communistes italiens font sensation à Puteaux: derrière les militants chinois et les travailleurs d'Afrique du Nord, un millier d'entre eux défilent en chemises rouge et chantent Bandiera rossa

A partir de cet évènement, les autorités françaises multiplient les arrestations parmi les étrangers suspects de sympathies communistes.

"Un arrêté du ministère de l'intérieur suffit désormais pour expulser dans les 24 heures un militant communiste, généralement vers la Belgique ou le Luxembourg - en raison d'une simple activité syndicale ou politique. Il n'est plus besoin de jugement d'extradition. C'est ce qui arrive à Costante. Il est finalement repéré à cette occasion par la police fasciste italienne qui n'a cessé de le rechercher. Heureusement, une convention franco-italienne de 1870 interdit de l'extrader vers l'Italie puisqu'il est poursuivi pour un crime politique.  

Costante Masutti est donc expulsé vers la Belgique. Sa carte d'adhérent du PCF de Savigny ne porte d'ailleurs plus de timbre mensuel de cotisation à partir du mois d'octobre 1924. Il est probable qu'il a été expulsé de France plus d'une fois. " (Bérénice Manac'h, Le livre de Nella, 2019, Skol Vreizh)

La mère de Bérénice Manac'h lui a raconté qu'un jour son père était revenu à Paris dans le même train que les gendarmes qui venaient de le conduire à la frontière.

A cette période, Costante se procure de faux papiers et se dissimule sous une barbe peu habituelle chez lui.

Il devient entrepreneur du bâtiment sous un faux nom à Mitry-Mory, au nord-est de Paris: il s'appelle désormais Ronci Eaunello, né à Trevise, et construit des pavillons et maisonnettes bon marché, mettant des annonces publicitaires dans L'Humanité. Ce n'est qu'en 1932 que la police italienne, dont toutes les enquêtes et questionnements sur Costante sont consultables (un dossier que Bérénice a récupéré intégralement en photos) aux archives de l'Etat fasciste à Rome, fait de nouveau le rapprochement entre Ronci et le communiste Masutti.   

Même s'ils sont pauvres, Costante est ambitieux pour ses enfants, il paie des études de violon à son fils Angelo, l'envoie fréquenter les écoles complémentaires à Paris, est attentif au soin vestimentaire. "Plus tu es miséreux, mieux tes chaussures doivent être cirées", leur enseigne Costante.

" Les Italiens formaient à cette époque de loin le groupe le plus important des immigrés en France. Parmi eux se trouvaient de nombreux antifascistes, souvent communistes, qui se sont bientôt intégrés aux organisations françaises du mouvement ouvrier. En 1923, conformément à une directive du IVe congrès de l'Internationale, la fédération communiste italienne en France est dissoute et ses sections fusionnent avec celles du PCF. En revanche, des "Groupes de langue" sont créés pour représenter les différentes nationalités au sein du parti français, qui garde la mainmise sur elles. Parallèlement se forment des "Centuries prolétariennes", des organisations paramilitaires destinées à combattre un jour en Italie contre les fascistes. Ce sont elles qui ont défilé en septembre à Puteaux, impressionnant les badauds par leur discipline, leurs chemises rouges et leurs drapeaux. Le Parti communiste d'Italie, né peu avant la prise du pouvoir par les fascistes de Mussolini à Rome, ne connaît finalement que l'action secrète et l'émigration. Ses dirigeants sont en prison, ses congrès se réunissent discrètement à l'étranger. A la tête du parti, Palmiro Togliatti succède à Antonio Gramsci, arrêté en 1926. La clandestinité est désormais complète et la nouvelle direction du parti, "bolchevisée", s'installe alors à Paris avant de finir par émigrer à Moscou. (...)" - Bérénice Manac'h, Le livre de Nella, 2019, Skol Vreizh

Costante était lui affilié au PC- SFIC même s'il a sans doute fréquenté les groupes de langue du PCF et de la CGTU. 

De Mitry, il continue à correspondre par messages cryptées, lettres écrites à l'encre sympathique, avec ses camarades de Pordenone, et il accueille parfois des dirigeants du PCI, comme des dirigeants du PCF, comme Duclos et Marty. Les réunions ont lieu quasiment clandestinement, rideaux tirés et volets clos.     

