A Saint-Denis, un meeting "historique" contre la privatisation d'ADP
AFP | jeudi 20 juin 2019
Des élus issus de tout "l'arc républicain" se sont retrouvés mercredi soir à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour une réunion publique destinée à lancer la collecte des signatures contre la privatisation d'Aéroport de Paris (ADP).
"Nous sommes dans une réunion peu banale, avec des parlementaires de toutes ces sensibilités, des parlementaires centristes, des parlementaires de droite, on est dans une configuration assez inhabituelle", a relevé le député PCF Stéphane Peu, organisateur de l'événement, en introduisant le meeting.
Objectif de la réunion: lancer la campagne pour rassembler les 4,7 millions de signatures nécessaires pour organiser un référendum contre la privatisation d'ADP.
Assis sur la scène de la Bourse du Travail, devant environ 250 personnes dont quelques syndicalistes agitant à l'occasion des drapeaux CGT : les députés LR Gilles Carrez et François Cornut-Gentille, les députés LFI Clémentine Autain et Eric Coquerel, le premier secrétaire du PS Olivier Faure, le secrétaire national du PCF François Roussel, notamment.
Dans la salle se trouvaient également les sénatrices Esther Benbassa (EELV) et Sophie Taillé-Polian (Générations), le patron des sénateurs PS Patrick Kanner ou encore le député Boris Vallaud.
Auprès de la presse, Eric Coquerel a salué un meeting "historique", disant n'avoir jamais participé à une réunion avec des élus issus d'horizons politiques si différents.
Ciment de cet œcuménisme inédit, "la défense de ce qu'on considère comme l'intérêt supérieur de la nation", a souligné M. Peu.
"Nous avons besoins d'être unis pour gagner la bataille contre la privatisation de l'Aéroport de Paris", lui a fait écho M. Carrez.
Avant qu'il prenne la parole, un extrait vidéo de la séance des questions au gouvernement a été diffusé sous les sifflets de la salle, où le ministre de l'Economie Bruno Le Maire raille ses anciens collègues de droite.
"Mesdames et Messieurs Les Républicains, cela a dû vous faire bizarre de vous retrouver sur la même estrade que les communistes et les socialistes, pour vous opposer à la privatisation d'ADP", avait-il de façon prémonitoire lancé le 10 avril aux élus.
"Bruno Le Maire, c'est l'hôpital qui se moque de la charité", a répliqué M. Carrez.
Interrogé sur BFM, Marine Le Pen a dénoncé le "sectarisme" des organisateurs, le Rassemblement national n'ayant pas été invité.
Initié par des parlementaires PS, le référendum d'initiative partagée (RIP) a été enclenché il y a deux mois avec des députés et sénateurs allant de LFI à LR.
Référendum contre la privatisation d'ADP : la collecte des signatures est lancée
Un arc politique inhabituel s’est créé autour de la défense du service public aéroportuaire. Les parlementaires qui tenaient une réunion publique à Saint-Denis, mercredi soir, ont officiellement lancé la campagne de mobilisation populaire.
C’est « une question d’intérêt général ». D’intérêt stratégique national, même, ont fait valoir plusieurs des élus de tous bords réunis mercredi soir à la bourse du travail de Saint-Denis pour un meeting unitaire contre la privatisation d’Aéroports de Paris. « Nous sommes dans une réunion peu banale ! » lance le député PCF Stéphane Peu, organisateur de l’événement, en ouverture du meeting. Parlementaires communistes, écologistes, insoumis, socialistes (PS et Génération.s), mais aussi centristes ou LR… le moment est « historique », insiste son voisin, le député de la France insoumise Éric Coquerel. Tous unis dans « le souci du service public et de la démocratie », comme le souligne le député (LR) de Haute-Marne, François Cornut-Gentille. Un front commun inhabituel qui a d’ailleurs fait se déplacer la presse en masse et espère installer un rapport de forces populaire pour faire capoter le projet du gouvernement. Une bataille de longue haleine, puisqu’il s’agit de recueillir 4,7 millions de signatures en 9 mois pour voir aboutir le processus de référendum d’initiative partagée (RIP) qu’ils ont ensemble lancé.
