Les communistes ont lancé hier un appel aux citoyens et aux formations de gauche pour construire « une union populaire ». Au menu : mobilisation pour le référendum sur ADP, les retraites, les services publics… et les municipales.
L’heure était au bilan mais aussi à l’action, ce week-end, place du Colonel-Fabien. Après ses 2,49 % aux élections européennes, la direction du PCF a consacré ses travaux à tirer le bilan de la campagne mais aussi à dessiner des perspectives pour les mois à venir. « Pour le président de la République et sa majorité, l’analyse du scrutin est faite. Ils peuvent accélérer leur programme, à droite toute. La déclaration de politique générale du premier ministre (la semaine dernière – NDLR) est à ce titre très éclairante », constate Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF. C’est avec l’objectif d’« organiser la riposte à Macron » que le conseil national du PCF a adopté hier un appel et une résolution (67 voix pour et 6 abstentions) invitant à construire « une union populaire qui porte un nouvel espoir pour la France ». Face à la confiscation du débat par LaREM et le RN à leur seul profit, lors des derniers scrutins, « jamais le pays n’a eu autant besoin d’une gauche de combat », juge le texte avant d’en venir au cœur du message. Le PCF s’y adresse aux citoyens mais aussi aux formations politiques de gauche, aux syndicats et aux associations pour se « rassembler » sur « des contenus qui portent une volonté d’alternative s’attaquant au pouvoir du capital ». « Sans exclusives ni volonté hégémonique de quiconque », précisent les communistes, face notamment à la tentation de la FI et d’EELV de se poser en meneur.
« Mener des combats pour faire reculer les puissances d’argent... »
Pas non plus question de se « contenter de discussions de sommet ». Le PCF espère résoudre les impasses de la période dans l’action et engage la gauche à « mener des combats communs qui permettent de faire reculer les puissances d’argent et d’arracher des victoires ». « Cette construction ne peut donc se résumer à des questions d’alliances, fussent-elles indispensables, celles-ci ne feraient pas le poids dans la situation présente », insiste Fabien Roussel. Et son conseil national de dresser une liste de sept « batailles » : sur les retraites et l’alternative à la réforme du gouvernement qui « prévoit d’allonger la durée du travail jusqu’à 64 ans » ; sur la défense du service public de santé avec l’objectif de récolter 1 million de signatures pour obtenir un moratoire sur les fermetures de lits et d’hôpitaux ; contre la vie chère avec une carte-pétition pour la hausse des salaires et des pensions ; sur l’industrie face à l’avalanche des plans sociaux post-européennes ; pour des mesures d’urgence pour l’écologie ; ou sur l’éducation contre la réforme Blanquer. La mobilisation pour l’obtention d’un référendum d’initiative partagée (RIP) sur la privatisation d’ADP (Aéroports de Paris) via le recueil de 4,7 millions de signatures figure aussi en bonne place et fera l’objet d’une initiative avec les parlementaires de gauche comme de droite dès mercredi prochain à Saint-Denis.
Mais alors que chacun est resté dans son couloir lors du dernier scrutin, le PCF affiche aussi l’ambition de « faire émerger un projet partagé » à gauche, apportant au pot commun ses « dix propositions pour la France » présentées en mars lors du grand débat national. Après sa contre-performance aux européennes parmi les ouvriers et employés auxquels elle voulait s’adresser, la formation tentera aussi de « renouer avec le monde du travail » dès cet été via un « tour de France des entreprises » avec Fabien Roussel.
La question électorale ne disparaît pas pour autant du tableau, surtout avec la perspective des élections municipales, lors desquelles le PCF entend préserver son réseau de « plus de 600 maires et de 7 000 élus ». Une résolution résumant sa démarche en la matière a elle aussi été adoptée hier (48 voix pour, 4 contre et 17 abstentions). Le mot d’ordre est là encore au rassemblement, ici en fonction des réalités locales mais avec l’ambition de « projets municipaux de transformation sociale, écologique et démocratique ». « Avec cette résolution, nous entrons en campagne », insiste Pierre Lacaze, en charge des élections dans l’exécutif du PCF, invitant les militants locaux à désigner leur chef de file ou leur tête de liste sans tarder. Des rencontres sont proposées dès ce mois de juin « à toutes les forces de gauche et écologistes » et à tous les niveaux. Des rendez-vous sont déjà pris, reste à en connaître l’issue.
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