 

Carte du Parti Communiste Suisse en 1921 - Costante Masutti, "Gessatore" (archives Bérénice Manach)

Carte du Parti Communiste Suisse en 1921 - Costante Masutti, "Gessatore" (archives Bérénice Manach)

Carte du Parti Communiste Suisse en 1921 - Costante Masutti (archives Bérénice Manach)

Carte du Parti Communiste Suisse en 1921 - Costante Masutti (archives Bérénice Manach)

Carte du Parti Communiste Suisse en 1921 - Costante Masutti (archives Bérénice Manach)

Carte du Parti Communiste Suisse en 1921 - Costante Masutti (archives Bérénice Manach)

Carte du Parti Communiste Français en 1923 - Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Communiste Français en 1923 - Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Communiste (SFIC) en 1924 - Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Communiste (SFIC) en 1924 - Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Communiste (SFIC) en 1924 - Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Carte du Parti Communiste (SFIC) en 1924 - Costante Masutti (archives Bérénice Manac'h)

Costante Masutti, 1923 ou 1924 - un port de la barbe pour échapper à la vigilance inquisitrice des autorités françaises?

Costante Masutti, 1923 ou 1924 - un port de la barbe pour échapper à la vigilance inquisitrice des autorités françaises?

Teresa et Constante Masutti en 1925

Teresa et Constante Masutti en 1925

Costante est l'homme au chapeau et aux lunettes de soleil en haut au centre- La famille Masutti avec des camarades communistes dans le parc de l'orphelinat de la Villette-aux-Aulnes, un quartier de Mitry-Mory: en 1923, l'association l'AVENIR SOCIAL y a acquis une propriété pour ouvrir un orphelinat ouvrier passé sous contrôle communiste. Le beau parc accueille des fêtes champêtres qui rassemblent de nombreux communistes.

Costante est l'homme au chapeau et aux lunettes de soleil en haut au centre- La famille Masutti avec des camarades communistes dans le parc de l'orphelinat de la Villette-aux-Aulnes, un quartier de Mitry-Mory: en 1923, l'association l'AVENIR SOCIAL y a acquis une propriété pour ouvrir un orphelinat ouvrier passé sous contrôle communiste. Le beau parc accueille des fêtes champêtres qui rassemblent de nombreux communistes.

 archives Bérénice Manac'h: deux familles d'amis immigrés italiens sont avec les Masutti. En région parisienne dans les années 20 avec les "Coquelicots Prolétariens du 20e". Le militant communiste et antifasciste italien Costante Masutti derrière au centre. Teresa sa femme devant lui, avec Gisèle et Othello juste devant elle. Au premier plan à droite : Angelo et Nella, les deux autres enfants de Constante et Teresa (Le Livre de Nella, Skol Vreizh, 2019, Bérénice Manac'h)

archives Bérénice Manac'h: deux familles d'amis immigrés italiens sont avec les Masutti. En région parisienne dans les années 20 avec les "Coquelicots Prolétariens du 20e". Le militant communiste et antifasciste italien Costante Masutti derrière au centre. Teresa sa femme devant lui, avec Gisèle et Othello juste devant elle. Au premier plan à droite : Angelo et Nella, les deux autres enfants de Constante et Teresa (Le Livre de Nella, Skol Vreizh, 2019, Bérénice Manac'h)

Le grand départ pour l'URSS et Moscou

En 1930, Costante est arrêté à la manifestation du Mur des Fédérés, ce grand cortège qui conduit chaque année des organisations de gauche au cimetière du Père-Lachaise, pour y commémorer les massacres de la Commune en 1871. Il est arrêté sous le nom de Ronci que repèrent les autorités italiennes. Elles croient ce Ronci expulsé de France suite à la manifestation. Mais c'est plutôt un nouveau zèle des autorités françaises pour expulser les immigrés et ressortissants étrangers dans un contexte de crise qui fait que Costante Masutti, sa femme Teresa, et leurs enfants Angelo, Nella, Gisèle et Othello vont partir secrètement pour l'URSS le 11 février 1932. On dit qu'ils firent don de leur maison au Parti communiste puis, s'arrêtant à Berlin, Costante porteur d'un faux passeport espagnol au nom de Tedro Garatti, il déposera l'argent qui lui reste au siège du Parti communiste allemand avant de recevoir des consignes pour la suite de son voyage. 

Des centaines d'italiens résident alors à Moscou. "Il y a l'appareil du Parti communiste en exil et ceux qui ont été désignés pour suivre les cours de l'école léniniste mais il y a surtout de simples militants qui ont fuit les persécutions de la dictature fasciste avec leurs familles, ou qui, comme Costante, ont dû quitter les pays où ils s'étaient réfugiés pour rejoindre ce qui représente pour chacun d'eux une patrie idéale. (...) Ils sont pour la plupart communistes, mais il y a aussi quelques socialistes, des anarchistes, des gens sans parti. Ils travaillent dans les usines de la capitale. Les maçons sont nombreux aussi et l'on a besoin d'eux sur les chantiers de la nouvelle Moscou. Il y a vraiment du travail pour tout le monde. 