C’est « la même union qui a présidé à la création d’ADP »
« Tous les moyens sont bons pour gagner ! » lance le député du Nord et secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, répondant à distance aux critiques du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, à propos de la diversité politique du comité national qui anime cette campagne. « Ce n’est pas inédit », rappelle-t-il : c’est « la même union qui a présidé à la création d’ADP, le 24 octobre 1945 », avec comme maître d’œuvre pour le gouvernement provisoire mis sur pied par le général de Gaulle, le ministre communiste de l’Air, Charles Tillon. Le LR Gilles Carrez, ancien président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, n’a pas non plus oublié son histoire et assure d’ailleurs l’assistance que « les Républicains sont déterminés à se battre à travers (leurs) réseaux, (leurs mairies) ». Selon son collègue François Cornut-Gentille, le matin même, une réunion des députés LR avait évoqué la création d’un comité de parlementaires, puisque « quasiment tous les sénateurs », les 45 députés signataires de la proposition de loi (« mais on peut compter sur 80 », dit-il) sont mobilisables. « Chacun fera sa propre campagne », admet Stéphane Peu, mais il y aura « d’autres rendez-vous » comme celui-ci, notamment à Toulouse.
« Demandez à vos maires d’organiser la collecte » des signatures, exhorte le sénateur socialiste du Val-d’Oise, Rachid Temal, appuyé par le maire PCF de Saint-Denis, Laurent Russier, qui espère l’étendre à d’autres villes que les 2 000 – les plus grosses de chaque canton – pour l’instant ciblées par le gouvernement. Car, si le référendum donne « un cadre constitutionnel » – même si le président du Sénat, Gérard Larcher, accuse les animateurs de la campagne pour le référendum de « détournement de démocratie représentative » (sic) – c’est « la volonté du peuple » que cette bataille doit illustrer, estime Éric Coquerel. D’ailleurs, « si cette campagne nous échappe et passe dans les mains des citoyens, on sera très heureux », laisse entendre le député PS des Landes, Boris Vallaud.
Le directeur de recherche au CNRS, Patrick Weil, insiste sur ce point. En créant l’Association pour le référendum ADP (referendum-adp.fr), l’universitaire veut pallier les carences du gouvernement en matière de communication : « Christophe Castaner lui-même a reconnu que le site du gouvernement était “austère’’ », dévoile le sénateur PS Patrick Kanner, qui faisait partie de la délégation qui a rencontré le ministre de l’Interieur, la semaine précédente. Le site associatif recense 15 questions pour faciliter la signature et surtout la mobilisation des citoyens. « Nous voulons transformer les signataires en militants du référendum », assure Patrick Weil. Autocollants et badges « Volontaires du référendum » seront bientôt disponibles pour aller à la rencontre des Français « sur la plage, dans les bistrots, en boîte de nuit si vous voulez », plaisante Clémentine Autain en clôture du meeting. C’est un été de mobilisation qui se profile.
Cheville ouvrière du RIP
Stéphane Peu ne s’est pas économisé pour organiser, hier soir, à la bourse du travail de Saint-Denis, le premier événement unitaire visant à obtenir un référendum sur la privatisation d’Aéroports de Paris. « Les chevilles ouvrières du RIP, “Républicains”, les socialistes, les communistes, les insoumis, les syndicalistes vont faire chacun une campagne avec leurs propres arguments et leurs propres réseaux. Mais c’est bien de montrer que, sur cette question, il y a un intérêt national qui dépasse les clivages politiques », a déclaré le député communiste avant la tenue du meeting. À ses côtés, hier soir, figuraient le député LR Gilles Carrez et Boris Vallaud, député PS des Landes, des syndicalistes, des représentants de la France insoumise, ainsi que des personnalités comme l’historien Patrick Weil. L’idée n’est pas d’en faire un référendum anti-Macron, insiste Stéphane Peu, mais de montrer combien la question d’ADP, qui gère 80 % du flux de passager aérien en France, revêt un caractère national. « Je pense que c’est à cette condition que l’on obtiendra les 4,7 millions de signatures nécessaires au référendum ». Il reste neuf mois pour « populariser cette campagne, faire fonctionner les réseaux ». Au boulot !
commenter cet article …