A son arrivée, chacun remet aux autorités son passeport en échange d'un permis de séjour qui doit être régulièrement renouvelé. Dans quelques années, l'on exigera de chacun qu'il demande à bénéficier de la citoyenneté soviétique. Tous les arrivants ne sont pas reconnus comme émigrés politiques. C'est un privilège qui donne droit aux magasins spéciaux pour étrangers, au logement, au travail, aux cartes de ravitaillement.

Tandis que les dirigeants du Parti italien sont logés, plutôt confortablement, au grand hôtel Lux de la rue Tverskaya ou ailleurs, les réfugiés les plus humbles sont dirigés vers le Secours rouge international. Cette institution (le MOPR en russe), qui dépend de l'Internationale communiste, a été créée pour venir en aide aux révolutionnaires emprisonnés et persécutés dans le monde. Elle organise l'immigration vers l'Union soviétique des militants menacés ou méritants, accueille les Italiens et les autres, organise leur séjour. C'est elle qui gère le foyer de la Maison des Émigrés et le Club International des Émigrés." 

( Bérénice Manac'h, Le livre de Nella, 2019, Skol Vreizh)

Les dossiers de la police italienne sur Constante Masutti: des centaines de pages, de documents volés ou recopiés dans les correspondances privées, d'indications données par des informateurs et délateurs

Les dossiers de la police italienne sur Constante Masutti: des centaines de pages, de documents volés ou recopiés dans les correspondances privées, d'indications données par des informateurs et délateurs

Costante Masutti, l'étrange destin d'un ouvrier antifasciste et communiste italien réfugié en France et en URSS - Le Livre de Nella et archives Bérénice Manac'h

La crise du logement fait rage et la famille est d'abord séparée provisoirement, hébergée auprès de trois familles d'immigrés italiens. Costante se démène pour trouver du travail et un logement. Il ne veut pas être à la charge du MOPR et du pays qui l'accueille. Il est très difficile de trouver un logement pour six personnes, et sans logement, pas de droit au travail.

"Au bout de trois mois, la chance sourit enfin: l'architecte Boris Iofan - celui qui construira le pavillon soviétique à l'Exposition universelle de Paris en 1937 - est prêt à engager Costante dans son équipe et lui signale un logement que ce dernier qualifiera de "soue à cochon": c'est dans la Bolotnaïa (le "marécage"), sur l'île formée par les deux bras de la Moskova en plein centre de Moscou, face au Kremlin. Il s'agit d'une vaste construction ovale sans étages, un ancien marché du temps des tsars qui comprend quelques logements et des resserres entourant une grande cour en terre battue encombrée de tout un bric-à-brac. Le logement dont il est question occupe une surface de 23 ou 24 mètres carrés. Il a servi d'écurie, il est plein de fumier et envahi de punaises"...  

Un logement rudimentaire et étroit donc, pour une famille de six personnes, séparé des voisins par des cloisons de planches, avec quelques lits de camps, une armoire, une table. Costante ne cessera d'envoyer des suppliques aux autorités les plus diverses pour obtenir un logement plus confortable et moins malsain mais en vain.  A côté de ce bâtiment bas de la Bolotnaïa, le long de la Moskova, il y a des édifices bien plus précieux: le grand cinéma Oudarnisk, et la Maison du gouvernement dont la construction vient à peine d'être terminée par Iofan.  Un millier de privilégiés du régime y vivent avec leurs familles, hauts fonctionnaires du Parti, artistes, hauts gradés de l'armée. Dans quelques années, un grand nombre d'entre eux seront arrêtés, plus de trois cent seront fusillés. Les enfants de ces cadres dirigeants de l'URSS fréquentent la même école que les enfants de Costante Masutti.

Costante commence par travailler comme plâtrier stucateur à Moscou. Bientôt, ses compétences, son expérience et son exigence professionnelle l'amènent à devenir chef d'équipe et formateur dans le bâtiment. Il obtient le titre d'oudarnik, c'est à dire de travailleur de choc, puis celui de stakhanoviste. 

"Il décrochera même, écrit Bérénice Manac'h, le premier prix de la Conférence régionale de Moscou des stakhanovistes pour le travail en crépi, et son portrait sera porté en grande procession sur la place Rouge en novembre 1935 au milieu des autres héros du travail. Il finira par être chargé de dispenser des cours de formation dans toute la Russie d'Europe et enseignera les méthodes de travail."

Son fils aîné Angelo devient ami de Tina Modotti, de vingt ans plus âgée que lui, qui lui confie son appareil photo Leica et l'aide à intégrer l'Institut du Cinéma: 

"Angelo, qui a un peu plus de 16 ans, travaille d'abord pendant quelques mois au service de presse et de propagande du MOPR où il fait la connaissance de la grande artiste frioulane Tina Modotti. Celle-ci a définitivement abandonné la photographie pour se consacrer à son activité de révolutionnaire. Ils dînent ou déjeunent plusieurs fois ensemble au restaurant de l'hôtel Lux ou ailleurs, parfois en compagnie de son compagnon, le révolutionnaire Vittorio Vidali, le futur commandant Carlos Contreras de la guerre d'Espagne. Angelo traduit en français et dactylographie avec deux doigts des textes pour eux. Il est chargé des statistiques sur les brutalités policières envers les ouvriers dans les pays capitalistes. Il parlera de Tina comme d'une femme "un peu spéciale", fascinante, donnant envie de parler de choses sérieuses, que tout le monde aimait bien. Dans notre famille, on racontait qu'Angelo avait dû être un peu amoureux d'elle, qui était de 20 ans son aînée.... Tina est souvent absente de Moscou pour de mystérieuses missions à l'étranger. Un jour, comme Angelo lui rend visite dans la chambre qu'elle partage avec Vidali à l'hôtel Soyouznaïa de la rue Tverskaïa, elle lui fait admirer le magnifique appareil Leica qu'elle vient d'acheter à Berlin. Le garçon s'émerveille devant le premier 24 x 36 qu'il ait jamais vu, avec posemètre intégré. Tina lui tend l'appareil et lui demande de la photographier avec son compagnon. Quelques jours plus tard, elle lui confie le Leica pour une durée indéterminée. Angelo le gardera pendant plus de trois ans. C'est à lui que l'on doit les très rares clichés que l'on connaisse de Tina Modotti à l'époque de son séjour à Moscou, qui sont sans doute les dernières photos d'elle qui existent. Tina ne lui redemandera l'appareil qu'en 1936 lorsqu'elle quittera l'URSS pour s'engager dans les Brigades Internationales avec Vidali, devenant alors la "camarade Maria". Mais, comme le dira poétiquement Pablo Neruda dans ses mémoires, "elle avait jeté son appareil photographique dans la Moskova et s'était juré à elle-même de consacrer sa vie aux tâches les plus humbles du parti communiste". (Le livre de Nella, Bérénice Manac'h, Skol Vreizh, 2019, 22€, , p.47-48)

Journal moscovite dans les années 36-37 où Costante Masutti à l'honneur de voir son portrait d'ouvrier méritant en une parmi d'autres stakhanovistes (Costante est au troisième rang en partant du bas à gauche, avec la casquette)

Journal moscovite dans les années 36-37 où Costante Masutti à l'honneur de voir son portrait d'ouvrier méritant en une parmi d'autres stakhanovistes (Costante est au troisième rang en partant du bas à gauche, avec la casquette)

Costante Masutti à Moscou

Costante Masutti à Moscou

La famille Masutti à Moscou en 1937 avec Costante, Teresa, Angelo, Othello, Nella - Mars 1937, sur la Moscova gelée

La famille Masutti à Moscou en 1937 avec Costante, Teresa, Angelo, Othello, Nella - Mars 1937, sur la Moscova gelée

Costante vers 1936 au milieu de ses apprentis en URSS

Costante vers 1936 au milieu de ses apprentis en URSS

Quitter l'URSS

Nella, la fille de Costante et Teresa, tombe amoureux d'Emilio,bel ouvrier communiste italien qui ne tarde pas à être déporté à Pinega, à 1000 kilomètres de Moscou, où elle le rejoint pendant des mois contre l'avis de son père. Elle rejoint l'Italie quand Emilio est déporté une seconde fois vers la Kolyma où il sera exécuté. Elle quitte l'URSS en août 1936, deux jours après la condamnation à mort des 16 accusés du premier des grands "Procès de Moscou". 

La terreur commence à faire rage en URSS. Dès le mois d'août 1934, Costante avait demandé au Parti communiste d'Italie l'autorisation de quitter l'URSS pour reprendre la lutte contre le fascisme en Italie, à Pordemone. En vain. Puis il demande à pouvoir rentrer en France pour s'engager dans les Brigades Internationales. A sa grande déception, la direction du Parti italien l'invite à s'adresser directement à l'ambassade d'Italie fasciste à Moscou. Le Parti communiste ne veut pas lui fournir de faux papiers pour rentrer en France et la fréquentation de l'ambassade est dangereuse dans le contexte de l'installation de la terreur stalinienne. Constante ne veut pas non plus demander la citoyenneté soviétique qui l'immobiliserait lui et sa famille en URSS dans un contexte très incertain.

Apprenant son intention de quitter l'URSS, les dirigeants du PCI en exil excluent Costante du Parti communiste. En mai 1937, Costante et sa famille quittent l'URSS sans passeport, avec un simple certificat provisoire de nationalité italienne établi par l'ambassade et visé par les autorités soviétiques. 

A Paris, dans le 13e arrondissement, les Masutti sont pris en charge par le Secours rouge international. Les enfants ont du mal à se réacclimater à la France, qu'ils ont quitté 5 ans et demi plus tôt. Ils parlent et écrivent plutôt le russe que le français désormais. Au bout de quelques semaines, un représentant italien du Secours Rouge International déniche pour la famille Masutti un petit deux-pièces à l'Haÿ-les-Roses, dans la banlieue sud de Paris. Ils vivent misérablement dans un petit logement. Teresa s'engage comme couturière pour une patronne italienne. Costante souffre d'avoir été exclu du parti suite à ses mésententes avec les dirigeants du PCI en exil à Moscou. Il se rapproche alors d'Angelo Tasca qui dirige le PSI en exil. Redevenu socialiste, il est ciblé comme traître par ses ex-camarades italiens communistes en France. Toujours communiste de conviction, il entend publier un appel à ses camarades pour leur dévoiler la vraie nature du régime stalinien et de l'URSS: il y accuse Staline d'avoir trompé le peuple russe et la classe ouvrière internationale. Il y revèle dans un texte de 40 pages daté de décembre 1938 l'ampleur de la répression contre des militants sincères en URSS. Il écrit dans cet "Ardent appel à toutes les personnes de coeur éprises de justice":

"Nous taire, ce serait trahir toute la masse fanatisée des ouvriers qui, de bonne foi, croient encore aux laquais opportunistes et arrivistes de Staline. Ce serait trahir aussi tous ces malheureux ouvriers russes fusillés ou condamnés par centaines de milliers aux travaux forcés ou à la déportation. Ce serait trahir tous les militants allemands, polonais, hongrois, italiens et autres qui souffrent dans les cachots et les camps de concentration de Staline, situés dans les régions les plus sauvages et les plus désertiques de l'URSS. Nous ne pouvons plus nous taire, ce serait un crime..."    

Constante y dresse un premier inventaire de 60 noms des victimes italiennes des purges staliniennes.

Au début de juin 40, les Masutti, sauf Nella, avec Etienne Manac'h à Istanbul en Turquie, sont arrêtés et incarcérés à la prison de Fresnes. Teresa et ses enfants n'y restent que deux semaines, mais Costante est condamné à six mois. Angelo est appellé à la Légion étrangère, dans un bataillon disciplinaire du désert algérien. Après un bref passage à Dordogne au début de l'occupation, Costante revient revient à l'Haÿ-les-Roses et travaille pour toute la durée de la guerre comme vitrier sur le terrain d'aviation de Villacoublay, occupé par les Allemands. Dans l'antre du loup, peut-être, mais aussi une manière de ne pas se faire remarquer comme antifasciste, communiste ou ex-communiste, pouvant être extradé en Italie fasciste ou être victime de la répression politique en France, de Vichy ou des Allemands.  

Le procès pour le meurtre d'Arturo Salvato est révisé en avril 46 et après 25 ans d'exil Costante peut enfin revenir au pays et à Pordemone. A la première manifestation du Premier Mai organisée depuis la période fasciste, on le prie même d'être un des trois orateurs officiels.

Certificat de nationalité italienne qui permet à Costante Masutti de sortir miraculeusement d'URSS

Certificat de nationalité italienne qui permet à Costante Masutti de sortir miraculeusement d'URSS

Polenta frioulane en 1938

Polenta frioulane en 1938

L'après-guerre et le retour éphémère à Pordemone en tant que militant socialiste

Le procès pour le meurtre d'Arturo Salvato est révisé en avril 46 et après 25 ans d'exil Costante peut enfin revenir au pays et à Pordenone. A la première manifestation du Premier Mai organisée depuis la période fasciste, on le prie même d'être un des trois orateurs officiels. Avec des militants communistes locaux, il va organiser les campagnes de la gauche dans la région de Pordenone de 1947 à 1949, pour le Front populaire démocratique (la coalition formée par le Parti Communiste et le Parti Socialiste). C'est de cette période que date cette photo assez célèbre de lui en bicyclette. Costante est nommé candidat du Front populaire démocratique à la députation mais il ne tarde pas à se heurter avec un jeune intellectuel ambitieux du Parti socialiste, Bisol. De justesse, à quelques voix près, il n'est pas élu sénateur de Pordenone. Les relations avec les chrétiens-démocrates sont aussi très houleuses. Costante fait scandale en troublant une représentation d'activistes catholiques édifiant contre les dangers de la gauche. Les pères missionnaires portent plainte contre lui et il est condamné à un mois de prison, puis à quinze jours.

Costante se résigne alors à rentrer en France. C'est un retour définitif même s'il se rendra encore chaque année en Italie pour y exercer son droit de vote lorsqu'il y a des élections et pour participer aux congrès nationaux du PSI. Il est élu secrétaire permanent de la section parisienne du PSI en France avant de prendre la tête de toute la fédération socialiste italienne de France en 1957.

Il meurt à l'hôpital Cochin le 12 octobre 1960.    

Costante Masutti à Pordemone en 1948

Costante Masutti à Pordemone en 1948

Congrès mondial pour la Paix où Costante Masutti représente le PSI

Congrès mondial pour la Paix où Costante Masutti représente le PSI

Costante Masutti à une réunion du PSI en 1955

Costante Masutti à une réunion du PSI en 1955

Bérénice Manac’h LE LIVRE DE NELLA - Des vies d’exil  Ce livre n’est ni un manuel d’histoire ni un roman. II tient pourtant de l’un et de l’autre. II raconte la vie d’une famille ouvrière d’origine italienne écartelée entre plusieurs pays et plusieurs langues. C’est une histoire d’exils, de départs et de retours, qui se mêle plus ou moins étroitement à bien des drames que l’Europe a vécus au cours du 20e siècle. Les gens simples ont rarement été là pour dire ce qu’ils ont vécu. Ce récit retrace la vie de ces témoins et leur donne la parole, de l’Italie fasciste à l’immigration clandestine en région parisienne, de l’expatriation à Moscou sous la terreur stalinienne au retour en France, où ils seront finalement de ceux qui, avec tous les autres, composent aujourd’hui le peuple de ce pays. Mais ce livre est aussi et surtout l’histoire de Nella, la fille aînée. Plus encore que les siens, elle sera marquée par ces bouleversements. Sa vie, déchirée entre ses deux amours, sera placée tout entière sous le signe des tourments de la mémoire, de la trahison commise et subie, du remords et du combat pour la vérité.  Éd. Skol Vreizh (Morlaix) 304 pages, 22€ - plus de 120 photographies originales en noir et blanc ISBN 978-2-36758-096-8

Bérénice Manac’h LE LIVRE DE NELLA - Des vies d’exil Ce livre n’est ni un manuel d’histoire ni un roman. II tient pourtant de l’un et de l’autre. II raconte la vie d’une famille ouvrière d’origine italienne écartelée entre plusieurs pays et plusieurs langues. C’est une histoire d’exils, de départs et de retours, qui se mêle plus ou moins étroitement à bien des drames que l’Europe a vécus au cours du 20e siècle. Les gens simples ont rarement été là pour dire ce qu’ils ont vécu. Ce récit retrace la vie de ces témoins et leur donne la parole, de l’Italie fasciste à l’immigration clandestine en région parisienne, de l’expatriation à Moscou sous la terreur stalinienne au retour en France, où ils seront finalement de ceux qui, avec tous les autres, composent aujourd’hui le peuple de ce pays. Mais ce livre est aussi et surtout l’histoire de Nella, la fille aînée. Plus encore que les siens, elle sera marquée par ces bouleversements. Sa vie, déchirée entre ses deux amours, sera placée tout entière sous le signe des tourments de la mémoire, de la trahison commise et subie, du remords et du combat pour la vérité. Éd. Skol Vreizh (Morlaix) 304 pages, 22€ - plus de 120 photographies originales en noir et blanc ISBN 978-2-36758-096-8

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